La Baule+

la baule + L’essentiel de la presqu’île guérandaise ! Mensuel gratuit d’ informations - N° 222 - Décembre 2022 NE JETEZ PAS CE JOURNAL SUR LA VOIE PUBLIQUE : RAPPORTEZ LA BAULE+ CHEZ VOUS ! L’Oli Fleurs : le prix Stars & Métiers pour Romain Chancelier Page 10 VOTRE MAISON Créa’Home signe l’élégance intemporelle de votre rénovation Page 4 OENOLOGIE L’ambassadeur de Suisse fait le tour de France en vélo électrique Pages 6 et 7 BONNES ADRESSES Vino Vini Guérande : le spécialiste des vins bio et des accords mets et vins Page 20 Antonio Azibeiro : un boucher soucieux du bien-être animal Page 19 Jean-Paul Bertrand-Demanes Nouveau Monde : Pourquoi basculons-nous dans l’ère du digitocène ? Pages 24 et 25 ARTISANAT Gérard Jugnot L’acteur, scénariste et producteur présente son nouveau film « Le Petit Piaf » Pages 36 et 37 Roberto Balzaretti Maurice Allègre Témoignage exclusif : à 89 ans, le père du Plan calcul révèle pour la première fois la trahison de Giscard à l’égard de l’industrie française Pages 12 à 14 CHOCOLAT Rencontre avec le Maître Chocolatier de la Chocolaterie Monbana Page 39 Pages 16 à 18 L’ancien capitaine de l’équipe de football de Nantes raconte son combat contre le cancer Adrien Chignard Pages 26 à 28 Le psychologue et écrivain analyse ce fléau des temps modernes qu’est le burn-out Johann Oriel

la baule+ 2 // Décembre 2022 Pour bénéficier de la remise, les lecteurs de La Baule+ ont la possibilité de présenter le journal sans avoir besoin de découper cette promotion. Route du Rhum : La Baule fière de Sébastien Rogues Lors de la dernière édition de la Route du Rhum, le navigateur baulois Sébastien Rogues a remporté la troisième place du podium de sa catégorie (multicoques de 50 pieds). Ce brillant résultat confirme le statut de skipper de premier plan de Sébastien Rogues, acquis il y a pratiquement un an, lorsqu’il a gagné la Transat Jacques Vabre à Fort-de-France. Au cours de la séance du Conseil municipal du 28 novembre dernier, Franck Louvrier a voulu saluer sa performance : «Les trois premiers se tiennent en à peine 6 heures, ce qui est un véritable exploit après plus de 6500 kilomètres de course en solitaire. Surtout, la traversée de l’océan Atlantique au mois de novembre n’est pas une chose facile. Pour preuve de ces conditions de navigation particulièrement éprouvantes et sélectives, il y a eu près de 30 abandons sur les 132 marins au départ, plateau très relevé. Sébastien a d’ailleurs pu nous le confirmer lors de la liaison en direct que nous avons eue avec lui grâce à un écran géant au marché central. Il nous avait alors fait part des conditions de course extrêmement difficiles, avec des rafales allant jusqu’à 40 nœuds ». « 100 Parcours Guérandais » : un livre pour découvrir les personnages qui ont fait la ville François Guillemot de Villebois qui a été l’aide de camp du tsar Pierre de Russie et qui a construit en partie Saint-Pétersbourg. Josick Lancien et Gérard Mallet viennent de publier « 100 Parcours Guérandais », un ouvrage qui présente 100 personnalités qui ont marqué Guérande à toutes les époques. Ce panel subjectif permet de conserver la trace d’individualités y ayant laissé leur empreinte. Josick Lancien, président des Amis de Guérande, véritable encyclopédie vivante de la commune, et Gérard Mallet, qui avait déjà écrit sur les lieux emblématiques de la cité médiévale, ont travaillé sur ce livre pendant plus de 18 mois : « Nous avons essayé de balayer toutes les professions et toutes les responsabilités des gens. Notre plus grande difficulté a été de trouver des femmes car, sur 100 parcours, nous avons seulement une vingtaine de femmes qui ont marqué Guérande. Dans les professions, nous citons les maires, évidemment, toutes les grandes familles qui ont façonné la ville, celles qui ont construit les remparts, les historiens, mais aussi beaucoup de militants qui ont défendu Guérande. Bien sûr, nous n’avons pas oublié les entrepreneurs. Il y a également des personnages qui étaient complètement inconnus, comme François Guillemot de Villebois qui a été l’aide de camp du tsar Pierre de Russie et qui a construit en partie Saint-Pétersbourg. Nous avons aussi des personnalités locales des villages de Guérande ». Josick Lancien était bien placé pour rédiger cet ouvrage : « J’ai eu beaucoup de facilités parce que j’ai travaillé 20 ans à la mairie de Guérande et je suis aussi président de la Société des amis de Guérande. J’ai ainsi pu découvrir la ville sous tous ses aspects ». La plus connue reste Anne de Bretagne Pour les critères, « il fallait que la personne se soit engagée dans la ville, notamment dans une œuvre ou une association, c’est dans ce domaine que l’on retrouve beaucoup de femmes. La plus connue reste Anne de Bretagne, qui a laissé son blason sur la Porte Saint-Michel. La plus jeune femme citée dans le livre est Aurélia Lachaud, qui a 45 ans. Elle est botaniste et elle est très engagée dans les causes écologiques. La personnalité la plus âgée est Yvonne Quirouard-Frileuse, qui a plus de 100 ans. Elle habite dans l’intra-muros et elle a un regard assez acerbe sur la vieille ville ». « 100 Parcours Guérandais », de Josick Lancien et Gérard Mallet, est publié aux Éditions du Traict. L’ouvrage est distribué dans toutes les librairies de Guérande, notamment à l’Espace Culturel Leclerc.

la baule+ Décembre 2022 // 3 La commune de Guérande vient d’installer un nouveau panneau Breizh 5/5, avenue Anne-de-Bretagne, afin de revendiquer son appartenance à la région Bretagne. 385 panneaux ont déjà été posés dans 88 communes, dans les cinq départements de la Bretagne historique. Nicolas Criaud, maire de Guérande, rappelle que « Gwenrann est une terre bretonne depuis des siècles qui a joué un rôle historique majeur, que ce soit dans le commerce du sel ou sur le plan politique. Nous n’oublierons jamais que notre commune était autrefois la résidence d’Anne de Bretagne, preuve de l’attachement particulier de notre duchesse à ce territoire ». Dans ce contexte, « la Bretagne pour nous, c’est une affirmation et une continuité. « Aimer son pays et le faire aimer » comme le souhaitait - hier - le barde breton Auguste Brizeux est bien le fil conducteur de notre engagement ». Ce panneau a été offert par l’association VigiBretagne, présidée par l’avocate Caroline Glon, qui milite pour la réunification de la Bretagne : « L’objectif de l’association VigiBretagne est de valoriser les entreprises qui communiquent avec notre Bretagne complète et de questionner celles qui la tronquent en ne représentant que sa version administrative. On décerne des bons et des mauvais points, l’objectif est de bien faire comprendre aux gens que nous sommes cinq départements, et pas simplement quatre ». Elle ajoute que la pose de ce panneau était une volonté du maire de Guérande : « Batzsur-Mer a fait cela aussi l’année dernière. Ce sont des villes qui ont une histoire avec la Bretagne et je considère que toutes les villes de Loire-Atlantique devraient pouvoir le faire, y compris au Pays-de-Retz. » Caroline Glon est bauloise et la pose d’un tel panneau à l’entrée de La Baule serait son « rêve » : « Mais ce n’est pas moi qui décide, on a déjà un drapeau, il faudrait aller jusqu’au bout ! » Un panneau Breizh 5/5 à l’entrée de Guérande. Bertrand Nicolas, président de Breizh 5/5, Caroline Glon, présidente de VigiBretagne et Nicolas Criaud, maire de Guérande La situation des petites entreprises est très difficile, entre les conséquences du confinement (remboursement des PGE et maintenant prélèvement des charges de cette période), de la reprise en Asie et de l’inflation, puis maintenant de la hausse des prix de l’énergie en raison de la guerre en Ukraine. Alors que tous les feux étaient aux verts pour une ouverture du cinéma de Pornichet en début d’année prochaine, la Ville a été informée coup sur coup du dépôt de bilan de deux entreprises intervenant sur ce chantier : « Deux défaillances qui ne permettent pas pour le moment de mettre le bâtiment hors d’eau hors d’air, retardant, de fait, les opérations de second œuvre (électricité, plaquage, peinture, sols…) » indique la commune. Anthony Guglielmi, adjoint en charge de l’animation et de la vie locale, indique que «c’est un coup dur, même si nous avons trouvé une solution avec un autre prestataire du chantier. Les Pornichétins attendent depuis plus de 30 ans l’ouverture d’un cinéma à Pornichet, il faudra encore patienter quelques semaines supplémentaires pour assister aux premières séances ». Pornichet : l’ouverture du cinéma retardée Anthony Guglielmi, adjoint à l’animation de la vie locale, accompagné de Christian Cheval, président de l’association la Toile de mer Déjà labellisée « Terre de Jeux » et « Ville Sportive », la commune du Pouliguen est désormais identifiée comme étant « Centre de préparation aux Jeux de Paris 2024 ». La municipalité avait présenté la salle de l’Atlantique et le terrain 3x3 du bois dans plusieurs catégories (handball, basketball, basketball fauteuil et badminton) et c’est le basket 3x3 qui a retenu l’attention du comité d’organisation de Paris 2024. L’équipement va donc être recensé sur le site officiel prepare.paris2024. org/fr, avec une douzaine d’autres centres dans cette discipline, et pourra ainsi être sélectionné par l’une des équipes participantes aux Jeux. Jeux de Paris 2024 : le terrain de basket 3x3 du Pouliguen officiellement centre de préparation

la baule+ 4 // Décembre 2022 Fondée en 2011 sur Paris, Créa’Home est une agence d’architecture d’intérieur créative et moderne qui a su construire sa réputation à travers ses projets et son sens du service. En complément de leur première agence, Anne Mauduit et David Guillamet ont souhaité se développer en province et, après avoir étudié plusieurs sites d’implantation, leur choix s’est porté sur La Baule: « Nous avions déjà un lien culturel et social fort avec la ville et sa région. Après la réalisation de quelques projets sur la presqu’île, le choix de La Baule nous semblait évident pour y installer notre deuxième agence ainsi qu’un bel espace showroom témoin de notre savoir-faire. Nous avons immédiatement constitué une équipe d’architectes et de décorateurs ayant une connaissance parfaite de l’urbanisme et de la clientèle locale. » Anne résume les fondamentaux de Créa’Home : « Notre métier est d’imaginer le concept dans lequel nos clients vont vivre, habiter, travailler, évoluer et faire grandir leur famille… Notre rôle est de créer un environnement qui soit à la fois esthétique, fonctionnel, et adapté à leurs besoins ». On comprend donc que cela nécessite plusieurs casVotre maison ► Un spécialiste reconnu du design s’installe à La Baule Créa’Home signe l’élégance intemporelle de votre rénovation quettes : « Nous sommes des architectes, l’approche technique et règlementaire est donc essentielle dans le cadre d’une rénovation ou d’une construction, mais nous sommes également des décorateurs et des créateurs. Donc, nous sommes à la fois designers, architectes d’intérieur et décorateurs d’intérieur ». Une solide valeur ajoutée dans la lecture architecturale et immobilière Les clients s’adressent à Créa’Home pour bénéficier d’une solide valeur ajoutée dans la lecture architecturale et immobilière de leur bien. Avec leur équipe, Anne et David ont plaisir à accompagner leurs clients les plus exigeants et leur apporter une valeur ajoutée certaine : « Nous valorisons le bien immobilier. Nous apportons notre expertise aussi bien sur l’intérieur que l’extérieur afin que l’ensemble soit cohérent, fonctionnel, agréable à vivre et, bien sûr, élégant aux yeux de nos clients. Il va ainsi répondre, en cas de revente, à des besoins très pragmatiques, comme une bonne logique de circulation ou une bonne organisation des espaces et des rangements. L’esthétique est quelque chose de très personnel et nous avons aussi le devoir, en tant qu’architectes, de ne pas orienter nos clients vers des incohérences. Nos designs sont réfléchis. Ils sont le fruit de notre expérience, d’études techniques et d’une cohérence certaine avec les grandes règles de l’architecture d’intérieur. Une réflexion riche et globale afin de satisfaire nos clients et valoriser leur bien. On ne peut pas faire tout et n’importe quoi. Les clients souhaitent être rassurés dans l’approche et la gestion de leur projet par un professionnel. Nous n’apportons pas simplement un design ou des artisans de qualité pour réaliser le chantier. Nous devons avoir une vision beaucoup plus grande et prendre de la hauteur, cela quelle que soit la taille du projet, de la réalisation d’une cuisine sur mesure à la rénovation complète d’une villa et ses dépendances ». À La Baule il y a beaucoup de demeures qu’il faut traiter dans un esprit traditionnel Il est important aussi de ne pas suivre uniquement les modes : « Les clients investissent des budgets importants dans leur projet, ce n’est pas pour que cela soit démodé au bout de deux ans. Effectivement, il y a des tendances, mais ce n’est pas quelque chose que nous suivons aveuglément. Nous avons notre style, intemporel, ce sont des créations qui ne se fanent pas. Nous aimons par exemple nous inspirer du style flamand, très chaleureux et élégant, pour créer des intérieurs dans lesquels on aime évoluer et vivre. Nous aimons beaucoup les designers italiens également. Nous travaillons beaucoup avec eux sur certaines typologies de produits que nous mettons en avant dans notre showroom. Nous apprécions aussi la note anglaise, américaine, le style cottage façon Hamptons, tout en apportant à tout cela notre vision de la modernité et le respect qu’impose l’architecture du bien à rénover. À La Baule il y a beaucoup de demeures qu’il faut traiter dans un esprit traditionnel, mais également des appartements modernes ou des constructions neuves : autant de projets différents, de challenges à relever pour toute l’équipe ! ». Un savoirfaire d’artisan traditionnel Le métier de designer et d’architecte d’intérieur nécessite aussi un savoir-faire d’artisan traditionnel : «Nous créons des cuisines, des salles de bains, des dressings, du mobilier sur mesure... Il est possible de créer ce que l’on veut en fonction des besoins du client. Le champ des possibilités est très large ! Quand nous travaillons en sur-mesure, nous ne sommes pas limités à une gamme imposée par un fournisseur, à un design appartenant à une collection ou à des finitions sur un nuancier. Dans le sur-mesure, nous n’assemblons pas des briques de LEGO prédéfinies pour créer un concept, nous créons nos briques qui peuvent être uniques pour chaque projet. » L’installation de Créa’Home à La Baule est un succès : «Actuellement nous travaillons autant sur la rénovation totale de grandes villas face mer que sur des appartements à moderniser, mais aussi sur des commerces et boutiques ou la création de mobilier sur-mesure. Autant de projets qui font la richesse de notre métier. » D’ailleurs, le show-room de Créa’Home à La Baule a entièrement été conçu comme un appartement, ce qui donne un aperçu du talent des équipes d’Anne Mauduit et de David Guillamet. Créa’Home, 297, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny à La Baule. Tél. 02 40 45 54 71. *selon le stock disponible 1 AVENUE DU MARCHÉ - 44 500 LA BAULE SUR DES CENTAINES D’ARTICLES* AVANT EMBELLISSEMENT JUSQU’AU 31 DÉCEMBRE 2022

la baule+ Décembre 2022 // 5 Le débat d’orientation budgétaire, qui s’est déroulé lors du Conseil municipal du 28 novembre dernier, a permis d’en savoir plus sur la stratégie de la ville dans ce domaine. Tout d’abord, Franck Louvrier a rappelé : « La guerre en Ukraine a une incidence considérable sur les marchés des matières premières, dont les énergies. Elle a pour conséquence logique en 2022 une croissance des dépenses de fonctionnement soutenue par des charges à caractère général, en hausse de 11,6 %. En parallèle, plusieurs décisions gouvernementales, dont la revalorisation du point d’indice, nous imposent une hausse des dépenses de personnel, de l’ordre de 4,1 % ». Le gouvernement avait annoncé un «filet de sécurité » pour les communes, toutefois le maire de La Baule a découvert que la ville n’était pas éligible car «notre taux d’épargne brute 2021 est de 28,97 %, alors que la condition requise est qu’il soit inférieur à 22 %. Comme quoi une gestion vertueuse n’est pas toujours récompensée… » Par ailleurs, a-t-il poursuivi, « nous avons subi une inflation élevée en 2022, de 6 %, avec des tensions sur l’épargne brute en recul de fait de 4,4 %. De même, la croissance aura été nettement réduite en 2022, avec en prévision un PIB en recul en 2023. Les prévisions de la Banque de France sont les suivantes : une croissance de + 2,7% en 2022 et 1 % en 2023 avec une inflation entre 4,2 et 6,9 %. À l’inverse, la revalorisation forfaitaire des valeurs locatives cadastrales estimée à 1,80 % va bénéficier à nos recettes de fonctionnement ». Franck Louvrier reconnaît que la situation est complexe : « Il va nous falloir être toujours plus économes pour veiller aux équilibres financiers, avec une stabilité des taux d’imposition, tout en optimisant le fonctionnement des services municipaux, sans dégradation du service rendu ». Cependant, il confirme que l’engagement de ne pas aggraver la fiscalité sera tenu : « Nous sommes capables de gérer au mieux notre budget sans avoir à augmenter les impôts, pour qui que ce soit ». Franck Louvrier refuse d’augmenter la fiscalité, tout en reconnaissant que la situation est complexe Elle vit et chante près de vous !

la baule+ 6 // Décembre 2022 Insolite ► L’ambassadeur de Suisse fait le tour de France en vélo électrique Roberto Balzaretti : « Il faut particulièrement prendre soin de sa relation avec son voisin. » Depuis mars 2022 et jusqu’à décembre 2023, l’ambassadeur de Suisse en France, Roberto Balzaretti, sillonne à vélo, par étapes, les routes de l’Hexagone. Douze étapes de plusieurs jours, et des escapades de quelques heures, ont été imaginées avec un objectif : partir à la rencontre des régions françaises et des communautés qui façonnent au quotidien la relation bilatérale franco-suisse. L’ambassadeur est venu dans notre région fin octobre, sur la presqu’île et à Saint-Nazaire, où il a été rejoint par une délégation d’entreprises suisses actives dans l’ingénierie navale, à la découverte du port de Nantes-Saint-Nazaire et des Chantiers de l’Atlantique. Il s’est aussi arrêté à Guérande pour visiter l’entreprise XSun, située près de la caserne des pompiers de La Baule-Guérande, partenaire de l’entreprise suisse Maxon, spécialisée dans les drones à énergie solaire. Roberto Balzaretti, ambassadeur de Suisse en France et à Monaco, répond à nos questions. La Baule + : Vous avez décidé de sillonner la France à vélo : comment vous est venue cette idée ? Robert Balzaretti : C’est une idée que nous avons eue l’année dernière à l’ambassade. Nous voulions sortir de Paris, qui est une très belle ville où nous sommes en contact avec les autorités politiques françaises, mais nous voulions mieux connaître la France et faciliter les occasions de coopération entre la France et la Suisse dans le domaine de l’industrie, de la science, de la recherche et de la culture. Nous voulions aussi rencontrer des citoyens suisses qui vivent en France, parfois depuis très longtemps. Ce n’est pas très original, chaque ambassadeur doit faire cela, mais nous avons voulu le faire à vélo. Donc, j’ai pris un vélo à assistance électrique, pour faire cela assez rapidement, mais aussi suffisamment lentement afin de mieux sentir le territoire. Il n’y a pas mieux qu’un vélo pour découvrir les régions que l’on traverse. Et c’est une technologie suisse… C’est un vélo de course. Il a un moteur très innovant qui est fabriqué par Maxon, une entreprise suisse qui a une grande succursale dans la banlieue de Lyon. Ce sont des gens qui font des micromoteurs pour la chirurgie, pour les pompes à insuline et les stimulateurs cardiaques, mais aussi pour la robotique de précision. Ils ont fait les moteurs qui bougent les différents engins sur la planète Mars en ce moment. C’est donc une entreprise de pointe. C’est le fruit d’une belle coopération industrielle et scientifique entre la Suisse et la France. Contrairement à un pays lointain où l’on doit se renseigner auprès de l’ambassade pour faire ses études ou installer son entreprise, la Suisse est si proche que la coopération se fait souvent en direct. Quel est le rôle d’une ambassade pour un pays comme la Suisse ? J’admets volontiers que la plupart des relations se passent sans intervention de l’ambassade et sans même que l’ambassade le sache. Dans notre conception du rôle de l’État, c’est très bien ainsi : on pose le cadre nécessaire, on scelle des accords avec les pays, notamment avec l’Union européenne qui est un partenaire très important et puis, après, on laisse aller. Il y a plus de 200 000 Suisses qui habitent en France, il y a 185 000 Français qui résident en Suisse et il y a 200 000 frontaliers français qui viennent travailler tous les jours en Suisse. Tout cela mérite quand même un cadre attentif et l’ambassade reste le pendant d’un gouvernement dans l’État d’accueil. Nous avons des relations quotidiennes avec les administrations françaises à tous les niveaux. Nous avons des relations avec les régions et ce tissu administratif sert à accompagner des choses qui se font parfois toutes seules, mais parfois pas. Pensez à la relation que vous avez avec votre voisin : elle est normalement très amicale et très facile, mais c’est aussi là qu’il peut y avoir le plus de frictions potentielles. Il faut particulièrement prendre soin de sa relation avec son voisin, beaucoup plus que si c’était quelqu’un situé à plusieurs centaines de kilomètres de chez vous. L’économie, la science, la culture, la recherche, tout ce qui fait une relation importante entre deux pays amis, mérite que l’on soit présent sur le territoire et que l’on accompagne tout cela correctement. Un vote populaire d’adhésion à l’Union européenne aurait très peu de chances de réussir Il existe encore de nombreux freins économiques en raison de la non-appartenance de la Suisse à l’Union européenne : où en est-on ? Nous avons, par un vote populaire, décidé de ne pas accéder à un cadre multilatéral étendu. C’était en 1992 et l’espace économique européen préfigurait l’adhésion à l’Union européenne. Le peuple suisse a refusé cet accord. Depuis, nous avons conclu une vingtaine d’accords bilatéraux très importants avec l’Union européenne, qui permettent de couvrir l’essentiel d’une relation entre voisins.Mais, comme vous ledites à juste titre, la Suisse n’est pas membre de l’Union européenne. Donc, certaines disciplines, droits ou obligations, ne nous concernent pas. Aujourd’hui, je pense qu’un vote populaire d’adhésion à l’Union européenne aurait très peu de chances de réussir. J’estime qu’au-delà du cadre bilatéral, les relations entre la Suisse et les États membres de l’Union européenne sont d’une intensité incomparable. Nous exportons 55 % de ce que nous produisons, nous sommes le sixième partenaire de l’Union européenne, nous échangeons 1 milliard par jour en marchandises et 1 milliard par jour en services, donc certaines choses sont sans doute plus compliquées. C’est un choix souverain, mais il faut faire avec et trouver d’autres pistes. Nous devons promouvoir plus intensément les relations bilatérales puisque, pour l’instant, il n’y a aucune chance de convaincre le peuple souverain suisse que l’adhésion serait la meilleure option. Le marché n’est pas très compliqué à pénétrer Quelles sont les principales réflexions que vous entendez le plus souvent dans votre parcours ? Les PME françaises pensent-elles à la Suisse dans leur stratégie d’exportation ? Il faut faire une distinction entre les zones les plus proches de la frontière et les autres. En Auvergne, Rhône-Alpes, Bourgogne, Franche-Comté, ou en région Alsace, nous sommes dans un bassin de vie commun. On se connaît bien, on connaît les opportunités, mais aussi les difficultés administratives. Mais, c’est vrai, dès que l’on s’éloigne un peu de la frontière, les gens sont surpris d’apprendre que le -> Fromages de notre ferme située à Guérande au lait cru de nos vaches, nourries à l'herbe -> Magasin de produits fermiers en circuit-court + de 1000 produits, en majorité locale et à prix raisonnables Lieu-di t Cannevé - GUERANDE Sor t ie La Baule cent re de la 4 voies 02 40 53 04 30 / 06 24 85 67 27 www. fermelai tpresver ts. fr MAGASIN OUVERT TOUTE L'ANNEE : > lundi : 15h30-18h30 > mardi au vendredi : 10h-13h et 15h-19h > samedi : 10h-13h et 15h-18h Venez à la Ferme Lait Prés Verts à 3km des centres-villes de Guérande et La Baule

la baule+ Décembre 2022 // 7 marché n’est pas très compliqué à pénétrer et que c’est un pays avec une économie florissante. Il y a beaucoup d’entreprises françaises qui créent des succursales en Suisse, c’est un cercle vertueux et la jeune génération fait cela assez facilement. D’ailleurs, le but de mon voyage à travers la France est d’expliquer cela. J’ai par exemple été accompagné par une délégation d’entreprises suisses dans les technologies avancées pour l’aéronautique ou le secteur naval. Nous avons visité les chantiers de Saint-Nazaire et le port de Saint-Nazaire, les contacts sont excellents et cela peut profiter à tout le monde. La région des Pays de la Loire a une économie de PME qui est assez semblable à la nôtre et il y a certainement des synergies. Pour cela, il faut se donner le temps et aller à la rencontre des gens. Tant que le cliché porte sur des produits de qualité, c’est une bonne chose Vous avez de nombreuses start-up en Suisse, mais le vieux cliché du pays des montres et du chocolat subsiste : quelles sont les idées reçues que vous avez envie de combattre ? Peut-être qu’il y a ce cliché dans le grand public, mais pourquoi pas : tant que le cliché porte sur des produits de qualité, c’est une bonne chose. Venez en vacances dans les Alpes suisses, c’est vraiment magnifique. Nous essayons même d’être meilleurs dans la concrétisation de ces clichés autour des montres et du chocolat… Mais il y a tout à fait autre chose, avec des écoles supérieures de niveau mondial. Il y a 12 000 étudiants dans les écoles suisses en ce moment, nous sommes un pays très avancé dans tout ce qui est biotech ou medtech notamment, avec un foisonnement de start-up très avancées à l’échelle mondiale. Ces entreprises ont un besoin absolu d’avoir accès à des marchés plus larges, puisque le marché suisse est petit. D’où la nécessité d’avoir des relations suivies avec l’Union européenne et le reste du monde. Mon parcours à vélo à travers la France est aussi une occasion de raconter cette histoire. Propos recueillis par Yannick Urrien.

la baule+ 8 // Décembre 2022 La Baule + : Cette année, certains redoutaient un mini Noël Magique en raison des questions liées à l’énergie. Or, en regardant le programme, on a le sentiment que si votre stratégie vise à faire des efforts, pour autant le message semble être « Touche pas à mon Noël!» Est-ce cela ? Franck Louvrier : Tout à fait. On ne voulait pas faire un Noël Magique au rabais. On voulait un Noël Magique parce que c’est une tradition, un rendez-vous familial qui est dans l’ADN de la ville. Donc, il était important pour nous, au-delà de la tradition judéo-chrétienne, de faire une manifestation qui puisse nous sortir de la période sanitaire que nous avons connue pendant deux ans. Nous avons ajouté une semaine supplémentaire, puisque cela va commencer dès le 10 décembre. Ce sera surtout un Noël Magique qui va emporter les plus petits, comme les plus grands, de 7 à 77 ans et plus. Il y a de nombreuses manifestations à La Baule tout au long de l’année. Il y a des fêtes plus ou moins païennes, comme celle d’Halloween - une fête celtique quand on remonte dans le temps et, aujourd’hui, une fête très commerciale - mais il y a aussi des manifestations pour les plus petits et le rendez-vous de Noël est vraiment très important. C’est un investissement de 250 000 € pour la ville, pour quelques jours, mais il y a plus de 200 000 visiteurs. C’est sans doute l’un des rendez-vous les plus importants de Loire-Atlantique en cette période de l’année. Nous avons voulu ajouter d’autres rendez-vous avec une nouvelle patinoire synthétique. Cela fait neuf ans que nous n’avions pas eu de patinoire à La Baule. Il y aura une piste de luge de 35 mètres pour les adolescents. Nous avons mis en place le conseil municipal des jeunes et le conseil municipal des jeunes adultes, nous devons aussi nous adresser à cette population qui ne sait pas trop quoi faire en fin d’année. Il était important qu’ils puissent se divertir au moment de Noël. Cette volonté de maintenir un Noël Magique Noël ► La ville de La Baule n’entend pas sacrifier Noël Franck Louvrier : « La Baule est une ville qui ne tourne pas le dos à son histoire chrétienne. » Noël Magique aura bien lieu. La municipalité de La Baule annonce différentes mesures visant à économiser l’énergie, toutefois il n’est pas question de sacrifier l’une des manifestations les plus importantes de l’année. Entretien avec Franck Louvrier, maire de La Baule. de qualité, est-ce également pour rappeler que La Baule est une ville familiale ? La Baule est une ville familiale et aussi une ville qui ne tourne pas le dos à son histoire chrétienne. Nous avons une paroisse et la gestion d’une église, qui est celle du bourg d’Escoublac puisqu’elle appartient toujours à la ville. Elle a été construite avant la séparation de l’Église et de l’État. Nous avons la fierté de pouvoir revendiquer cette importance des fêtes judéo-chrétiennes et Noël est aussi le moment où l’on doit s’occuper de ceux que l’on a peut-être un peu délaissés tout au long de l’année, comme les parents ou les grands-parents que nous n’avons pas trop l’occasion de voir, parce que la vie peut amener à être parfois égoïste en ne pensant qu’à son environnement le plus proche et pas à ceux qui vivent dans la solitude au quotidien. Noël est donc évidemment un grand moment, au-delà du rendez-vous religieux qui est ancré dans notre société et dans notre histoire de France. Je ne veux pas non plus dicter aux gens ce qu’ils ont à faire Vous annoncez des éclairages Led et une différenciation des circuits électriques pour permettre une illumination prolongée des saynètes. En dehors de la question environnementale, tout gestionnaire soucieux d’un budget utilise forcément les nouvelles technologies qui coûtent moins cher… Nous avons voté un plan de sobriété, notamment pour les agents de notre ville, parce qu’il est important de faire attention car ce n’est pas gratuit. Mais je ne veux pas non plus dicter aux gens ce qu’ils ont à faire. Ils sont tout à fait libres de consommer ce qu’ils souhaitent, il faut simplement être vigilant. Dans nos manifestations, nous faisons attention à la maîtrise des dépenses. Je n’ai pas souhaité éteindre la totalité de la lumière la nuit dans notre ville, car il y a un enjeu de sécurité : on baisse l’intensité, on baisse le temps de l’allumage, mais il n’est pas question d’éteindre la ville. C’est un équilibre qu’il faut adapter. Nos éclairages sont très peu consommateurs d’électricité et nous faisons attention à la neige artificielle, avec des produits biodégradables. Donc, nous évoluons avec notre temps. Nous avons lancé il y a quelques semaines un plan d’équipement de bornes électriques pour toute la ville. Tout cela doit entrer dans notre vie quotidienne, sans brutalité et sans dogmatisme. L’événement, c’est le retour de la patinoire, avec une piste de luge… J’ai trouvé qu’il était important de nous adresser aux adolescents. Ma fille a 18 ans et je sais que c’est une période où l’on se cherche un peu, on cherche à faire des choses dans la ville. Il y a des patinoires à l’année dans beaucoup de villes, ce qui n’est pas le cas chez nous. Donc, il faut compenser. C’est de la distraction, cela n’a rien à voir avec le sport de haut niveau, bien sûr. Noël Magique aura lieu du 10 décembre au 1er janvier, entre 15h et 21h, au Bois des Aulnes. Le thème choisi est « Le Noël enchanté des animaux» : « Accueilli par Arbor, gardien de la Forêt enchantée, le public est invité à pénétrer dans ce nouveau conte de Noël, pour découvrir le secret qu’abrite ce lieu magique… Ici les animaux règnent en maîtres… Pour la circonstance, tous préparent leur Noël, comme tous les enfants.» A la sortie de Noël Magique, le village associatif est géré par le Lions Club. La ville précise que cette manifestation respecte les normes en matière de développement durable, puisque tous les éclairages sont en Led et la différenciation des circuits électriques permet une illumination plus tardive des saynètes. Par ailleurs, la ville annonce le retour de la patinoire et de la piste de luge, sur la place de la Victoire, du 10 décembre au 1er janvier, entre 15h et 19h. Une soirée tempête de neige sera organisée le vendredi 30 décembre entre 19h et 21h. Location de patins 1€ / heure, piste de luge : 1€ / 5 descentes. Le Rotary Club est en charge de la restauration et de la vente de gants. Exposition Doodle Mania à la chapelle Sainte-Anne. Pour l’exposition de fin d’année, l’Espace culturel Chapelle Sainte-Anne accueille Pierre-Marie Huet (alias PMH), spécialisé dans le doodle, un dessin réalisé grâce à la répétition et au remplissage de formes. Il participe à des projets d’envergure internationale aux côtés des plus grands noms de Street artistes tels que Basquiat ou Banksy. À une époque où tout le monde est virtuellement connecté, il rappelle à travers ses créations et son « chaos organisé » à quel point « les liens concrets, réels, et authentiques entre nous sont essentiels pour une véritable harmonie ». Jusqu’au 1er janvier, du mardi au dimanche, de 14h30 à 20h, à l’Espace culturel Chapelle Sainte-Anne. Ateliers les 10, 17, 21 et 28 décembre de 15h à 17h pour les jeunes à partir de 10 ans. Le programme de Noël Magique

la baule+ Décembre 2022 // 9 Le Pouliguen lance un nouvel espace sans tabac Après avoir aménagé un espace sans tabac sur la plage du Nau en 2021, puis à l’ensemble de la plage en 2022, la Ville du Pouliguen lance un Espace sans tabac devant le collège Jules Verne, en partenariat avec la Ligue contre le cancer de Loire-Atlantique et l’établissement scolaire. Pour Norbert Samama, maire du Pouliguen: « Nous ne pouvons que nous réjouir de voir l’établissement s’inscrire dans la politique de santé menée par la municipalité et d’observer cette synergie entre les différents acteurs concernés, et ce, pour le bien-être des enfants, des adultes qu’ils deviendront et de leurs familles. Nous sommes tous touchés par le cancer de près ou de loin et nous devons tout mettre en œuvre pour lutter contre cette maladie, y compris en informant les plus jeunes ». Marion Laloue, adjointe à la Santé, à la prévoyance et aux séniors, ajoute que «la lutte contre le cancer est un combat de tous les jours, et c’est le message que porte notre commune. » Les Espaces sans tabac sont des lieux extérieurs délimités et/ou identifiés où la consommation de tabac est interdite tels que des plages, des piscines, des aires de jeux, des parcs, des jardins, des abords d’écoles ou d’espaces sportifs… Ces lieux, qui accueillent un public majoritairement familial, sont ainsi préservés de la pollution tabagique tant sur le plan sanitaire qu’environnemental. Cap Atlantique lance un plan d’actions ayant pour objectif une baisse globale de 10% de la consommation d’énergie. Ce plan de sobriété énergétique compte 24 actions qui sont mises en œuvre dès cet hiver. Ces 24 mesures comportent un axe interne concernant les agents de la collectivité, leurs espaces de travail et leurs impacts sur le territoire (réduction d’un degré dans les bâtiments de l’agglo, obligation d’éteindre les ordinateurs midi et soir et coupure de l’eau chaude dans les sanitaires) et également un axe externe comme l’adaptation hivernale du fonctionnement des centres aquatiques, l’étude sur la distribution d’un pack sobriété pour les habitants ou le déploiement d’un boîtier intelligent Voltalis. Cap Atlantique lance son plan de sobriété énergétique La radio 100% locale

la baule+ 10 // Décembre 2022 Artisanat ► Il défend le travail manuel et l’art du beau L’Oli Fleurs : le prix Stars & Métiers pour Romain Chancelier Le prix Stars & Métiers est à l’artisanat ce que les César sont au cinéma et c’est le fleuriste baulois Romain Chancelier qui a obtenu le prix de l’entrepreneur 2022 pour la Loire-Atlantique. Cette manifestation est organisée au niveau national par les Chambres de Métiers et de l’Artisanat, et la Banque Populaire, afin de récompenser des chefs d’entreprise passionnés qui développent leur activité de manière exemplaire. L’objectif est aussi de mettre en valeur les artisans qui réussissent. Romain Chancelier a créé l’enseigne L’Oli Fleurs il y a 17 ans à La Baule et sa passion pour la fleur reste intacte. D’ailleurs, lorsque des jeunes viennent le voir en lui disant qu’ils aimeraient faire ce métier, son conseil est toujours le même: « Si vous aimez les fleurs, faites autre chose, car il faut vraiment être passionné par l’univers des fleurs ! Il faut aussi aimer le travail manuel, faire et défaire, en faisant toujours preuve de rigueur ». Chez nos artisans locaux le bouquet est vraiment composé à la commande C’est d’ailleurs ce qui distingue la manière de travailler de l’équipe de L’Oli Fleurs et les franchises qui industrialisent la conception des bouquets. Les clients savent faire la différence entre des bouquets dont la conception est normée par le service achats et le service marketing, avec des fleurs coupées à la machine, tandis que chez nos artisans locaux le bouquet est vraiment composé à la commande, en fonction de chaque personnalité, et chaque fleur est même travaillée individuellement au couteau par le fleuriste. Un travail de longue haleine D’ailleurs, les producteurs savent faire la distinction quand ils font leurs livraisons et le cahier des charges de Romain Chancelier est simple et connu de tous : « Je veux du beau ! » La récompense de ce travail minutieux est évidemment la fidélité de la clientèle : « C’est le public qui valorise l’artisanat lorsqu’il voit la différence. On ne compare pas un fastfood et un restaurant gastronomique. Pourtant, on les appelle tous les deux des restaurants…» Outre les particuliers, de nombreux commerçants, hôtels et restaurants de la presqu’île font appel à L’Oli Fleurs pour décorer leurs établissements, notamment la chaîne Barrière. Il n’est pas rare de voir Romain travailler pendant plusieurs heures sur la décoration florale : « Je suis un manuel et j’aime la création. On passe beaucoup de temps à composer, c’est un travail de longue haleine. Mais j’ai la chance d’avoir des clients qui me font confiance et les choses se font naturellement». L’élégance à la française Romain a toujours été inspiré par la mode, l’architecture, les tendances et l’art du beau qui l’ont nourri intellectuellement pendant des décennies. Tout cela lui permet aujourd’hui de comprendre très vite comment aménager un appartement, un balcon, une terrasse ou un commerce. Il défend des valeurs, un côté traditionnel, ce que l’on appelle encore l’élégance à la française, tout en ajoutant une pointe de fantaisie, sans toutefois bouleverser les codes de sa clientèle. Le savoir-faire d’un artisan qui ne se duplique pas Romain Chancelier s’adapte vraiment à chaque demande. Même lorsque l’on vient lui commander un simple bouquet de fleurs, il essaye de savoir à quel type de personnalité ou d’intérieur ce bouquet est destiné et c’est cette touche artistique qui fait que chaque création est unique. En cette fin d’année, Romain observe deux grandes tendances : l’or et le blanc. Il explique : «Ce sont des coloris très raffinés, qui s’intègrent harmonieusement aux intérieurs baulois, et ce sont aussi des couleurs de tradition, car Noël est d’abord une fête de famille». La boutique L’Oli Fleurs est un véritable écrin situé à deux pas de la gare de La Baule. On peut également y trouver de nombreuses idées de cadeaux, comme des bougies ou des accessoires de décoration ou de table. Le travail de Romain Chancelier est unique et l’on comprend pourquoi il n’a pas souhaité développer des franchises comme certains clients le lui demandent parfois. Le prix Stars & Métiers c’est aussi la récompense du savoir-faire d’un artisan qui ne se duplique pas. L’Oli Fleurs, 123, avenue des Ondines à La Baule. Tél. 02 40 15 33 40.

la baule+ 12 // Décembre 2022 Témoignage exclusif ► Comment la France a raté le virage de l’informatique et des nouvelles technologies Maurice Allègre : « Les gens des télécommunications n’ont pas vu arriver le coup avec Internet. » La Baule + : Vous avez été le responsable du Plan Calcul en France. Contrairement à ce que certains pourraient croire, il ne s’agissait pas d’apprendre aux enfants à calculer, mais c’était un ambitieux projet pour faire de la France une grande puissance informatique… Maurice Allègre : Officiellement, cela s’appelait l’Action pour le développement de l’informatique. Le nom de Plan calcul n’avait rien d’officiel, mais c’est un journaliste qui a utilisé ce terme et tout le monde l’a repris. C’est vrai, ce terme de calcul sonne assez mal... Nos ingénieurs français ont été très compétents. Ils ont conçu beaucoup de choses dans le domaine de l’informatique, ils ont contribué à la création du Web, ils ont inventé l’image en haute définition... Mais nous nous sommes toujours fait piquer nos bonnes idées par les Anglo-saxons… Maurice Allègre a 89 ans et, pour la première fois, il raconte l’histoire du fameux Plan Calcul lancé par le Général de Gaulle et abandonné par Valéry Giscard d’Estaing. Maurice Allègre était haut fonctionnaire (X, Mines Paris, pétrole, droit) et il a été nommé par Michel Debré, alors Premier ministre, délégué à l’informatique, chargé du Plan Calcul dont l’objet était la création d’une industrie française dans ce secteur. Ce plan visait à faire de la France une grande puissance mondiale dans le domaine de l’informatique, des composants électroniques et des nouvelles technologies de l’information, à l’instar de l’aéronautique, l’automobile ou le nucléaire. Créer un vrai concurrent à l’hégémonique IBM n’est alors déjà pas un objectif très réaliste, mais devient mission impossible lorsque les deux actionnaires se chamaillent d’abord, puis se détestent et, enfin, quand l’un d’entre eux (CGE d’Ambroise Roux) déclare la guerre totale à l’autre (Thomson de Paul Richard). Il veut à tout prix manger l’autre et n’y parvient pas. Dès lors, la filiale commune informatique (CII) devient le champ de bataille choisi par CGE pour affaiblir Thomson parce que ce groupe est responsable de la gestion de CII. Tous les moyens deviennent bons pour rabaisser la CII. La mort soudaine du président Pompidou prive la délégation de sa potion magique – le soutien de l’Élysée – qui se transforme en hostilité dès l’arrivée du nouveau président, Giscard d’Estaing. Celui-ci raye d’un trait de plume huit ans de travail acharné et d’investissements publics. Maurice Allègre dénonce le choix de Valéry Giscard d’Estaing de privilégier « une solution américaine contre nature et non viable malgré tous les camouflages ». Maurice Allègre vient de publier un livre témoignage qui passionnera tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’informatique. Il a accepté de répondre aux questions de Yannick Urrien. « Souveraineté technologique française – Abandons & Reconquête » de Maurice Allègre est publié chez VA Éditions. Nous étions très bien placés sur le plan de la recherche, mais les industriels n’y ont pas cru et ils n’ont pas suivi l’État : c’est l’histoire du Plan Calcul. Les gens des télécommunications n’ont pas vu arriver le coup avec Internet, en s’imaginant que les télécommunications se feraient toujours de point à point, comme le bon vieux téléphone, avec une liaison établie. Finalement, jusqu’à ce qu’Internet balaye tout, les professionnels des télécommunications ont été très sceptiques. L’histoire a démontré qu’ils avaient tort... On regarde les trains passer L’objectif de l’État français était alors de créer un concurrent au géant de l’époque qui était IBM… À l’époque, l’informatique relevait d’un quasi-monopole mondial d’IBM. On voyait bien que l’informatique allait se développer en pénétrant partout, mais quand on le disait il y a cinquante ans, en soulignant que cela allait restructurer tous les domaines de la production humaine, on était vraiment pris pour quelqu’un de pas très sérieux. Le problème, c’est que nous sommes réduits à la position de ceux qui attendent qu’on leur donne l’informatique la plus perfectionnée: on sait s’en servir, mais on ne la crée pas. Donc, on regarde les trains passer et on tente de s’y raccrocher après, mais nous sommes toujours des suiveurs et de simples utilisateurs. On est peut-être satisfait des produits, mais nous sommes soumis aux caprices de tous ces généreux donateurs. Il suffit de voir tout ce que l’on dit en ce moment sur les GAFAM... On n’avait pas pensé que les industriels pouvaient à ce point manquer de sens de la prévision à long terme Au départ, vous deviez créer un IBM français issu de la fusion entre CGE et Thomson, mais les actionnaires de ces entreprises ne s’aimaient pas… C’était malheureusement le mauvais coup que nous n’avions pas vu ! On n’avait pas pensé que les industriels pouvaient à ce point manquer de sens de la prévision à long terme en étant incapables de s’entendre... Ils ont passé leur temps à s’entre-tuer et cela venait surtout d’Ambroise Roux qui voulait manger Thomson. L’informatique était le cadet des soucis d’Ambroise Roux, qui ne jurait que par les télécoms. Il avait une position formidable sur les télécoms, or, malheureusement il a été balayé : il suffit de voir ce qu’est devenu Alcatel ! Aujourd’hui, on comprend cette convergence entre les télécommunications et l’informatique… On le voyait déjà à l’époque, mais c’était mal vu. Nous étions en avance, avec le Minitel dans tous les foyers. C’était très bien, mais le Minitel utilisait un système de communication par paquets qui allait être complètement balayé par celui d’Internet, qui était celui inventé par les informaticiens et qui n’était pas le système point à point cher à l’univers des télécommunications. La quasi-totalité des opérateurs mondiaux de télécommunications n’ont pas vu que les informaticiens allaient remporter le morceau haut la main. Le réseau Transpac était une très belle réussite mondiale. Sur le plan technique, c’était formidable, mais la technologie était celle du passé et c’est devenu une voie de garage. Giscard : c’était beaucoup plus amusant pour lui de s’occuper de la haute finance internationale et des réunions du FMI... Vous semblez en vouloir à Valéry Giscard d’Estaing… J’ai bien connu Valéry Giscard d’Estaing. J’étais à son cabinet et je dois dire qu’il n’a jamais manifesté une grande audace pour l’in-

la baule+ Décembre 2022 // 13 dustrie française ! C’était beaucoup plus amusant pour lui de s’occuper de la haute finance internationale et des réunions du FMI... Giscard c’était Giscard. Il était à la fois X et ENA, mais il était resté 99 % de son temps énarque et 1 % X. Je ne peux pas ne pas lui en vouloir, parce qu’il a tout arrêté brutalement, dès qu’il s’est installé dans le fauteuil de président de la République. Il a fait ce qu’Ambroise Roux a voulu qu’il fasse. Je n’ai pas à juger de leur relation, mais j’ai vu le résultat... Giscard, en voulant faire des économies, parce que le Plan calcul avait coûté cher, s’est lancé dans des dépenses encore plus importantes Le Web fait éclater la communication de point à point, c’est le symbole même de la liberté, puisque c’est une sorte de toile d’araignée. Giscard se méfiait-il de la liberté de la même manière qu’il n’a pas voulu autoriser les radios libres ? Peut-être intellectuellement... Je ne me suis jamais senti le droit de faire des analogies comme celle-là, mais c’est vrai qu’il ne sentait pas l’industrie. Quand il est arrivé, il voulait tout changer. Donc, par principe, tout ce qui avait été fait par Pompidou n’était pas bon. Il fallait aller vers le nouveau libéralisme, il fallait que l’État se retire de partout, moyennant quoi, à la suite de tout ce micmac organisé par la CGE, il s’est retrouvé dans une espèce de nasse. Il y a eu la longue descente aux enfers d’Honeywell Bull, que l’on a fait passer pour une société française alors qu’elle était américaine... Tout cela aux frais de l’État. On peut dire que Giscard, en voulant faire des économies, parce que le Plan calcul avait coûté cher, s’est lancé dans des dépenses encore plus importantes. Il ne faut pas oublier que nous étions arrivés à faire l’Europe de l’informatique, avec Siemens et Philips, à travers le Plan Calcul. Vous aviez même pu conclure des accords avec les Soviétiques, à l’époque, pour développer une informatique européenne… J’avais tracémon sillon dans tous les pays de l’Est, qui ont été de très bons clients du Plan Calcul. L’idée plaisait beaucoup. J’ai même une lettre du gouvernement allemand expliquant qu’il était prêt à financer selon les mêmes principes que le gouvernement français. Autrement dit, nous avions deux sponsors de taille pour faire voguer la galère. Non, Giscard a choisi la solution Honeywell, ce qui était une erreur. C’est la raison pour laquelle cela s’est mal terminé pour moi, puisque j’avais dit que c’était une escroquerie... Cette escroquerie a mis trente ans à se défaire et cela a coûté extrêmement cher aux contribuables. Je ne peux pas être satisfait de cette situation qui a été initiée par Giscard dès son arrivée à l’Élysée, sous prétexte que c’était une opération de Georges Pompidou. (Suite page 14)

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