La Baule+

la baule+ 16 // Décembre 2022 Témoignage ► L’ancien capitaine de l’équipe de football de Nantes raconte son combat contre le cancer Jean-Paul Bertrand-Demanes : « Tous mes malheurs m’ont aidé à forger un caractère de battant, car il n’y a rien de plus beau que la vie. » Jean-Paul Bertrand-Demanes a eu un parcours exceptionnel. Capitaine de la mythique équipe de Nantes, quatre fois championne dans les années 1970 et 1980, gardien de but de l’équipe de France, en particulier pendant la Coupe du monde en Argentine en 1978, celui qui était surnommé « Le Grand » a rencontré des personnalités de légende, parmi lesquelles Bob Marley, David Gilmour, Maradona, Carlos Monzón, Jean-Luc Lagardère, ainsi qu’Henri Michel qui fut l’un de ses amis les plus proches. Mais le match de sa vie, il le jouera trente ans plus tard. Quelques années après la mort de son fils, foudroyé par une rupture d’anévrisme, Jean-Paul Bertrand-Demanes développera un cancer de stade 4, le plus grave. Il va remporter ce combat et, quatre ans après la terrible nouvelle, terminer avec les honneurs le redoutable triathlon Ironman de Nice. À travers son témoignage, qui fourmille d’anecdotes sur sa vie de sportif et son expérience de patient, l’auteur souhaite s’adresser à tous ceux qui doutent en général et aux malades atteints du cancer en particulier, afin qu’ils puisent dans cet ouvrage la force et le réconfort nécessaires. Jean-Paul Bertrand-Demanes versera intégralement ses droits d’auteur au centre anticancéreux de Nantes. « Stade 4 : le match de ma vie » de Jean-Paul Bertrand-Demanes est publié aux Éditions Max Milo. La Baule + : Dans votre livre, vous évoquez votre combat contre le cancer et vous avez décidé de reverser vos droits d’auteur au centre anticancéreux de Nantes… Jean-Paul Bertrand-Demanes : Je me voyais mal gagner de l’argent sur le dos de cette saloperie ! C’est mon premier livre, c’est l’histoire de mon combat. Stade 4, c’était le stade de mon cancer car il n’y a pas de stade 5. J’ai eu l’idée d’écrire ce livre après un entretien avec un médecin de l’Institut de cancérologie de l’Ouest qui m’a soigné. Il devait lui-même lutter contre un cancer et, à la fin du rendez-vous, j’ai essayé de lui remonter le moral. Il m’a dit qu’il pensait à moi tous les matins, car j’avais un excellent état d’esprit quand j’étaismalade et que je devrais écrire un livre pour témoigner de cela. C’était juste avant le premier confinement. Aumoment du confinement, cette conversation m’est revenue. J’ai pris une feuille de papier et j’ai commencé à gratter... Le mental constitue un facteur de réussite très important. Mais est-il, à l’inverse, un facteur de destruction ? Vous avez perdu votre fils d’une rupture d’anévrisme : cette douloureuse épreuve peut-elle être aussi à l’origine de votre cancer ? Je ne sais pas. J’ai vu de nombreux commentaires et je tiens à préciser que je n’ai jamais dit que seul le mental faisait guérir. Pour moi, c’est un triptyque : d’abord les soins ; ensuite, le mental, c’est-à-dire la volonté de guérir, parce qu’il faut supporter les soins ; enfin, il y a l’entourage et ma femme a été exceptionnelle. C’est ce triptyque qui peut vous aider à gagner le combat contre le cancer. Mais ce qui est le plus important, ce sont les soins. Avec les doses que j’ai reçues, entre la chimio et la radiothérapie, j’étais complètement épuisé et je devais surveiller mon taux de globules. Après, c’est une question de volonté et de caractère. Je n’ai jamais entendu quelqu’un qui a eu un cancer dire qu’il s’est enfermé dans sa chambre, s’est contenté de la perfusion de la chimio et a attendu de guérir… Cela ne marche pas comme ça. C’est un combat que l’on doit mener, parce qu’on est vraiment fatigué et épuisé. Je ne suis pas un surhomme. Parfois, j’ai eu envie d’arrêter, mais j’ai toujours eu une petite lumière pour m’inciter à continuer à me battre. Quand vous faites du sport, il y a un moment où vous êtes fatigué, vous avez envie d’arrêter, mais vous vous dites que vous pouvez aller plus loin avec la volonté. C’est vraiment ce qui m’a aidé à supporter la fatigue et l’épuisement. Avant le cancer, je pesais entre 105 et 110 kilos, j’ai dû tomber à 85 kilos ensuite. J’étais vraiment épuisé. Vous avez appris votre guérison il y a une di-

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