La Baule+

la baule+ Décembre 2022 // 13 dustrie française ! C’était beaucoup plus amusant pour lui de s’occuper de la haute finance internationale et des réunions du FMI... Giscard c’était Giscard. Il était à la fois X et ENA, mais il était resté 99 % de son temps énarque et 1 % X. Je ne peux pas ne pas lui en vouloir, parce qu’il a tout arrêté brutalement, dès qu’il s’est installé dans le fauteuil de président de la République. Il a fait ce qu’Ambroise Roux a voulu qu’il fasse. Je n’ai pas à juger de leur relation, mais j’ai vu le résultat... Giscard, en voulant faire des économies, parce que le Plan calcul avait coûté cher, s’est lancé dans des dépenses encore plus importantes Le Web fait éclater la communication de point à point, c’est le symbole même de la liberté, puisque c’est une sorte de toile d’araignée. Giscard se méfiait-il de la liberté de la même manière qu’il n’a pas voulu autoriser les radios libres ? Peut-être intellectuellement... Je ne me suis jamais senti le droit de faire des analogies comme celle-là, mais c’est vrai qu’il ne sentait pas l’industrie. Quand il est arrivé, il voulait tout changer. Donc, par principe, tout ce qui avait été fait par Pompidou n’était pas bon. Il fallait aller vers le nouveau libéralisme, il fallait que l’État se retire de partout, moyennant quoi, à la suite de tout ce micmac organisé par la CGE, il s’est retrouvé dans une espèce de nasse. Il y a eu la longue descente aux enfers d’Honeywell Bull, que l’on a fait passer pour une société française alors qu’elle était américaine... Tout cela aux frais de l’État. On peut dire que Giscard, en voulant faire des économies, parce que le Plan calcul avait coûté cher, s’est lancé dans des dépenses encore plus importantes. Il ne faut pas oublier que nous étions arrivés à faire l’Europe de l’informatique, avec Siemens et Philips, à travers le Plan Calcul. Vous aviez même pu conclure des accords avec les Soviétiques, à l’époque, pour développer une informatique européenne… J’avais tracémon sillon dans tous les pays de l’Est, qui ont été de très bons clients du Plan Calcul. L’idée plaisait beaucoup. J’ai même une lettre du gouvernement allemand expliquant qu’il était prêt à financer selon les mêmes principes que le gouvernement français. Autrement dit, nous avions deux sponsors de taille pour faire voguer la galère. Non, Giscard a choisi la solution Honeywell, ce qui était une erreur. C’est la raison pour laquelle cela s’est mal terminé pour moi, puisque j’avais dit que c’était une escroquerie... Cette escroquerie a mis trente ans à se défaire et cela a coûté extrêmement cher aux contribuables. Je ne peux pas être satisfait de cette situation qui a été initiée par Giscard dès son arrivée à l’Élysée, sous prétexte que c’était une opération de Georges Pompidou. (Suite page 14)

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