La Baule+

la baule+ 18 // Décembre 2022 J’ai eu un vrai coup de blues une semaine après l’annonce de mon cancer. J’ai pris mon vélo pour aller faire une balade. C’était au début de l’année 2010 et il ne faisait pas très beau. J’étais sur la Côte sauvage, j’ai eu des idées vraiment très noires. Cela a duré deux ou trois heures. Finalement, je suis rentré en écrasant les pédales… Depuis, je n’ai jamais douté et j’étais convaincu que j’allais guérir. Tous mes malheurs m’ont aidé à forger un caractère de battant, car il n’y a rien de plus beau que la vie. Mais je ne suis pas un surhomme. Une société qui ne met pas le paquet pour ses jeunes et ses anciens, c’est une société qui va très mal Dans votre livre, vous rendez un très bel hommage à tout le personnel médical, les médecins, comme les infirmières… Jean-Paul BertrandDemanes : « Il faut arrêter de taper sur les riches dans notre pays, car il suffit de voir comment les choses se passent au Venezuela ou à Haïti pour comprendre à quel point les gens sont malheureux. » J’ai eu 40 jours de radiothérapie chaque jour. J’ai rencontré des gens pleins d’humanité. Pendant la période de la Covid, on a vu des soignants avec des sacs-poubelles à la place des blouses. Cela m’a mis très en colère. Je défendrai toujours les enseignants, parce qu’ils forment les jeunes, et les soignants, ceux qui soignent les anciens. Une société qui ne met pas le paquet pour ses jeunes et ses anciens, c’est une société qui va très mal. Ce n’est plus une civilisation. Nous sommes 65 millions de Français et il y a 72 millions de cartes vitales, il y a quand même un problème… Comment voyez-vous l’actualité et la vie aujourd’hui ? Je suis évidemment l’actualité. J’ai mes idées, la vie mérite d’être vécue. On a tendance à beaucoup se plaindre, mais nous avons quand même un service de santé qui a tenu par le mérite des soignants qui ont été abandonnés. J’ai un ami qui est professeur au CHU et il me raconte des réunions de cinq heures où l’on n’a pas prononcé une fois le mot malade ou le mot patient. Notre administration est obèse dans tous les domaines. Bientôt, au CHU il va y avoir un soignant pour un administratif, cela me paraît exagéré. Les politiques disent beaucoup de choses mais ils ne font pas grand-chose. Je suis un privilégié, j’ai réussi ma vie, mais je pense à tous ces gens qui n’arrivent pas à finir le mois. Mes parents étaient de petits fonctionnaires et on arrivait à partir en vacances. Aujourd’hui, deux petits fonctionnaires ne peuvent plus partir en vacances, car les salaires ne sont pas assez élevés. C’est pour cette raison que je suis pour la participation, comme le voulait le général de Gaulle quand il y a des bénéfices : un tiers pour les salariés, un tiers pour les actionnaires et un tiers pour l’entreprise pour investir. Les entreprises pourraient augmenter leurs salariés s’il y avait moins de charges et d’impôts. Pour cela, il faudrait commencer par lutter contre la fraude. Nous sommes 65 millions de Français et il y a 72 millions de cartes vitales, il y a quand même un problème… J’ai entendu Gabriel Attal expliquer que l’État allait arrêter de verser les prestations sociales sur des comptes étrangers. Mais en 2024 ! Il pourrait très bien prendre cette mesure immédiatement. À l’exception de la retraite, je ne comprends pas pourquoi on verse des prestations sociales sur des comptes à l’étranger. On pourrait récupérer 40 milliards d’euros par an en luttant contre la fraude sociale, pour augmenter les soignants et les enseignants. Le gouvernement paye des cabinets de conseil pour des millions d’euros, alors que nous avons tous les talents nécessaires dans l’administration. Maintenant, il faut aussi arrêter de taper sur les riches dans notre pays, car il suffit de voir comment les choses se passent au Venezuela ou à Haïti pour comprendre à quel point les gens sont malheureux. Ce qui me met hors de moi, c’est tout ce système des agents et des commissions Vous êtes né à Casablanca en 1952 : ne pensez-vous pas parfois que vous êtes né trop tôt ? Avec votre parcours, vous seriez millionnaire aujourd’hui ! Quand ma mère était là, je lui disais en rigolant que j’allais lui faire un procès parce que je suis né 20 ans trop tôt! Maintenant, je ne suis pas du tout jaloux des footballeurs d’aujourd’hui. Ce sont eux qui font le spectacle. Il y a beaucoup d’argent. Ce qui me met hors de moi, c’est tout ce système des agents et des commissions. Quand je me suis reconverti, j’ai monté des opérations Malraux sur Bordeaux, c’est la réhabilitation en secteur sauvegardé, et j’ai été référencé par la Fédération Française de Football et par le Syndicat des joueurs professionnels, parce que j’avais prouvé mon sérieux. J’ai rencontré des joueurs qui me demandaient de traiter directement leurs affaires avec leur agent. Quand je vendais un appartement 500 000 euros, l’agent du joueur me demandait de vendre l’appartement 600 000 euros, parce qu’il voulait sa commission de 100 000 euros. Au début de ma carrière, je n’avais pas d’agent, il devait y avoir quatre ou cinq agents dans le métier. Mais aujourd’hui il y en a 500, avec de nombreux margoulins qui arrivent en abusant de la crédulité des joueurs. C’est pour cette raison que je me suis un peu détaché du football. À mon époque, quand on arrivait au stade, on avait un parking dédié, mais nous devions traverser le public pour aller au stade. À la fin du match, on était dans la rue, devant le stade Marcel Saupin, au milieu du public. Aujourd’hui, les joueurs sont des rock stars, avec des gendarmes et des gardes du corps. Ils descendent du bus avec leur casque sur les oreilles, sans dire bonjour… Nous étions l’équipe de Nantes, on faisait vraiment partie de la ville. Tout le monde nous reconnaissait dans les magasins. Enfin, vous dites souvent que vous n’auriez pas tenu sans le soutien de votre femme… Oui, ma femme évidemment, mes enfants, ma belle-fille Karine qui venait spécialement de Bordeaux dès que je rentrais à l’hôpital. Mon fils s’est concentré sur la société, il a tout repris, il a vraiment été super. Dans la maison, il y avait une assiette avec des yaourts car je n’avais pas la force suffisante pour aller prendre quelque chose au frigo. Seul, on ne s’en sort pas. Je pense aussi à mes amis, Roger, Catherine, Bernard, Franck, Laurence… Ce sont des amis depuis 40 ans et je serai toujours là pour eux parce qu’ils ont été exceptionnels. Propos recueillis par Yannick Urrien. Pornichet : mobilisation des jeunes pour la SPA Les jeunes du Point Jeunes de Pornichet organisent, pour la deuxième année consécutive, une grande collecte au profit de la SPA sous la forme d’un calendrier de l’avent. Jusqu’au 21 décembre, chacun est invité à déposer un don auprès des services de la Ville (Médiathèque, CCAS, Centre de Loisirs et Point Jeunes aux horaires d’ouverture) et à l’Office de tourisme. Nos amis à quatre pattes ont, notamment, besoin de couvertures, de gants de toilette, de plaids, de pâtée pour chats et chiens, de jouets ou encore de croquettes pour chat (pas de croquettes de chien). Les dons récoltés seront ensuite acheminés à la SPA partenaire de Saint-Père-en-Retz pour que nos amis puissent aussi passer un joyeux Noël.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEyOTQ2