la baule+ Juillet 2023 // 19 l’on peut vivre sans rien faire en touchant des subventions de l’État. Donc, on tue l’esprit de la société, on la barbarise. Le logement est-il en ce moment le symbole de cette « décivilisation » ? C’est un bon exemple, d’autant qu’il est au niveau européen, puisqu’il y a un projet de directive européenne très récent, qui met clairement sur le papier ce que pourrait être le logement de demain : à savoir un logement entièrement contraint. Ce projet est repris par les gouvernements des différents pays d’Europe pour nous expliquer comment nous devons concevoir notre logement. Comment modifier notre logement ancien, par exemple, pour qu’il soit conforme à des normes nouvelles, bien entendu avec des normes moins énergivores. Ils vont même jusqu’à nous expliquer où nous devons mettre nos prises électriques, pour que nous puissions recharger nos voitures, ou comment installer nos fenêtres. C’est véritablement une forme d’abandon de notre liberté de concevoir les logements comme nous le souhaitons. Que pensez-vous de la proposition de loi d’un député de la majorité, Guillaume Vuilletet, sur le contrôle technique des logements ? C’est tout à fait dans l’esprit de ce projet de directive européenne et de beaucoup de textes qui sortent depuis des mois. Nous n’avons plus le droit de donner en location nos logements selon leur classification énergétique. À partir de 2030, nous ne pourrons plus les vendre, parce que tous nos logements devront avoir été restructurés pour répondre à ces normes. Pour les vendre, nous devons obtenir un certificat de performance énergétique, sans lequel il nous sera impossible de passer l’acte devant un notaire. On nous impose de vivre dans des logements normés, donc on se substitue aux individus en tout, notamment dans leur logement. Celui qui veut vivre dans un pavillon forestier, même s’il est peu étanche au froid ou au chaud, ne pourra plus le faire. Détruire la liberté en détruisant la propriété Alors, faut-il retirer le mot « Liberté » de nos frontons ? Cet exemple du logement est un exemple, parmi d’autres, de la régression de nos libertés. Cet exemple du logement est beaucoup plus fort, parce qu’il atteint la propriété qui est l’un des éléments constitutifs de nos libertés. Sur le plan utilitaire, le logement, c’est ce qui assure à chacun une sorte de sécurité. Mais c’est beaucoup plus que cela, la propriété. Si nous ne sommes plus propriétaires, nous ne pouvons plus échanger. Or, échanger, c’est le moyen de commercer, c’est le moyen de développer des activités. C’est un projet idéologique qui passe dans toute la société pour détruire la liberté en détruisant la propriété. La propriété est dans la conception même de l’homme, elle est au cœur de l’humanité, l’homme naît propriétaire. Sans la propriété, l’homme n’acquiert pas tout ce qui fait de lui un animal différent, parce que la propriété au sens humain, c’est ce qui permet à l’homme d’affirmer sa liberté et son autonomie par rapport aux autres. Si l’homme perd cette propriété, il pourra peut-être trouver les moyens d’exprimer sa singularité autrement, mais ce sera beaucoup plus difficile. C’est probablement le projet idéologique de certains que de vouloir détruire la propriété, notamment en agissant pour que les logements ne soient plus conçus par chacun d’entre nous, mais par la collectivité, de telle façon que nous perdions une partie de nousmêmes en perdant cette propriété. Il y a d’autres projets qui sont relativement inquiétants. Je prends l’exemple de la propriété locative. De plus en plus, l’idée perce que pour aider les personnes à acquérir des logements, les collectivités locales doivent leur permettre de bénéficier de baux de très long terme pour le terrain. Cela veut dire que les gens construiraient leur maison sur des terrains qui ne leur appartiendraient pas. Il ne faut pas tout critiquer, cela peut être une solution dans certains cas, mais cela relève de cette idée que la propriété n’est plus rien. Ce qui compte, c’est de chercher la solution la plus économique dans l’instant. C’est ce que Klaus Schwab préconise au Forum de Davos… Exactement. La propriété contribue à inscrire l’homme dans la durée de sa vie, mais également dans la durée des générations. Le logement est un bien qui peut se transmettre familialement. Donc, c’est une violation de la nature de l’homme lorsque l’on porte atteinte à cet accessoire très important qu’est le logement dans l’accompagnement de l’homme dans sa durée, c’està-dire dans l’accomplissement de sa vie et de sa famille. Propos recueillis par Yannick urrien.
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