la baule+ 16 // Février 2023 Humeur ► Le billet de Dominique Labarrière Reparti comme en 14 ? Remarquez, il aurait été fort dommage que du matériel de cette qualité demeure enfoui dans la naphtaline ad vitam aeternam. Au fait, j’ignore si la naphtaline convient en pareille circonstance. Mais sur la qualité du matériel, je suis sûr de mon fait. Irréprochable, du robuste de chez robuste. Fabrication allemande, c’est tout dire. Ces mots seuls valent garantie, de la scie sauteuse à la limousine haut de gamme. Une chose est acquise, les heureux destinataires n’auront pas à regretter de se voir offrir de tels engins, le top du top en la matière. Renseignements pris, la naphtaline n’est pas le conservateur adéquat. Cela est si vrai que jamais, dans aucune armée du monde, on ne s’est aventuré à sauvegarder ses chars d’assaut inemployés en les traitant comme nos vieux habits. Les splendides Lepoards 2 made in Germany n’échappent pas à cet usage si constamment validé. D’ailleurs la question ne se pose plus puisqu’on a trouvé à les utiliser, ces fameux tanks maousse costauds. C’est en Ukraine, où on les attendait de pied ferme depuis des mois, qu’ils vont enfin passer de l’exercice pour de faux au combat pour de vrai. On ignore si la nostalgie va opérer auprès des Ukrainiens les plus anciens. La dernière fois qu’ils ont pu voir du panzer parader dans leurs rues et leurs campagnes, c’étaient ceux que leur envoyait l’Adolf de sinistre mémoire. On ne peut pas dire que ce moustachu ait laissé là-bas, plus qu’ailleurs, un souvenir particulièrement enchanteur, même si, au commencement du moins, certains ont paru préférer se trouver sous cette botte-là que sous celle du très riant Joseph Staline de tout aussi sinistre mémoire et lui aussi moustachu. Fort heureusement, il arrive que les temps changent. Le pays expéditeur n’a plus rien à voir avec ce qu’il était à l’époque. Plus rien, mis à part sans doute un savoir-faire des plus admirables en matière de blindés quatre étoiles. Nous-mêmes allons dépêcher sur zone (comme on dit quand on veut faire soldat) nos chars Leclerc. Ceux-là seraient, aux dires de connaisseurs, un peu moins costauds et sophistiqués que le teuton. Fabrication française oblige. Et puis s’annoncent la production américaine à grand spectacle avec la star de la quasi-totalité des théâtres de guerre de ces derniers temps, le char Abrams. Bien entendu, seront fournis avec ces outils remarquables les munitions « qui vont bien » (expression choisie là aussi pour faire soldat.) et le manuel d’utilisation en langue locale. Comme pour la scie-sauteuse, je vous dis. Sauf que, la sophistication technologique des engins étant ce qu’elle est, il faudra sans doute également envoyer ce qu’il faut de p’tits gars compétents dans ces domaines pour faire tourner tout ça convenablement. Et aussi des formateurs pour refiler à terme le service après-vente aux gens du cru. Cela en espérant que l’allumé du camp d’en face n’aille pas se méprendre et considérer ces gentils techniciens pour des belligérants bien de chez nous. En espérant pareillement que, histoire de ne pas perdre la face, la Chine et telles autres nations n’aillent pas se mêler d’expédier elles aussi leurs machines derniers modèles, histoire cette fois de se montrer les garantes vertueuses d’un prétendu équilibre des forces. Or, voilà que, grisé, un peu comme les enfants capricieux et trop gâtés, le bénéficiaire réclame à présent de l’aéronef de haut vol et de très grosse puissance de feu. On voit la bonne vieille stratégie s’avancer à gros sabots: l’aviation pour le tapis de bombes, les blindés à chenilles processionnaires pour l’avancée en terrain conquis et la piétaille pour finir le boulot. Rien que de très classique. Combien de femmes, d’hommes, d’enfants, de vieillards y laisseront leur peau ? Combien en sortiront infirmes, brisés à jamais ? Et où cet engrenage diabolique nous mènera-t-il ? Apparemment on s’en fout. On ne va pas s’arrêter à ce genre de détail. Coïncidence, la surprise party annuelle de Davos vient de prendre fin. Dans l’euphorie. Du jamais vu ou presque. Les trois mille participants, la fine fleur de la finance occidentale et des pouvoirs circonvoisins, exultaient. Il est vrai que quand l’armement va tout va, n’est-ce pas ? Après les bombes de la déconstruction (la vraie de vraie, celle-là) les dollars de la reconstruction. Air connu. Drôle de jeu tout de même. De ces puissants, on aurait pu attendre tout autre chose. Par exemple qu’ils fassent front commun dès le début pour brailler en chœur et sans rire : « Arrête ton char, Poutine ! » Allez savoir, ça aurait peut-être marché ? sur edi s.fr Le nouveau livre de Dominique Labarrière vient de paraître. ’auteur y propose une contre-enquête sur l’un des faits les plus troublants de notre histoire, l’exécution du duc d’Enghien, le 21 mars 1804, dans les fossés du château de Vincennes. L’auteur explore les méandres de cet extraordinaire polar historico-politique dont les protagonistes sont, bien sûr, Napoléon Bonaparte, le prince Louis Antoine de Bourbon Condé, mais aussi l’incontournable Talleyrand, le machiavélique Fouché ainsi que les généraux Moreau et Pichegru, le chouan Cadoudal, les seconds couteaux Méhée de La Touche, Hyde de Neuville… L’auteur montre en particulier avec quelle sombremaestria Joseph Fouché a su utiliser la fameuse conspiration de l’an XII et manipuler tout ce petit monde… À propos de l’exécution du duc d’Enghien Lamartine écrira dans son « Bonaparte » : « La gloire efface tout. Sauf le crime. » Et on connaît le mot de Boulay de la Meurthe (souvent attribué à Talleyrand) : « C’est pire qu’un crime, c’est une faute ». Le Prince Assassiné - le duc d’Enghien, coll. Poche Histoire, éditions Lanore. Rencontres-dédicaces : Dominique Labarrière sera présent à la librairie Les Cerfs-Volants, au Croisic, le samedi 18 février de 14 h à 18 h. Il sera également présent les 4 et 5 mars au Rendez-vous des Écrivains de la Baule au palais des Congrès Jacques-Chirac Atlantia. Dominique Labarrière présente son nouveau livre « Le Prince Assassiné »
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