la baule+ 10 // Février 2023 Comment se fait-il qu’en France on paye l’électricité à un prix beaucoup plus cher qu’elle ne coûte à produire ? C’est le marché européen de l’électricité. L’électricité est vendue sur le marché européen au coût de production d’électricité en Allemagne, au moment où le prix du gaz était le plus élevé, alors que chez nous le gaz ne représente que 10 % de la production d’électricité. Ce marché allemand s’applique à nous et c’est ce qui explique pourquoi le prix de l’électricité a augmenté par deux ou trois, et parfois même dans des proportions plus considérables pour certaines factures. C’est un problème grave. Le gouvernement ne veut pas le prendre à bras-le-corps, parce qu’il a l’impression que sortir de ce marché serait un mauvais coup porté à l’Europe et, comme l’Europe est un véritable tabou, on ne peut pas faire ça. Une rente artificielle a été créée et beaucoup de gens ont gagné beaucoup d’argent parce que, si les prix de vente ont augmenté beaucoup plus que les coûts de production, cela veut dire qu’un certain nombre de producteurs ont gagné énormément d’argent sur le dos de l’industrie, ce qui n’est pas bon pour l’activité, l’emploi et le commerce extérieur de la France. Vous expliquez aussi que les énergies renouvelables ne sont pas encore rentables et qu’elles contribuent à faire augmenter le prix de l’électricité… Les énergies renouvelables ont deux défauts très graves. D’abord, elles coûtent cher, surtout si l’on prend en compte les coûts indirects. Plus il y a de renouvelable, plus il faut qu’il y ait d’infrastructures pour transporter l’électricité. Ce n’est pas très difficile à comprendre. Autrefois, quand il n’y avait pas de renouvelable, l’électricité était produite dans une centaine d’endroits en France, avec 25 sites nucléaires, quelques centrales au gaz et au charbon, et un petit nombre de barrages. Maintenant, vous avez 8 000 éoliennes et un bon millier de fermes solaires. Donc, prendre de l’électricité dans plusieurs milliers de points, plutôt que dans un millier, il n’y a pas besoin d’être un grand informaticien pour comprendre qu’il va falloir davantage de fils électriques et que cela va coûter beaucoup plus cher. Le défaut principal de l’électricité renouvelable, c’est qu’elle est intermittente. Elle ne fonctionne pas tout le temps et le cas le plus évident est le solaire. À 18 heures en hiver - c’est-à-dire au moment où l’on a le plus besoin d’électricité - la production solaire est égale à zéro et elle le restera. La technologie n’y fera rien. La quantité totale produite par l’électricité éolienne est une chose, mais la disponibilité, au moment où on en a besoin, en est une autre. Cela veut dire que l’on ne peut pas compter sur les renouvelables pour répondre à la demande à un instant T. En général, c’est toujours au moment où l’on en a le plus besoin, l’hiver, aumoment d’un anticyclone très froid… Cela ne condamne pas totalement l’électricité renouvelable, mais cela veut dire aussi que, plus on a de renouvelable, plus il faut avoir d’installations au gaz qui soient susceptibles de démarrer au moment où l’on en a besoin. Pour le moment, on ne sait pas stocker l’électricité en grande quantité. On essaye de trouver des moyens de stockage depuis deux siècles. On trouvera peut-être mais, pour le moment, on ne sait pas le faire. Donc, on ne peut consommer que l’électricité que l’onproduit au quart d’heure près. L’autre problème du renouvelable en France, c’est que nous avons un parc de nucléaire et d’hydraulique qui représente 85 % de la production, qui fonctionne quand on veut. On peut profiter de l’été pour arrêter une centrale nucléaire et la nettoyer, quand on a moins besoin d’électricité. Cela veut dire que nous avions, entre le nucléaire et l’hydraulique, de quoi satisfaire la demande d’électricité dans son intégralité. Donc, que faire de toute cette électricité renouvelable produite ? On a exporté cette électricité sur le marché européen à des prix inférieurs aux coûts de production, donc c’était une mauvaise affaire, ou bien on était obligé de baisser la production de nucléaire et d’hydraulique. C’est très mauvais parce que, si vous baissez la production de nucléaire, vous ne diminuez pas beaucoup les coûts de production. Les gens doivent être payés de la même façon si les centrales tournent ou non, les charges fixes sont les mêmes. Donc, on s’est privé d’une électricité qui ne coûtait pas grand-chose. Maintenant, en plus des centrales nucléaires qui vont refonctionner, en ajoutant les renouvelables, on va se retrouver avec un surplus d’électricité dont on ne sera pas vraiment quoi faire. Je ne suis pas très satisfait de voir que l’électricité renouvelable va déborder, sans évoquer les dommages esthétiques et environnementaux qui sont très réels. Les panneaux solaires sont importés de Chine. La quasi-totalité des turbines et des mâts des éoliennes est importée d’Allemagne et du Danemark… Je ne parle même pas du plaisir de marcher le long de la mer, à La Baule ou à Saint-Nazaire, avec cette vue sur ces dizaines d’éoliennes de 200 mètres de haut... Les éoliennes sur terre, ce n’est pas beaucoup mieux, surtout quand on les installe dans des endroits calmes et tranquilles, comme la Creuse. En Creuse, les gens avaient des paysages magnifiques et on les leur prend, ce qui ne leur procure pas un grand plaisir non plus. Propos recueillis par Yannick Urrien. Rémy Prud’homme : « L’électricité est vendue sur le marché européen au coût de production d’électricité en Allemagne, au moment où le prix du gaz était le plus élevé, alors que chez nous le gaz ne représente que 10 % de la production d’électricité. » COLLECTE, DESTRUCTION ET RECYCLAGE DE VOS ARCHIVES PROFESSIONNELS ET PARTICULIERS Tél. 06 82 94 67 89 - www.classarchiv.fr Leguignac - HERBIGNAC - classarchivdestruction@gmail.com . Gain de place dans vos locaux . Sécurité et confidentialité . Conseils en matière des délais de détention des archives . Remise d’un certificat de destruction
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