La Baule+

la baule+ 14 // Janvier 2022 La Baule + : Tu as lancé le magazine « Jeux vous aime » en juin 2021 : comment cette idée estelle née ? Patrick Sébastien : C’est une demande du groupe CMI qui avait envie de faire un magazine qui me ressemble. Ils m’ont dit qu’ils savaient que j’aimais les mots, que je concevais des mots croisés et que j’étais toujours dans la bienveillance, l’optimisme et l’espoir. Ils m’ont proposé d’être rédacteur en chef, mais en réalité une fille formidable travaille avec moi, Stéphanie. En plus, c’est quelque chose que je n’ai jamais fait. Je suis un boulimique de tout ! Quand j’ai décidé de faire ce métier, j’ai voulu tout faire et, à part la peinture, il y a très peu de domaines artistiques sur lesquels je ne suis pas allé. J’ai été acteur, scénariste, auteur, chanteur, animateur, producteur, découvreur et même président de club de rugby… Tout cet éclectisme, c’est ma vie. Je suis une toupie et, si je ne tourne plus, je tombe. Je suis aussi écrivain et mes livres se sont très bien vendus, notamment celui sur ma maman qui s’est vendu à 500 000 exemplaires. J’ai la chance d’être avec un éditeur, XO, qui me fait entièrement confiance. Pour la chanson, c’est la même chose et je fais un album presque chaque année. C’est peut-être ma vraie motivation : comme je suis un bâtard, on ne m’a pas reconnu. Alors, le fait d’être reconnu partout est important pour moi. Ils m’ont vu quand j’étais imitateur, ou à la télévision, ou ils ont lu un livre, ou ils ont dansé sur mes chansons. Il y a toujours un point d’attache. Il y a des gens qui aiment mes émissions de télévision et pas mes chansons, d’autres, mes chansons mais pas mes émissions, d’autres encore, mes livres... Ce n’est pas grave, c’est un tout. Dans un pays où l’on colle des étiquettes à tout le monde, je n’ai pas choisi la facilité. Je ne prends pas de vacances, je ne sais pas ce que c’est et je ne peux pas passer une journée sans faire quelque chose. On est devenu une société où les gens jugent. Il y a de plus en plus de gens qui jugent et de moins en moins de gens qui font… Il y a aussi beaucoup de gens qui parlent… Avant, il y avait 65 millions de sélectionneurs de foot et aujourd’hui il y a 65 millions de toubibs : chacun est spécialiste Covid en ce moment ! Dans ton magazine, tu fais aussi des interviews. L’exercice de l’entretien écrit est-il différent de l’oral ? J’ai une journaliste qui prend des notes à côté de moi, ce sont plutôt des conversations avec des gens que j’aime et que je connais bien. La population est stressée et elle s’anxiogènise encore plus Lorsque la conversation peut se dérouler People ► Écrivain, auteur, chanteur, acteur, animateur… et toujours sans langue de bois ! Patrick Sébastien : « Les jeunes sont en train de se faire embrigader par des écolos à la con qui les baratinent et qui se servent d’eux. » Patrick Sébastien a une actualité vraiment riche en ce début d’année 2022. Avec la sortie de son nouveau magazine « Jeux vous aime», son livre « Derrière les grilles » et un album de chansons intitulé «Le président de la fête », l’auteur, chanteur, acteur et animateur continue de nous surprendre. Il répond aux questions de Yannick Urrien dans un entretien sans langue de bois. sur un temps long, on découvre la personnalité différemment, un peu comme le faisait Jacques Chancel avec Radioscopie… Oui. J’avais une émission sur RTL qui passait tous les samedis et dimanches. Je recevais un invité et j’ai reçu des gens très prestigieux, notamment Charles Aznavour ou Michèle Morgan. C’était l’émission qui marchait le mieux à cette heure-ci à la radio. Et ils m’ont viré ! Il faudra bien que l’on m’explique pourquoi un jour. J’ai compris que ce que je disais ne leur plaisait pas toujours. C’est comme la télévision, il y a des gens en haut qui n’aiment pas les gens du peuple, ce sont des gens qui n’aiment pas les gens… Moi, j’aime les gens! Après, on me caricature avec une grosse voix en disant « C’est que d’ l’amour!» Oui, je pense sincèrement que c’est l’amour qui mène tout. J’ai envoyé un SMS à Albert Dupontel, après avoir vu « Adieu les cons », en lui disant qu’il ne faisait que des films d’amour et il m’a renvoyé cette phrase de Charlie Chaplin: « Le plus important, c’est l’amour». Aujourd’hui, si tu parles d’amour, tu passes pour un con et on ne t’écoute pas, tu parles de bienveillance et on ne t’écoute pas… Mais si tu racontes ta dernière histoire de cul, ton dernier scandale ou que tu es sorti de prison, alors là on t’écoute… Après, les gens se plaignent d’être mal. Mais ce pays est plein de paradoxes. Dans l’ambiance actuelle, qui est vraiment triste, je me suis dit que les gens allaient avoir besoin de se divertir. Or, quand on analyse les audiences à la télévision, c’est le contraire et, ce qui marche, ce sont toujours les crimes, les meurtres ou les mauvaises nouvelles. La population est stressée et elle s’anxiogènise encore plus. C’est un mystère que je ne comprends pas. Ce sont les mêmes personnes qui viennent se plaindre ensuite d’être malheureuses. J’ai envie de les inviter à se distraire et à cesser de regarder des conneries avant d’aller voir des psys. Ma mission est d’essayer de faire du bien aux gens et par tous les moyens. Cela peut être de l’écriture, cela peut être des chansons, cela peut aussi consister à les émerveiller, comme on le fait avec la tournée du «Plus grand cabaret du monde» à travers deux heures de spectacle et 50 artistes qui viennent du monde entier. Mais cela ne va pas plus loin. Je n’ai pas de message, je n’ai pas les solutions politiques aux problèmes des gens, j’ai simplement envie de leur faire oublier leurs problèmes. Dans ton actualité, il y a aussi la sortie du livre «Derrière les grilles » qui combine des mots croisés et des billets d’humeur… C’est quelque chose d’original. Je fabrique des mots croisés et j’ai toujours été fan de Michel Laclos, qui a vraiment été mon maître. J’ai découvert une approche des mots croisés qui est astucieuse, c’est un jeu autour des mots et surtout autour des définitions. Par exemple, « vêtement de rêve» pour définir une chemise de nuit. Dans ce livre, il y a 50 grilles. Il faut savoir qu’il faut deux jours pour faire une grille et des définitions. À partir d’un mot de la grille, j’ai fait quatre pages d’humeur sur un sujet de société. Ainsi, la première définition est « J’étais Charlie », on parle de Chaplin et, à partir de là, on part sur la liberté d’expression parce que « Je suis Charlie » c’est la liberté d’expression, mais il faut savoir aussi que Chaplin a été viré des ÉtatsUnis pour ses discours… Je fais trois pages sur la liberté d’expression qui n’existe pas dans notre pays, en donnant un exemple tout simple : si je veux faire un film sur les banques, à qui dois-je demander de l’argent ? J’ai mis six mois pour faire ce livre entre les 50 grilles et les 50 textes, et cela va de l’homosexualité aux paysans… On a installé le café du commerce à la télévision Dans les conversations du café du commerce, les gens disent tous que la liberté d’expression se restreint… Le problème, c’est que le café du commerce n’existe plus. Le café du commerce est à la télévision : on met six personnes autour d’une table pour débattre d’un truc. Tout cela, c’est pour une raison simple, ce n’est pas pour faire avancer les idées, c’est tout simplement parce que cela ne coûte pas cher aux producteurs. Maintenant, il y a des débats partout. Il suffit de mettre quatre mecs autour d’une table, ils sont contents de venir, ça fait de l’audience et c’est tout bénéfice pour la chaîne. On a installé le café du commerce à la télévision. Résultat : tout le monde donne son avis sur tout. On se plaint de l’absence de liberté d’expression, toutefois ce sont les mêmes qui sont choqués lorsqu’ils entendent des propos qu’ils ne partagent pas…

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