La Baule+

la baule+ 34 // Avril 2022 People ► Rencontre avec l’une des actrices préférées des Français Alice Taglioni : « Je viens à La Baule quand j’ai besoin de me ressourcer. » Alice Taglioni a commencé sa carrière avec des rôles de femme idéale, dans des comédies et, ensuite, elle s’est affirmée dans des registres très diversifiés, ce qui en fait une actrice complète. Nous l’avons rencontrée à La Baule. La Baule + : Lorsque l’on analyse votre parcours, vous avez interprété des rôles très différents, des intellectuelles, des femmes d’affaires, des policières, des avocates, des mamans, alors que l’on aurait pu vous cantonner à des personnages plus clichés… J’imagine que vous avez dû vous battre… Alice Taglioni : C’est vrai, c’est exactement cela. C’est à la fois bien et moins bien. J’ai profité de cette place, qui n’était pas forcément une place que beaucoup pouvaient occuper. C’est ce que me disait Francis Veber quand j’ai joué le rôle d’un mannequin dans un film et cela m’a servi de jouer les jeunes premières aussi. Après, en évoluant, on se pose plus de questions. On mûrit, on change, on a envie d’aller vers d’autres choses. Évidemment, cette facette de la représentation, que l’on soit jolie ou non, est forcément un élément dont on veut se détacher un peu. J’ai voulu aller vers des choses différentes. J’ai fait récemment le film d’Arnaud Viard, « Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part », mais aussi « Réparer les vivants » de Katell Quillévéré. Ce sont des rôles dans lesquels on n’avait pas l’habitude de me voir. L’idée n’est pas d’aller vers des univers différents, mais de pouvoir tout faire, donc revenir à la comédie et d’autres choses. C’est l’ADN de notre métier que de pouvoir tout faire. Aujourd’hui, les féministes les plus revendicatives disent que l’on a toujours présenté les femmes à la cuisine. Toutefois, ce n’est pas totalement vrai et on le constate également dans l’accès aux métiers… Bien sûr, cela dépend des métiers aussi. Le combat n’est pas le même, la place que l’on veut occuper est forcément différente. Il y a des femmes qui sont très heureuses d’être des mères au foyer et d’occuper cette place, mais il y en a de moins en moins, parce que la vie active n’est plus exclusivement réservée aux hommes. On n’est plus dans l’idée de l’homme qui subvient aux besoins de la femme et des enfants. Dans les grandes lignes, on est en train d’arriver vers une certaine égalité, peut-être pas totalement sur le plan de la rémunération, mais à part quelques endroits très spécifiques, les femmes ont maintenant accès de plus en plus aux mêmes postes que les hommes. Pour moi, le cinéma n’est pas mort. Il ne sera jamais mort, mais il existera certainement d’une autre façon Nous avons vécu deux années très difficiles pour le secteur du cinéma, notamment avec la fermeture des salles. Certains ont pu craindre que les Netflix fassent disparaître le cinéma traditionnel. Qu’en pensez-vous ? Êtes-vous plus optimiste ? Pour être tout à fait honnête, la remise en question du cinéma date de bien avant la crise sanitaire. Ce n’est pas ce qui a déclenché ce questionnement. Cela existait déjà avant et il fallait évoluer. C’est comme pour la musique : il y a eu le streaming et plein d’autres choses, et les maisons de disques ont dû revoir complètement leur façon de vendre. Pour moi, le cinéma n’est pas mort. Il ne sera jamais mort, mais il existera certainement d’une autre façon. Il faut savoir s’adresser aux nouvelles générations, mais aussi aux enfants des nouvelles générations, en sachant se réinventer. Je trouve aussi que ces plates-formes sont fantastiques, car c’est formidable de pouvoir accéder à autant de choix. Cela répond à une obligation et à quelque chose qui répond à notre génération et à notre époque : c’est le désir immédiat. Dès que l’on veut quelque chose, on le veut immédiatement… Dès que l’on veut voir un film, on va le regarder sur Internet, c’est immédiat… Si l’on veut dire « Je t’aime » à quelqu’un, c’est immédiat sur Instagram… Le monde change et le cinéma doit changer. La musique fait partie de ma vie Vous êtes venue à La Baule au Festival du cinéma et musique de film en juin dernier… Oui, ce festival défend plusieurs choses que j’aime infiniment. D’abord, un festival, c’est des rencontres, c’est essentiel et cela nous a beaucoup manqué ces dernières années. Ensuite, il y a le cinéma, que j’aime par-dessus tout et que je veux défendre. Enfin, il y a la musique. J’ai commencé le piano à l’âge de quatre ans et la musique fait partie de ma vie. J’ai vécu cela comme un échec, quand j’avais vingt ans, parce que je n’avais pas eu le premier prix en sortant du conservatoire. Alice Taglioni pose avec le T-shirt de la collection « La Baule », une création LA Loire Atlantique disponible à la boutique LA 122, avenue de Gaulle à La Baule. Photo : James L. Frachon.

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