La Baule+

la baule+ 32 // Avril 2022 Humeur ► Le billet de Dominique Labarrière L’État en berne Le 17 mars dernier, la commission sénatoriale d’enquête sur l’influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques a présenté les conclusions de son rapport. Le moins qu’on puisse dire est qu’elles sont édifiantes. La conception qu’on se fait au sommet du pouvoir de ce que sont l’État, la République et, in fine, la démocratie, s’illustre tout entière dans le recours quasi systématique aux services de ces officines. Le rapport de la commission - adopté à l’unanimité par les différents groupes politiques de la Haute Assemblée, précisons-le - parle de « phénomène tentaculaire ». « La crise sanitaire, est-il écrit, a mis en lumière l’influence des cabinets de conseil en particulier avec l’intervention de McKinsey sur la campagne vaccinale.» Inutile de rappeler ici qu’une campagne vaccinale constitue un enjeu de santé publique, et non un banal aménagement d’organisation administrative. « Ce n’était en réalité que la face émergée de l’iceberg, poursuit la commission : les cabinets de conseil interviennent sur des secteurs entiers des politiques publiques dans l’opacité la plus totale (réforme des APL, réduction des délais d’instruction des demandes d’asile, États généraux de la justice, etc.). Les chiffres montrent un recours croissant et non maîtrisé aux consultants, qui imposent leurs méthodes de transformation à l’administration. Les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous, comme le montre le rapport McKinsey sur l’avenir du métier d’enseignant pourtant facturé 496 800 euros. » Au détour des révélations de l’enquête sénatoriale, nous avons le bonheur de découvrir que, pour la seule année 2021, l’État a dépensé plus d’un milliard d’euros (argent du contribuable, évidemment) pour de telles prestations. Depuis 2018, ces dépenses ont doublé. McKinsey aura été « la clef de voûte de la campagne de vaccination », notent les rapporteurs. Ce cabinet - américain, rappelons-le - et qui n’aurait pas payé d’impôts en France depuis dix ans - est intervenu pour élaborer des modèles de suivi des livraisons de doses de vaccin et d’injections, mais aussi dans l’élaboration et la rédaction de notes adressées au président de la République dont, pourtant, « la teneur exacte » demeure inconnue des parlementaires. Il est vrai que l’opacité, dans ces affaires, semble être érigée en dogme. Dès l’entrée en scène de McKinsey, le ton est donné: « Notre intervention restera confidentielle et tous nos documents seront réalisés au format du ministère. » Pour ce faire, des collaborateurs de ces cabinets privés seront intégrés directement dans les équipes, y compris celles des cellules de crise. Il est intéressant d’apprendre, par ailleurs, que ce même cabinet a touché quelque quatre millions d’euros pour pondre la foireuse réforme des APL. Une autre officine du genre, Eurogroup, est intervenue pour animer, piloter, synthétiser des réunions du fameux « Grand débat national » censé répondre à la colère des Gilets jaunes. Montant de la facture adressée au ministère de la transition écologique : 2,6 millions. De plus, quand on sait que ces cabinets - qui « ont bâti une véritable industrie de la consultation publique », dixit le rapport - proposent des solutions prêtes à l’emploi allant jusqu’à sélectionner, recruter le public et constituer les prétendus panels citoyens en fonction de l’enjeu des consultations, de la nature des débats, on reste pantois. On serait donc bien loin de la pureté angélique du tirage au sort ou de la spontanéité citoyenne. À la question du niveau de sécurité de ces pratiques, la réponse faite à la commission est, elle, des plus claires : nul n’en sait rien. Quel est le degré de protection des données ? Mystère. Est-on assuré que ces officines ne louent pas également leurs services à des intérêts privés, des multinationales, voire à des instances politiques étrangères ? Allez savoir. Autre question de fond : pourquoi une telle défiance à l’encontre de la fonction publique républicaine ? De quel sens profond du pays, de la France, de son génie propre, de ses aspirations, de ses attentes ces « start uper nation » peuventils bien être nourris, pétris ? Alors que l’essence même de la démocratie républicaine est d’avoir su se doter de fonctionnaires dévoués au seul service de l’État, en une sorte, à l’origine du moins, de sacerdoce fondé sur le désintéressement et la fidélité. Qu’on se dispense de s’en remettre à eux, qu’on s’abstienne de leur faire confiance en dit long, oui, sur la conception même qu’on a, en haut lieu, du pays, de la nation, de son peuple. François Audouze raconte « le monde des vins anciens » au Croisic François Audouze, industriel français, est un collectionneur de vins rares, spécialisé dans les vieux millésimes, et il a développé une technique particulière d’ouverture des vieux flacons censée optimiser leur dégustation. En 2013, la Revue du vin de France, dans son palmarès des 200 personnalités les plus influentes du monde du vin en France, l’a qualifié de « réanimateur de vieux flacons ». Par une approche sensible et imagée, il cherche à mieux décrire l’évolution complexe du vin à travers le temps et plaide pour élargir les définitions habituelles du bon vin. « Le monde des vins anciens » conférence de François Audouze. Vendredi 15 avril 2022 à 18h30 à la salle Jeanne d’Arc. Durée environ 1h30. Entrée libre. Pornichet : les + de 60 ans invités à un voyage olfactif Dans le cadre de ses actions de prévention contre la perte d’autonomies des aînés, le CCAS de la Ville de Pornichet organise un cycle de 6 ateliers olfactifs à destination des plus de 60 ans, à partir du 5 avril et jusqu’au 25 mai de 14h30 à 16h. À travers l’odeur fraîche de l’herbe coupée, la douceur de la rose et celle chaude des épices et bien d’autres encore, ce voyage sensoriel promet de transporter les participants dans leurs souvenirs, pour faire ressurgir des émotions, et les partager. Les 6 séances, chacune sur une thématique différente, dureront 1h30. Elles seront animées par Nadège Planche, aromatologue. Les participants devront s’engager sur le cycle entier. Pour s’inscrire, il suffit de contacter le CCAS de Pornichet au 02 40 11 55 38. Cette animation gratuite est soutenue par la Conférence de financeurs. Dates des 6 ateliers : mardi 5 avril 14h30 : le jardin des Hespérides ; mardi 26 avril 14h30 : le bassin méditerranéen ; mardi 3 mai 14h30 : le jardin à milles pétales ; mardi 10mai 14h30 : la route des Indes ; mardi 17 mai 14h30 : le jardin sacré et le mercredi 25 mai 14h30 : le jardin gourmand.

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