la baule+ Août 2022 // 41 une interview de moi évoquant le harcèlement scolaire et cet homme était vraiment très ému. J’ai pleuré ensuite. On a appelé sa fille « Peggy la cochonne», les insultes ont continué sur Instagram et sur tous les réseaux. Un jour, un abruti a pris en photo sa raie des fesses, parce qu’elle avait dû se baisser à l’école, et il a publié la photo sur les réseaux sociaux. Elle était un peu forte, elle n’a pas supporté cela et elle s’est défenestrée. Il faut rassembler les gens. A la télévision, quand on dit qu’il faut que l’amour triomphe, on nous regarde en ricanant. Pourtant, c’est important. Il faut réapprendre à s’aimer, car on a vraiment perdu ce truc. Quand on ne s’aime pas, on se déteste et, quand on se déteste, on a peur des personnes et on va vers les extrêmes. Il faut réapprendre aux enfants à s’aimer. Il n’y a pas de noirs, de blancs ou de juifs, on est d’abord des êtres humains. On a évidemment des origines et des appartenances, il faut se respecter ainsi, mais il faut d’abord s’aimer. Si l’on peut réapprendre aux enfants à s’aimer, je pense que la société sera meilleure. Évidemment, c’est le papa qui parle, parce que j’ai un petit garçon de 11 ans. J’ai une complicité énorme avec lui, c’est ma manière de l’éduquer. J’ai reçu une très bonne éducation et je n’ai jamais manqué d’amour. Je ne suis pas dans le cliché du père rebeu qui tape ses enfants. Mon père était toujours dans la psychologie et dans la discussion. Il y a cette légende que l’on entend dans les quartiers, mais mon père ne m’a jamais tapé et il n’a jamais tapé ma mère. C’est un couple qui a vraiment voulu se marier. Mes parents sont mes héros et je ne peux pas les caricaturer sur scène. Ma mère et mon père se sont sacrifiés pour moi D’ailleurs, ils sont venus en France pour vous, parce que vous aviez des problèmes de santé… Ma mère et mon père se sont sacrifiés pour moi. Mon père est arrivé à Paris à l’âge de 16 ans. Après, il s’est marié avec ma mère. Sa seule idée, à l’époque, était de retourner au Maroc et ne pas rester vivre en France. Il a cherché du travail et il a travaillé. Son but était de ramasser assez d’argent pour créer une entreprise au Maroc. Il n’avait pas pensé aux enfants. Pour nous, le Maroc, c’est simplement les vacances d’été. Je suis né avec une bronchiolite aiguë très prononcée : à cette époque, ce n’était pas très connu dans nos villages et ma mère a fait le sacrifice de partir en France pour sauver son fils. On aurait pu vous soigner à Casablanca ou à Rabat… On était en 1978 et mon père voulait que je sois soigné en France. C’était très cher de se faire soigner à Casablanca ou à Rabat. En France, on avait les aides médicales. Tout cela m’a permis de vivre. C’est pour cette raison que je dis que je vis ma deuxième vie. Rien ne peut m’arriver, alors je profite de ma vie. C’est la France qui a donné Booder ! Comment expliquez-vous que les gens ne s’aiment plus en France ? Il faut le demander aux gens que l’on a élus… On ne cherche pas à aller sonder le cœur des gens, on cherche à savoir ce qu’ils ont dans leur compte en banque Ils ne le savent pas euxmêmes ! Alors, s’ils ne le savent pas, c’est compliqué ! Mon analyse est que nous sommes dans le paraître. On ne cherche pas à aller sonder le cœur des gens, on cherche à savoir ce qu’ils ont dans leur compte en banque. Tout est très compliqué aujourd’hui. J’ai une réflexion parentale. Je saoule mon fils pour qu’il travaille bien à l’école, mais il est très compliqué d’expliquer cela aux enfants. Il y a une partie de mon spectacle où je parle des rêves que j’avais quand j’étais petit et je m’adresse aux enfants en leur demandant ce qu’ils veulent devenir plus tard. Les garçons veulent devenir footballeurs, pas pour être footballeurs, mais pour gagner de l’argent. (Suite page 42)
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