La Baule+

la baule+ Août 2022 // 31 d’autres vont apparaître. L’innovation va complètement changer le monde de demain. Les jeunes, comme les moins jeunes, vont devoir s’adapter, se renouveler et se reformer beaucoup plus vite dans un contexte où les enjeux liés à l’énergie et à la crise climatique feront partie de chacune des décisions qui seront prises dans les entreprises et à tous les niveaux hiérarchiques. Vous plaidez pour l’éducation, les droits de l’homme, ou pour aider les jeunes des banlieues. Je vois beaucoup de Romain Sion qui vous ressemblent, mais j’en vois aussi qui se situent politiquement à l’inverse de ce que vous défendez. Sommes-nous en train de retrouver un clivage entre trentenaires qui avait sans doute disparu depuis les années 70 ou 80 ? Je suis tout à fait d’accord avec vous sur l’existence de ces clivages et, sans aller jusqu’à dire qui a tort ou qui a raison, mais en discutant sur le fond, on peut comprendre pourquoi les uns et les autres ont des opinions différentes. Ce qui est important, c’est l’ouverture d’esprit. C’est chercher à comprendre et ne pas prendre toute information comme argent comptant. Les réseaux sociaux sont une caisse de résonance. On nous abreuve d’informations que l’on souhaite entendre, on n’a pas d’avis différents, mais le fait de pouvoir juger d’une information fiable, en vérifiant ses sources, est pour moi quelque chose d’essentiel pour me constituer une opinion. Les médias ont une responsabilité pour partager un certain nombre d’informations brutes permettant aux gens de se constituer leur propre opinion. Il y a certains médias qui sont intéressants, comme Brut… Il faut multiplier les sources d’information, tout comme voyager, pour être confronté à un maximum d’opinions différentes Vous avez d’ailleurs investi financièrement dans Brut… Nous avons effectivement rejoint l’aventure de Brut car ce qui est génial, c’est qu’ils n’ont pas de ligne éditoriale, ils veulent se concentrer sur les faits pour que l’auditoire puisse se faire une opinion. Cela ne veut pas dire qu’il faut uniquement écouter Brut, il faut multiplier les sources d’information, tout comme voyager, pour être confronté à un maximum d’opinions différentes. À une certaine époque, on disait qu’il fallait lire tous les matins L’Humanité et Le Figaro… C’est un très bon exemple. Dans les générations précédentes, notamment en mai 68, on a vu s’engager des gens qui semblaient sincères, toutefois ils ont oublié toutes leurs valeurs pour ne faire que du pognon… Comment faire pour que le fil du temps ne vous transforme pas de la même manière ? La réponse pragmatique, c’est que j’ai eu la chance de découvrir l’envers du décor. L’un de mes premiers métiers a été de partir à la rencontre des grandes fortunes en Europe et, pendant plus de trois ans, j’ai rencontré des gens qui avaient beaucoup d’argent. Ce sont des gens très simples et j’ai compris que l’argent ne faisait pas le bonheur, mais contribuait quandmême à le faire... Donc, une fois que l’on a atteint un certain niveau de vie, on n’a pas besoin d’aller plus loin… Si vous avez une belle voiture, il est inutile d’en avoir une dizaine de plus. J’ai pu constater cela en rencontrant des personnes très riches. À ma petite échelle, je vis très bien et je ne cherche pas à amasser un maximum. Un jour, ma mère m’a dit que si un jour je devais être perverti par l’argent, elle serait là pour me rattraper au vol ! Beaucoup de gens acceptent maintenant de payer un peu plus cher un produit s’il est fabriqué en France. Est-ce une forme de démarche RSE en quelque sorte ? J’appelle cela le nouveau bulletin de vote. C’est aussi une certaine façon d’exprimer son opinion que de choisir ce que l’on met dans son caddie. La carte bancaire est presque un bulletin de vote. Avec la crise sur le lait, il y a eu des centaines de milliers de personnes qui ont boycotté Danone au Maroc, je raconte cela dans le livre, et l’impact a été immédiat. C’est aussi un acte d’activisme que de faire attention à ce que l’on achète. Quand on peut se permettre de payer un peu plus cher son produit, parce qu’il correspond aux valeurs que l’on veut défendre, c’est une chance. Propos recueillis par Yannick Urrien.

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