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la baule+ 26 // Août 2022 Charles Degand, président d’Angelsquare : « Beaucoup d’entrepreneurs pensent qu’une startup n’est pas tenue par les mêmes règles économiques que les entreprises traditionnelles, or c’est faux. » Entreprendre ► Un Baulois aide les investisseurs à trouver les bonnes entreprises… Charles Degand est l’un des hommes les plus influents de la French Tech puisqu’il est le cofondateur et président d’Angelsquare, une communauté d’investisseurs qui accompagne une centaine d’entreprises chaque année avec des levées en amorçage entre 500 000 et 1 million d’euros, pour un montant global de plus de 70 millions d’euros chaque année. Cet entrepreneur de 33 ans, résident secondaire baulois, est aussi un fidèle lecteur de La Baule +. La Baule + : Vous financez des start-up à travers Angelsquare. Ce terme de start-up est à la mode, toutefois il traduit simplement le fait de créer une entreprise avec l’objectif de connaître rapidement une forte croissance. Quelle est la définition ? Charles Degand : La définition d’une start-up implique plusieurs critères. Il n’y a pas de définition officielle et il n’existe pas un formulaire Cerfa spécifique pour les start-up. Dans le langage commun, c’est d’abord une jeune entreprise qui a un potentiel de croissance rapide, qui est sur un secteur innovant, souvent numérique, mais il peut aussi y avoir des start-up sur des secteurs plus traditionnels. Ce qui compte, c’est cette dimension de croissance rapide. Ce terme a été un peu dévoyé, car on a l’impression que tous les jeunes entrepreneurs qui créent une entreprise en France se définissent comme des start-upeurs… Il faut qu’il y ait une disruption sur le marché Ainsi, vous pouvez très bien financer des entrepreneurs qui ont des projets dont le numérique ne sera pas la partie essentielle… C’est possible. Chez nous, nous avons un millier d’investisseurs spécialistes de l’amorçage qui sont intéressés par des entreprises qui ont des perspectives de croissance. Ce qui compte, c’est le côté innovant. Il faut qu’il y ait une disruption sur le marché. Donc, cela peut être une nouvelle marque de vin ou de nourriture, par exemple. Préférez-vous l’entrepreneur qui a fait de belles études, mais qui n’a pas une grande expérience, ou celui qui n’a pas fait d’études et qui est débrouillard ? Quel est le profil du bon entrepreneur ? C’est la question essentielle, car l’échec ou le succès d’une entreprise va dépendre de ses fondateurs. Ce n’est pas simplement une histoire de compétences, c’est aussi une histoire de personnalité. Une entreprise est un parcours semé d’embûches et rien ne se passe comme prévu. Il faut avoir les épaules solides et les nerfs bien accrochés pour tenir le choc. Donc, il faut être ambitieux, mais pas trop. Surtout, garder les pieds sur terre. Il ne faut pas aller plus vite que la musique, il faut être terre à terre. Ensuite, les critères diffèrent selon les investisseurs. Certains vont préférer des entrepreneurs qui sont sortis d’HEC ou de Polytechnique, ce n’est pas absurde, car ce sont des cerveaux bien faits. Ensuite, il y a l’expérience. L’âge de l’entrepreneur est aussi important. On sait que les jeunes sont plus malléables et qu’ils écoutent les conseils des investisseurs, alors qu’un entrepreneur d’une cinquantaine d’années sera moins à l’écoute. Il est difficile de recruter des gens qui ont vraiment envie de bosser Vous avez 33 ans et vous êtes le symbole de cette génération qui réussit. On dit que les trentenaires préfèrent avoir une vie tranquille, avec moins d’argent, plutôt que de faire fortune en sacrifiant leur vie de famille… On parle beaucoup de la « grande démission » dans les entreprises ? Qu’en pensez-vous ? C’est vrai, il y a ce phénomène de « grande démission ». Il est dur de recruter des gens compétents dans tous les secteurs. Il s’est passé quelque chose depuis la Covid et il est difficile de recruter des gens qui ont vraiment envie de bosser. À côté, on voit émerger des créateurs d’entreprise et c’est aussi une tendance de fond. Il y a dix ans, il n’y avait pas de start-up en France, ou très peu, alors que maintenant toutes les universités et toutes les écoles de commerce ont leurs incubateurs. Il y a une part non négligeable des diplômés qui réfléchissent à créer une boîte et l’on voit beaucoup de jeunes employés qui veulent apprendre la vie d’une entreprise, pendant quatre ou cinq ans, avant de créer leur propre entreprise plus tard. Que pensez-vous du phénomène de la « grande démission » ? N’est-ce pas un caprice de gosses de riches ? Un jeune Égyptien au Caire ou un jeune Sénégalais à Dakar ne vont pas penser à la « grande démission » …

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