La Baule+

la baule+ 18 // Août 2022 Dans cette nouvelle bataille à l’Assemblée nationale, il va certainement y avoir beaucoup demots qui vont s’échanger autour duwokisme… Déjà, ce terme de wokisme est un anglicisme qui est passé dans la langue française, comme leadership. On ne va pas se battre là-dessus. C’est un terme qui vient des ÉtatsUnis. C’était d’abord un sentiment. Le fait d’être woke, c’est être éveillé face aux injustices raciales ou de genre. Ce n’est pas une doctrine constituée comme l’anarchisme ou le marxisme. Il y a des gens qui sont sensibles à la souffrance des subalternes, des femmes ou des minorités raciales, et il y a les autres. Petit à petit, ce souci humaniste s’est transformé en impératif et il faut éviter les termes qui peuvent être ressentis comme des souffrances ou des injures. Maintenant, cela se transforme en cancel culture, c’està-dire par le déboulonnage de statues ou le retrait de certains livres des bibliothèques pour empêcher les mauvais sentiments et les mauvaises pensées. Donc, il faut préserver les cerveaux des jeunes générations de cettemauvaise influence conservatrice et dominatrice... Tout cela s’est fait en quelques décennies. Au départ, ce mot ne voulait pas dire grand-chose et c’est aujourd’hui devenu quasiment une doctrine structurée. Un vocabulaire d’euphémismes : comme les jeunes ou les incidents… Il y a des expressions qui sont utilisées pour occulter la vérité, comme « les jeunes ». Mais aujourd’hui, 90 % des Français ne pensent pas aux mêmes jeunes quand ils entendent ce François-BernardHuygue: « On finit par définir le populisme comme le refus des élites. » terme à la télévision… Oui, ils pensent aux jeunes issus de l’immigration, pour dire les choses très clairement... Il y a eu une période politiquement correcte, avec le « pas d’amalgame », où il était important dans les journaux et dans certaines catégories sociales urbaines diplômées de montrer sa vertu et de montrer que l’on ne faisait pas d’amalgame entre le musulman et le terroriste, entre le jeune de banlieue et le délinquant. Tout cela produit un vocabulaire d’euphémismes : comme les jeunes ou les incidents… Du coup, on voit bien sur les réseaux sociaux que les gens de droite se moquent de cela en retournant les choses. Par exemple, j’ai lu récemment «Une chance pour la France a braqué une épicerie» et tout le monde comprend ce que cela veut dire puisque ce terme retourne l’idée du vivre-ensemble. Après les attentats, on a vu des millions de gens défiler dans les rues contre le terrorisme, mais sans faire d’amalgame. Or, maintenant, c’est quelque chose qui est utilisé au second degré. Il y a un autre mot très à la mode pour discréditer son adversaire : c’est celui de populiste… Traiter quelqu’un de populiste, c’est une façon de dire qu’il est bête et méchant. Bête, parce que le populisme serait composé d’idées primaires, soit sur les immigrés, soit sur l’économie : par exemple, quand quelqu’un dit qu’il suffit de prendre de l’argent aux riches. Le populiste serait aussi quelqu’un de méchant parce qu’il est contre le vivre-ensemble et il est plein de fantasmes et de refus de l’autre. En même temps, c’est une catégorie sociale. L’électorat du Rassemblement national est très largement ouvrier. Ce ne sont pas les couches les plus fortunées, ce sont des gens qui ont entre 25 et 60 ans, pas très diplômés, qui ont des difficultés à la fin du mois et qui vivent en périphérie. C’est la réalité sociologique. Vous dites que c’est la réalité sociologique, mais ces gens vont vous répondre qu’ils n’acceptent pas d’être traités de crétins… Oui, il y a un mépris de classe. D’ailleurs, j’ai récemment entendu Daniel Cohn-Bendit suggérer que le suffrage devait être réservé à des gens qui ont certains diplômes ou une certaine intelligence ! C’est un discours aristocratique, ou oligarchique, méprisant pour le peuple qui serait trop abruti pour comprendre le monde et pour voter... Pourquoi pas le suffrage censitaire ? Certains pourraient répondre qu’il faudrait réserver le droit de vote à ceux qui paient des impôts… Cela existait il y a près de deux siècles et tous les bons esprits pensaient que seuls ceux qui avaient un peu de propriété pouvaient raisonner sur les affaires de la cité. Il y a eu des vrais partis populistes qui se sont réclamés comme tels, notamment des populistes russes en 1860 contre le tsar. On pourrait les appeler des gauchistes selon nos critères modernes. Il y a aussi eu des populistes américains, à la fin du XIXe siècle, qui étaient des petits propriétaires opposés aux industriels du Nord. On appelle populiste quelqu’un qui est démagogue et qui s’adresse au peuple. Mais cela concerne beaucoup de monde… On ne peut plus définir le populisme comme une idéologie, ou alors il faudrait trouver des points communs entre Jean-Luc Mélenchon et Jordan Bardella ! On ne peut pas non plus définir le populisme comme un style. On finit par définir le populisme comme le refus des élites. C’est un rapport qui s’établit entre le bloc populaire et le bloc élitaire. C’est en fait un rapport entre ceux qui se sentent mal représentés par le système et ceux qui se sentent dans le camp du bien, surtout lorsque cela coïncide avec leurs intérêts et le sens de l’histoire. C’est une catégorie extrêmement floue, où l’on met dans le même camp Boris Johnson, Jean-Luc Mélenchon, Vladimir Poutine ou Marine Le Pen… Finalement, c’est un mot culpabilisant sans aucun contenu. Si l’on déclare que les populistes s’adressent à des crétins sous-diplômés, il y a des personnes qui, sans engager la moindre réflexion, vont suivre le troupeau pour ne pas ressembler à ces gens que l’onmontre du doigt… Tous ces impératifs moraux autour du complotisme, du populisme ou du déclinisme sont des facteurs de conformité qui se situent à la limite de l’exclusion politique et de l’exclusion morale. Il s’agit surtout de prouver sa vertu en disqualifiant un certain nombre d’idées. Propos recueillis par Yannick Urrien. Pour la deuxième année consécutive au Pouliguen, la Ville organise chaque mercredi, du 13 juillet au 24 août, de 19h à 23h, un marché nocturne réunissant artisans, producteurs et créateurs locaux sur le quai Jules Sandeau et sur la Promenade. Dans ce cadre, la municipalité proposera des animations, à partir de 21h, sur le port et en déambulation dans le centre-ville. Variété française, musique latine, pop, rock, funk, gospel, spectacles de rue… Le programme se veut éclectique et vise à enchanter petits et grands. Le programme d’août Mercredi 10 août : What Da Funk Une voix magique gospel et soul aux décrochés vertigineux, une guitare folk aux riffs endiablés infusés de blues nomade et pop anglaise composent ce groupe aux multiples facettes… Retrouvez ce duo entremêlant des reprises pop, rock et funk des années 70 à nos jours. À 21h : Quai Jules Sandeau (devant le petit bassin). Mercredi 17 août : Basics Colors Les chanteuses et le pianiste de Basic Colors réinterpréteront pour le public pouliguennais le répertoire gospel, pop & soul. Avec leurs voix cristallines, les artistes apporteront élégance, dynamisme et enthousiasme à ce concert. Parmi les titres de leur répertoire : Oh Happy Day, Hallelujah, I say a little pray for you, Love is all, Amazing Grace, All of me… À partir 21h : 3 spectacles de 30 minutes sur trois sites, Rue du Centre, Quai Jules Sandeau (devant le petit bassin) et sur la Promenade (rondpoint de la plage). Mercredi 24 août : Les Miss Trinquettes Les Miss Trinquettes, c’est un duo complice et détonnant qui vous embarquera dans un univers inspiré du French Cancan. Les spectateurs seront invités à entrer dans leur monde acidulé, clownesque et poétique. Ce moment promet d’être délicieusement loufoque, coloré de danses, acrobaties échasses, ombres chinoises et jongleries de feu ! À partir 21h : 3 spectacles de 30 minutes sur trois sites, Rue du Centre, Quai Jules Sandeau (devant le petit bassin) et sur la Promenade (rondpoint de la plage). Chaque mercredi de l’été : marché nocturne et animations au Pouliguen

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