La Baule+

4 // Janvier 2021 La Baule + : Le gouver- nement a décidé de re- prendre en main l’appli- cation de la loi SRU à La Baule, comme dans d’autres communes de France, notamment en confiant au préfet l’attri- bution des logements so- ciaux. Quel est le contexte ? Franck Louvrier : La loi SRU, Solidarité et renou- vellement urbain, a été votée en 2000, sous le gouverne- ment Jospin. Elle fait obliga- tion aux communes qui ne disposent pas du taux légal de 25 % de logements so- ciaux, d’opérer tous les trois ans un rattrapage de leur dé- ficit. La ville dispose au- jourd’hui de 816 logements sociaux, soit un taux de 7,94 %, bien en deçà de l’objectif gouvernemental. Je rappelle que la ville avait 4 % de loge- ments sociaux en 2001. L’ef- fort a donc été important, mais pas suffisant aux yeux de l’État, ce qui amène la pré- fecture à nous signifier qu’ils vont signer des arrêtés de ca- rence quant à l’application de la loi SRU pour notre ville et d’autres communes de la presqu’île. Malheureuse- ment, cette loi condamne sans prendre en compte l’ef- fort fait par rapport au fon- cier disponible, car il n’y a pas beaucoup de foncier dis- ponible sur notre territoire et il est beaucoup plus difficile de faire un effort. Ce n’est pas la première fois que cela ar- rive et l’État décide, pour la deuxième fois, de sanction- ner notre commune. Cela a pour conséquence le trans- fert du droit de préemption de l’État à la préfecture pen- dant trois ans, ce qui signifie que nous n’avons plus, en tant que mairie, la maîtrise pour préempter des terrains sur le territoire communal. Ensuite, cela majore des pé- nalités financières, aux alen- tours de 230 000 € par an, sans doute plus. Il y a aussi l’obligation de disposer de 30 % de logements sociaux dans les opérations immobilières. Enfin, il y a la perte des droits de réservation sur l’attribu- tion des logements sociaux. Il y a toujours une part des logements sociaux qui est at- tribuée par la mairie : or, au- jourd’hui, ce sera la préfec- ture... Pourquoi la droite n’a-t- elle pas remis en cause cette loi ? Logement ➤ L’État prend le contrôle de la loi SRU à La Baule Franck Louvrier : « Cette tentation de verticalité de l’exercice du pouvoir ne fait que se confirmer. » L ’État vient de prendre un arrêté de carence quant à l’application de la loi SRU sur plusieurs communes de la presqu’île, dont La Baule, afin d'atteindre le nouveau seuil de 25 % de logements sociaux. Nous évoquons ce sujet avec Franck Louvrier, maire de La Baule, qui explique la situa- tion dans laquelle se trouve la ville. On peut faire tout et son contraire avec une loi. L’ap- plication bête et méchante d’un texte de loi, de façon idéologique, cela crée tou- jours des conséquences né- fastes pour la gestion des communes. Lorsque la droite était aux responsabilités, nous avions maintenu l’ob- jectif de 20 %, contre 25 % avec le gouvernement Ma- cron, mais nous n’avions pas demandé aux préfets d’être aussi durs à l’endroit des communes qui avaient des difficultés foncières. Cette loi est difficilement applicable sur tout le territoire et la mi- nistre en charge du Loge- ment, Emmanuelle Wargon, a décidé d’être très pénali- sante sur l’application de la loi, sans prendre en compte les difficultés que nous pou- vons avoir. Lors du deuxième semestre 2021, nous pré- voyons de livrer 261 loge- ments sociaux neufs, ce qui est très important. Mais lorsque j’entends la ministre, elle évoque la mauvaise vo- lonté, ce qui est faux car la ville fait des efforts. Malheu- reusement, elle incarne exac- tement ce que je n’aime pas au sein de l’État, à savoir la technocratie parisienne cou- pée des réalités : car si elle avait été élue, elle aurait compris qu’il ne faut pas stig- matiser les maires. Ces dé- clarations gendarmesques révèlent l’état d’esprit du pouvoir en ce moment, qui ne fait pas confiance aux élus. Cette tentation de ver- ticalité de l’exercice du pou- voir ne fait que se confirmer. La loi SRU est contre-productive L’application de cette loi contribue à faire sortir du marché privé un cer- tain nombre de loge- ments, ce qui a pour ef- fet d'augmenter le prix du foncier du locatif privé, puisqu’il est moins concurrentiel, et les classes moyennes ont donc de plus en plus de mal à se loger… C’est exact. Il faudrait aussi prendre en compte les réali- tés territoriales. La loi SRU est contre-productive, puisqu’elle assèche tellement le foncier qu'il devient im- possible de faire du logement intermédiaire. Et les classes moyennes n’ont pas accès au logement. Pourtant, une ville comme La Baule a be- soin de ces classes moyennes, notamment de tous ceux qui travail- lent pour des commer- çants ou dans le tou- risme. Or, ils sont ainsi condamnés à aller habi- ter beaucoup plus loin… Il ne s’agit pas de remettre en cause toute la loi SRU, mais d’en tirer les enseigne- ments. Malheureusement, je n’entends pas beaucoup de parlementaires ou de repré- sentants d’En Marche ! pren- dre leurs responsabilités. L’Association des maires de France, avec des maires de gauche et de droite, est for- tement mobilisée pour qu’il y ait une évolution en la ma- tière, parce que les propos de Madame Wargon sont in- justes et démagogiques. Lorsque la préfecture a repris ses droits pendant une pé- riode de trois ans, elle n’a pas du tout fait évoluer le marché en matière d’accession au lo- gement social, parce qu’elle n’en a pas les moyens. Les priorités géographiques sont indispensables Les communes concer- nées ne vont plus avoir la maîtrise de l’attribu- tion des logements so- ciaux au moment où l’on sait que l’État veut ré- partir davantage sur le territoire national les familles qui posent pro- blème dans certaines villes. Des maires n’hé- sitent pas à souligner que l’objectif est aussi d’imposer une nouvelle population dans les villes moyennes. Qu’en pensez-vous ? Les logements sociaux, c’est fait bien évidemment pour des gens qui ont une situa- tion financière difficile et personne ne peut remettre en cause ce droit. La diffi- culté des pertes des droits de réservation sur l’attribution des logements sociaux fait que la ville perd toute lati- tude à positionner des can- didats ayant un lien avec la commune, parce qu’ils y ha- bitent déjà ou parce qu’ils y travaillent. L’application bête et méchante d’une loi en- traîne toujours des difficultés et il faut s’adapter aux réali- tés. Sur le point que vous évoquez, je rencontrerai le préfet prochainement pour lui faire comprendre que la situation à La Baule nous oblige d’abord à répondre aux gens qui ont des difficul- tés sociales en matière de lo- gement et que les priorités géographiques sont indis- pensables. Plusieurs maires de la presqu’île sont touchés par ces arrêtés et nous nous mobiliserons pour saisir l’État. J’espère que les parle- mentaires, notamment d’En Marche !, se mobiliseront de la même manière. Privilégier nos habitants qui ont vraiment des difficultés Il y a beaucoup de pro- blèmes de logement à La Baule pour les per- sonnes qui ont des faibles revenus : que pouvez-vous faire pour elles à présent, puisque vous perdez ce droit d’attribution pour trois ans ? Nous allons essayer de nous mobiliser, avec plusieurs maires de la presqu’île, pour privilégier nos habitants qui ont vraiment des difficultés. Je vous rappelle que ces lo- gements sont quand même payés par les impôts des Bau- lois et il est normal qu’ils ser- vent à ceux qui en ont le plus besoin. Propos recueillis par Yannick Urrien. 303, av. de Lattre de Tassigny LA BAULE - 02 40 60 28 82 du mardi au samedi : 7h à 19h30 le dimanche : 7h à 18h30 199, av. de Lattre de Tassigny LA BAULE - 02 40 60 27 28 Régalez-vous avec nos galettes : Frangipane - Frangipane/Poire/Chocolat Frangipane/Framboise - Pommes rôties au beurre Bretonne (frangipane et caramel à la 昀 eur de sel) Hollandaise Couronne Brioche nature ou pépites de chocolat Sablés Bretons (chocolat, framboise, Caramel) ... Votre galette = 1 bouteille de cidre à déguster * + 1 € Collectionnez nos fèves À du lundi au samedi : 7h à 19h sauf le mercredi jour de fermeture le dimanche : 7h à 13h * voir conditions à la boulangerie L’alcool est à consommer avec modération

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