la baule+ 28 // Avril 2023 Musique ► Rencontre avec le chanteur au Royal Barrière Cali : « J’ai perdu ma maman à l’âge de six ans et je lui écris tous les jours à travers mes chansons. » Le chanteur Cali effectue une tournée sur les scènes des casinos du groupe Barrière tout au long de ce premier semestre 2023, à l’occasion de la sortie de son nouveau disque, « Ces jours qu’on a presque oubliés », un album poétique et introspectif où Cali replonge dans des moments forts vécus avec des êtres chers, de Johnny Cash à Alain Souchon, en passant par Bruce Springsteen ou Steve Wickham. Cet album sort en ce mois d’avril 2023. Notons que Cali sera en concert le jeudi 20 avril à 20h30 à la salle Jeanne d’Arc au Croisic (renseignements à l’Office de tourisme du Croisic). La Baule + : Vous vous produisez actuellement dans toute la France dans les casinos Barrière. L’architecture des salles est souvent différente et les villes aussi… Cali : Quand je fais une tournée des Zénith, tous les Zénith se ressemblent, ce sont les mêmes. Depuis le début de cette tournée, je n’ai pas encore vu de lieux identiques, car aucun Casino Barrière ne ressemble à un autre. J’échange souvent avec le personnel et je me rends compte que le groupe Barrière est une énorme famille, avec des gens qui ont des histoires complètement différentes. Cette tournée me permet d’échanger avec le public. Il y a aussi beaucoup de Cali avec David Dupas, directeur du Casino de La Baule. gens qui me connaissent et qui m’ont vu en concert ailleurs, et ce sont des gens qui se rendent pour la première fois dans un casino Barrière. J’ai aussi vu des gens dans des casinos qui ne me connaissaient pas et qui sont venusme voir. C’est toujours très intime, parce que les jauges sont limitées et cela permet une vraie discussion. Je suis toujours avec ma guitare, elle a 30 ans cette année, et je raconte des histoires. C’est une performance car j’improvise souvent. Un spectacle à La Baule n’a rien à voir avec ce qui s’est passé à Cassis ou à Menton. Pour moi, c’est assez exceptionnel. C’est aussi une tournée qui dure plusieurs mois… Effectivement, mais ce n’est pas un spectacle, ce n’est pas quelque chose qui a été travaillé et rodé : ce sont des histoires qui s’écrivent au moment même où démarre la soirée. Un soir, je ne me suis plus souvenu des paroles d’une chanson, or quelqu’un a pu trouver les paroles sur son téléphone et il est venu à côté de moi... D’ailleurs, même dans vos chansons, on ressent toujours un intérêt permanent pour les autres. Auriez-vous pu être journaliste ? Je suis passionné par le journalisme. Mais, dans ce métier, il y a une rigueur que je n’ai pas, c’est un métier où il faut être tout le temps à l’affût. Un journaliste doit informer et décrire, et surtout être présent en permanence. J’aime beaucoup ces histoires écrites à la Bruce Springsteen, ouvrir une porte, me retrouver dans une nouvelle pièce et raconter une histoire. Chaque détail de la vie des gens peut m’intéresser. Bien entendu, je ne me compare pas à Bruce Springsteen, mais j’aime bien cette idée qui consiste à aller voler des moments. Dans une chanson, pour accepter l’idée de vieillir, il rencontre un personnage devant un drugstore, dans le New Jersey et ils décident d’aller prendre un café. Mais ils n’ont rien à se dire, parce qu’ils comprennent qu’ils ont beaucoup vieilli. J’aime beaucoup ce sens de l’observation. En réalité, 95 % de mes chansons sont des chansons d’amour. J’ai perdu ma maman à l’âge de six ans et je lui écris tous les jours à travers mes chansons. Je lui raconte ces jours qu’elle n’a pas vécus. Tant pis pour la pudeur, parce que cela me fait du bien. Le fait de dire cela face au public, c’est comme avoir un psy et je sors de mes concerts en étant nettoyé et lavé. Aujourd’hui, la société est très anxiogène, surtout depuis Internet. Je constate que mes enfants me posent des questions que je ne me posais pas à leur âge. Par exemple, ma petite de dix ans me parle de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, et elle est inquiète parce qu’elle a entendu que Poutine était prêt à appuyer sur le bouton nucléaire. Elle se demande si nous allons tous mourir… Mais dans votre enfance, il y avait le rideau de fer et aussi la menace nucléaire… Dans les années 2000, il y a eu le terrorisme… Oui, mais les journalistes servaient quand même de tampon, alors qu’aujourd’hui la caisse de résonance est immédiate. Quand j’écoute les informations aujourd’hui, c’est dramatique, ce ne sont plus des informations, ce sont des flèches permanentes. Nous devons dire aux enfants que la vie est belle et fragile, certes, mais qu’ils ont toute une vie devant eux, avec du soleil, et que ce sera beau. Il faut éviter de leur donner ces angoisses épouvantables. On nous parle de consommer la musique sur TikTok, c’est insupportable ! Votre nouvel album va sortir pour Pâques, avec des chansons plus intimistes et plus engagées, une sorte de Joan Baez masculin de 2023... Votre comparaison me touche. Ce sont de belles histoires que tout le
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