La Baule+

Le cinéma Le Gulf Stream, à La Baule, a organisé l’avant-première de la comédie « Jumeaux mais pas trop » en présence notamment d’Ahmed Sylla et de Bertrand Usclat. Le film sortira le 28 septembre prochain. Réalisé par Olivier Ducray et Wilfried Méance, il traite des retrouvailles de jumeaux, 33 ans après leur naissance. Les deux frères, Grégoire et Anthony, découvrent soudainement l’existence l’un de l’autre. Leur surprise est d’autant plus grande que l’un est blanc et l’autre noir. Mais leur couleur de peau est loin d’être le seul élément qui les différencie. Anthony est un enfant des quartiers, tandis que Grégoire a été élevé dans une famille bourgeoise. Le public baulois a été enchanté et cette comédie s’annonce comme un gros succès de la rentrée cinématographique. La Baule + : En lisant le résumé, on aurait pu s’attendre à un énième scénario politiquement correct, dans le cliché des caricatures des films subventionnés, mais ce n’est pas du tout le cas. D’ailleurs, ce n’est pas très surprenant, car vous aviez fait preuve d’indépendance d’esprit il y a quelque temps en dénonçant le catéchisme à la Malcom X… Ahmed Sylla : Vous avez résumé exactement les raisons pour lesquelles j’ai accepté de faire ce film. J’ai travaillé avec deux metteurs en scène très intelligents qui ont beaucoup de cœur et qui ont surtout l’envie de faire des films qui ont du sens, mais aussi de la profondeur. On peut rire de tout, avec la baule+ 28 // Septembre 2022 Cinéma ► Gros plan sur la comédie événement de la rentrée Ahmed Sylla : « Je venais draguer les filles à La Baule quand j’étais plus jeune. » De gauche à droite : Ahmed Sylla, Sonia Molière, directrice du cinéma Le Gulf Stream, Bertrand Usclat, et les réalisateurs Wilfried Méance et Olivier Ducray. tout le monde, mais il faut du sens et de la profondeur. C’est vrai, le résumé du film peut laisser penser à une comédie un peu légère, avec pas mal de clichés et de caricatures, mais quand j’ai lu le scénario, tout cela s’est effacé. J’ai effectivement eu les mêmes interrogations que vous. Je suis tombé amoureux de ce scénario, parce que nous avons dépassé les questions sociales ou raciales en allant vers quelque chose de plus universel, puisque nous parlons d’amour et de fraternité. Ce sont des choses grandes. Vous êtes chez vous à La Baule ! Quand je suis à La Baule, je suis à domicile. Tout ce couloir de l’avenue de Gaulle, je le connais par cœur. Je venais draguer les filles à La Baule quand j’étais plus jeune. Je venais avec mes potes, nous avions 18 ans… Dans le film, vous travaillez dans une maison de quartier, un sujet que vous connaissez bien… Aujourd’hui, on ne mesure pas la capacité de ces maisons de quartier de sauver des vies. J’y ai travaillé, donc j’ai mis un peu de moi dans ce personnage afin qu’il soit très humain et très vrai. Ce film incarne-t-il une sorte de Téranga à la française ? Le mot Téranga n’a jamais vraiment été bien traduit, il signifie beaucoup de choses. Je ne dirais pas une Téranga à la française, mais une Téranga universelle. Peu importe la nationalité, ce sont des valeurs qui rapprochent tout le monde. D’ailleurs, je constate, à travers les rencontres que nous avons faites, que les gens sont touchés à différents endroits mais de la même manière, parce que chacun a son histoire familiale, chacun a des secrets. Tout le monde se reconnaît à travers ce film. Donc, c’est une Téranga universelle. Vous avez toujours voulu faire ce métier… C’est vrai, mais j’ai appris sur le tard. Je n’ai pas fait d’école d’acteurs, mais j’ai eu la chance de rencontrer des metteurs en scène qui m’ont fait grandir. J’ai eu aussi la chance de rencontrer des comédiens excellents. Je fonctionne comme une éponge et j’essaie d’ingérer de l’information en permanence. C’est de cette manière que je me forme. L’humour méditerranéen, maghrébin ou africain a toujours eu beaucoup de succès en France, comme avec Robert Castel, Guy Bedos ou encore l’humour juif. Comment expliquez-vous cela ? L’humour français a évolué avec la population. On a vu à l’écran de plus en plus de gens d’origine maghrébine ou noire et les populations se sont senties représentées. Cela a fait bouger les codes, mais cela ne nous a pas empêchés d’avoir des modèles. Quand j’étais petit, j’étais fan de Raymond Devos et de Louis de Funès. Ce sont les premières personnes qui m’ont donné envie de faire rire, pas de faire ce métier, mais vraiment de faire rire. Le brassage de populations fait qu’il y a forcément plus d’humoristes arabes ou juifs et peut-être que dans quelques années, il n’y aura plus que des humoristes croates ! Propos recueillis par Yannick Urrien.

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