La Baule+

la baule+ 16 // Septembre 2022 Il ne s’agit pas d’un simple engagement de circonstance et Jean-Pierre Noirtin n’a pas découvert l’Ukraine le 24 février en regardant BFM TV. C’est un travail de solidarité sur un temps long, ce qui a séduit le président de la République, Emmanuel Macron, dans sa décision d’attribuer l’Ordre national du Mérite au baulois JeanPierre Noirtin. L’importance que revêt cette distinction s’est traduite par la présence de l’ambassadeur de France en Ukraine, Étienne de Poncins, qui a personnellement remis la décoration à l’intéressé le mercredi 24 août dernier. La cérémonie nous a aussi permis d’apprendre que l’ambassadeur connaît bien La Baule, puisque son grand-père y avait acheté une maison qu’il continue d’entretenir. Franck Louvrier, maire de LaBaule, a résumé ces trente ans de passion de Jean-Pierre Noirtin à l’égard de l’Ukraine : « Plus d’une centaine de voyages, lui-même ne les compte plus, avec à un moment donné, un appartement à Kiev, où il a même résidé à mi-temps pendant 5 ans ; des échanges au niveau de l’enseignement supérieur, des étudiants, des enseignants, de programmes universitaires… ; moultes actions humanitaires, comme l’obtention de bourses pour aider les étudiants ukrainiens ou amener une ambulance dans cet Est lointain ; la structuration du club-service du Rotary en Ukraine au sortir de la période communiste, avec la création d’une trentaine de clubs, un peu partout dans le pays… » Venir en aide à ces populations martyrisées Franck Louvrier a également voulu saluer la mobilisation importante des Baulois depuis le début de ce conflit : « La Baule-Escoublac a été l’une des premières communes de France à mettre en place des actions de soutien en faveur du peuple ukrainien. Nous apprenons chaque jour de ce peuple, de sa détermination à lutter contre l’expansionnisme de son voisin russe, de son héroïsme incarné aujourd’hui par le président Volodymyr Zelensky. Notre mission est de venir en aide à ces populations martyrisées qui sont prises dans le tourbillon de la détermination guerrière d’un homme, Vladimir Poutine. Dès le début du conflit, les Bauloises et les Baulois se sont mobilisés au-delà de nos espérances, avec le soutien des associations de commerçants et l’aide logistique de la Protection civile, pour fournir des biens de première nécessité, des médicaments et du matériel médical. D’autres ont accueilli des familles que j’ai rencontrées et nous avons pu scolariser leurs enfants. » Le baulois Jean-Pierre Noirtin reçoit l’Ordre national du Mérite pour son engagement en faveur de l’Ukraine La Baule+ : Comment avezvous découvert l’Ukraine ? Jean-PierreNoirtin : Monpremier voyage en Ukraine remonte au 3 mars 1994. J’ai d’abord été séduit par l’accueil de la population car, lorsque je suis arrivé, ce pays était en déconfiture. C’était après la chute de l’Union soviétique. L’inflation était de 15 % par jour, les gens étaient perdus et le pays était laissé à lui-même après la séparation de l’Union soviétique. Ce qui m’a intéressé, c’est cette aventure, mais surtout la sensibilité ukrainienne, parce qu’il y a vraiment une sensibilité ukrainienne. Je suis immédiatement tombé amoureux de ce pays, malgré les conditions qui étaient très difficiles, parce qu’il ne fait pas très chaud en mars, j’étais logé chez l’habitant, l’eau était coupée la moitié du temps, les toilettes étaient dans le jardin et il y avait très peu de chauffage. A cette époque, c’était vraiment le Moyen Âge. Les Ukrainiens ont été persécutés par les Russes et ils ont été victimes de la grande famine imposée par Staline. Mais les Russes considèrent l’Ukraine comme leur petite sœur. On a le sentiment qu’il y a un mélange d’amour, de méfiance et de haine. Comment analysez-vous les relations entre les Ukrainiens et les Russes ? Il y avait de l’amour au début. Il ne faut pas oublier que l’Ukraine est le berceau de la Russie, cela veut dire frontière. La principauté de Kiev a été créée quatre cents ans avant Moscou et la Russie s’est construite à partir de l’Ukraine. Il y a quand même une sensibilité ukrainienne très spécifique, qui est très différente de la sensibilité russe, mais il y a eu plusieurs mariages. Les familles se sont mélangées au moment de l’Union soviétique et, quand je suis arrivé, l’est de l’Ukraine était très russophone. À partir du moment où ils se sont aperçus que c’était la dictature, alors que chez eux c’était la démocratie, ils se sont détachés des Russes. De nombreux Français font la différence entre le soutien aux réfugiés et le soutien au gouvernement ukrainien, notamment sur la question du Donbass et du bombardement des populations russophones depuis des années. Que répondez-vous à cela ? La population a été très sensibilisée et il y a eu un très fort élan de spontanéité, alors que l’Ukraine était très peu connue avant la guerre. Beaucoup de Français se sont mobilisés pour accueillir les réfugiés. Effectivement, au début, la mobilisation était à 100 %, un peu moins maintenant, parce que de nombreux Français pensaient que cela durerait quinze jours ou trois semaines. Maintenant, la vie est beaucoup plus difficile chez nous, le pouvoir d’achat a beaucoup baissé et nous avons beaucoup de mal à trouver des familles d’accueil. Jean-Pierre Noirtin : « Il y a vraiment une sensibilité ukrainienne. » Jean-Pierre Noirtin, Étienne de Poncins, ambassadeur de France en Ukraine, et Franck Louvrier, maire de La Baule

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