la baule+ 30 // Octobre 2022 Humeur ► Le billet de Dominique Labarrière Rude hiver C’était Poutine qu’il fallait débrancher, ils ont choisi Fessenheim. Calamiteuse option. Résultat, nous avons la guerre à nos portes et la promesse d’un hiver aux tisons. Pas plus de dix-neuf degrés, avertit le prédicateur en chef du nouvel ordre domestique. Col roulé et doudoune à tous les étages, renchérissent les ministres sommés de porter la bonne parole jusque dans les chaumières. Ça promet. Il ne nous manquerait plus qu’un retour en force du Covid, avec masque obligatoire, pass sanitaire et confinement pour que nous entrions dans une sorte d’ère glaciaire d’avant l’homme des cavernes où, en attendant de claquer du virus, nous aurions le bonheur de claquer des dents de la Toussaint aux fêtes de Noël, voire à Pâques. Encore que, ici, j’use du mot fête par la seule force de l’habitude. Point de flamboyantes illuminations, de la dinde rôtie à très petit feu et des cadeaux exclusivement écolo-compatibles selon une liste établie par les Mères Noël des temps modernes Thunberg, Rousseau et consœurs. Pas de jeux énergivores pour les petits. Train électrique, s’abstenir. Préférer les parties de main chaude. Si dans les foyers en phase de rupture, comme chez certains caciques de la Nupes, l’ambiance devient électrique, en profiter pour brancher l’aspirateur. Car, en de telles circonstances, il faut faire preuve d’ingéniosité. Et les plus beaux esprits de notre belle France de se bousculer pour nous abreuver de conseils malins. Persuadés que nous sommes trop débiles pour deviner de nousmêmes comment nous y prendre (Remarquez, ils ont quelques raisons de douter de nos facultés intellectuelles: pour la plupart, nous les avons élus...) ils nous font la leçon. La grande patronne du service public de télévision est venue à l’écran nous dire qu’il vaudrait mieux attendre la fin du pic de vingt heures pour mettre au four le gratin de courgettes. Ne manquait plus que la recette dudit-gratin. Cela dit, éteindre la télé et préférer mettre le gratin au four me paraît être une option au moins aussi enrichissante. Cependant, la palme de l’infantilisation méprisante revient indiscutablement à M. Legendre, vous savez celui qui nous expliquait que notre difficulté à comprendre leur ébouriffante politique venait de ce qu’ils étaient trop intelligents. Eh bien, ce Pic de la Mirandole s’est fendu d’un cours d’économie énergétique par l’exemple. « Ma femme et moi, expose-t-il sans rire, nous délaissons le sèche-linge, nous étendons notre lessive et laissons sécher à l’air. Ça marche très bien aussi. » On imagine la scène : Monsieur le député et sa dame (très opportunément casée à la direction de la communication de la Française des Jeux quelques jours seulement avant la privatisation), équipés de chapkas à rabats, d’écharpes tricotées le soir à la veillée, de mitaines et châles du même métal, étendant le caleçon molletonné et la chemise en pilou sur un fil tendu à travers leur cuisine sans feu. Il vaut mieux en rire, car rire réchauffe. Donc notre hiver menace d’être rude. La faute à Poutine, nous serinent-t-ils pour se dédouaner et nous faire oublier la calamiteuse option sus-mentionnée. En fait, ils ne se dédouanent en rien. Au contraire. Si gouverner c’est prévoir, ils auraient dû, eux tous, en France et au sommet de l’Europe, anticiper les conséquences désastreuses de toute agression militaire aux marches du territoire et faire en sorte qu’elle ne se produise jamais. Débrancher Poutine et sa folie martiale, c’était cela leur job. C’était cela qu’imposait leur mission première qui est de protéger les peuples. Or, ils ne l’ont pas vu venir, le tsar k.g.biste Poutine avec ses gros canons. Il s’est pourtant offert un tour de chauffe en Crimée. Cela aurait pu mettre la puce à l’oreille, semble-t-il. Tout comme, à propos du Covid, dans les années 2000, ce rapport très alarmant de l’OMS décrivant avec une glaçante précision ce que seraient les pandémies à venir : leur rapidité de propagation à travers la planète, l’effondrement des systèmes hospitaliers si rien n’était entrepris, les pénuries diverses et variée, les effets sur l’organisation du travail et les conséquences économiques. Tout y était en quelques pages. Encore fallait-il les lire. Encore fallait-il entendre Poutine quand, discours après discours, il laissait poindre sa nostalgie de l’empire soviétique. Rien vu venir, rien. L’Europe de l’impuissance dans toute sa splendeur. Et on fait mine de s’horrifier des votes italiens et suédois. Cécité encore. Bref, comme on ne dit plus du côté de chez M. Mélenchon, il y a tout de même des gifles qui se perdent ! Solutions des mots croisés (Page 21)
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