La Baule+

la baule+ 2 // Octobre 2022 Les élus des nombreuses communes impactées par l’installation des éoliennes en mer ouvrent le dossier des indemnisations. Depuis le début du projet, une compensation financière avait été promise par l’État pour couvrir le préjudice visuel. Or, aujourd’hui, les maires estiment que la pollution visuelle est plus importante que prévu, que le compte n’y est pas et qu’il ne faut pas seulement tenir compte de la population à l’année dans le calcul, mais aussi de la population estivale des années précédentes, notamment pour compenser la perte touristique. Le tribunal a reconnu que, non seulement il y avait décote, mais a acté le fait qu’il y avait une baisse de la valeur de la propriété... Pour les particuliers, plusieurs questions se posent, notamment celle de la réduction de leur taxe foncière. L’année dernière, Jean-Louis Butré, président de la Fédération Environnement durable, avait annoncé que des adhérents avaient pu obtenir auprès des services fiscaux une réduction en raison de la présence d’éoliennes en terre : « Notre vice-présidente, qui vit à 700 mètres des éoliennes, a demandé une décote aux services fiscaux et elle l’a obtenue… Mais comme cela ne collait pas tout à fait avec ce qu’elle voulait, elle a été devant le tribunal et le tribunal a reconnu que, non seulement il y avait décote, mais a acté le fait qu’il y avait une baisse de la valeur de sa propriété. C’est un jugement définitif, il n’y a pas eu de recours, ce qui fait que toute personne qui est à moins de 2 kilomètres des éoliennes peut demander une baisse de sa taxe foncière ». Peut-on envisager que la situation sera semblable pour les éoliennes en mer, en raison de l’impact sur le panorama ? Jean-Louis Butré a souligné à ce sujet sur Kernews : « Nous n’avons pas encore exploré ce cas. Il peut y avoir des gens qui achètent un appartement face à la mer et qui n’ont pas été prévenus de la présence de ces éoliennes. Donc, ils vont s’apercevoir que la vue ne sera pas la même, avec des éoliennes qui vont clignoter... Ce n’est pas exactement ce qu’ils voulaient… Ces gens peuvent se retourner contre les notaires qui n’ont pas dit ce qu’il fallait, mais aussi contre les maires de ces communes, et commencer des procédures. Nous n’en sommes qu’au début ». Franck Louvrier, maire de La Baule, a déclaré, lors du Conseil municipal du 30 septembre dernier, qu’il s’agit d’un mal nécessaire, tout en déplorant « que notre Côte sauvage devienne une côte industrielle. Mais nous sommes ici la seule zone métropolitaine en sous-capacité énergétique : nous sommes dans l’obligation de réparer les erreurs du passé. Nous pouvons ainsi regretter d’avoir à payer le manque de vision, d’ambition et de courage de nos gouvernants dans les années 80 qui, par idéologie, n’ont pas anticipé les évolutions et les besoins de notre société. Alors que nous sommes dans une région dépourvue de sources de production d’énergie décarbonée, force est de constater qu’aujourd’hui nous aurions bien besoin de la centrale nucléaire du Carnet ». Il a ajouté : « Soyons lucides et raisonnables, le « tout nucléaire » ou le «tout renouvelable » ne fonctionne pas : la clé, c’est la diversité des modèles, ce que l’on appelle le mix énergétique. Prenons simplement l’exemple de l’Allemagne qui, sous la pression des Verts, a décidé de cesser de consommer de l’électricité issue du nucléaire pour la remplacer par du renouvelable. Résultat, cette dernière s’avérant insuffisante, nos voisins d’outre-Rhin ont dû avoir recours aux centrales à charbon, avec comme résultat rapide une détérioration notable de la qualité de l’air. Au point, maintenant, d’envisager de revenir au nucléaire… » C’est plutôt le sentiment d’avoir été dupés qui domine Après ces considérations géopolitiques, Franck Louvrier n’a pas mâché ses mots: « Alors qu’avec ce premier champ français d’éoliennes en mer nous pourrions en tirer de la fierté, c’est plutôt le sentiment d’avoir été dupés qui domine. Les résidents et les visiteurs n’ont pas manqué de s’exprimer là-dessus cet été depuis que les premières éoliennes sont visibles: pollution visuelle, saccage du littoral… Manifestement, les images de synthèse que l’on nous avait montrées lors de l’élaboration du projet sont sans correspondance avec la réalité. Pourtant, et comme par hasard, lors du lancement du projet il y a dix ans, une compensation financière à la hauteur du préjudice visuel avait été anticipée, en taxant l’opérateur sur sa production d’électricité. Suivant les projections, cette taxe éolienne représenterait pour notre champ « local » 9 M € la première année, dont 35 % en direction des pêcheurs et 50 % pour les communes qui en subissent l’impact ». Éoliennes : Franck Louvrier déplore la transformation de la Côte sauvage en « côte industrielle » et demande la réévaluation de l’indemnisation financière

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