La Baule+

la baule + L’essentiel de la presqu’île guérandaise ! Mensuel gratuit d’ informations - N° 212 - Février 2022 NE JETEZ PAS CE JOURNAL SUR LA VOIE PUBLIQUE : RAPPORTEZ LA BAULE+ CHEZ VOUS ! BIEN VIVRE Le Marché Paysan Socali vous aide à conquérir votre autonomie alimentaire Page 6 LITTÉRATURE Le guérandais Piliwe Sibille relate son périple en plein tremblement de terre de Mexico Page 23 Véronique Genest POLITIQUE Alexandre Dézé souligne que les sondages se trompent de plus en plus… Pages 4 et 5 Pages 16 à 18 « Je prends toujours le parti de celui qui est le plus à plaindre. » Dominique Labarrière et Fabienne Brasseur : 6h30 - 7h Rediffusion : 8h15 - 8h45 Yannick Urrien et son invité du jour : 7h15 - 7h40 Rediffusion : 9h10 - 9h35 Du lundi au vendredi : une matinale 100% Info Espionnage Eric Denécé Le directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement dévoile les nouvelles méthodes des services secrets Pages 8 à 10 Cinéma Sophie Guillemin et Thierry Godard Rencontre avec deux talents du cinéma français Page 14

la baule+ 2 // Février 2022 COLLECTE, DESTRUCTION ET RECYCLAGE DE VOS ARCHIVES PROFESSIONNELS ET PARTICULIERS Tél. 06 82 94 67 89 - www.classarchiv.fr Leguignac - HERBIGNAC - classarchivdestruction@gmail.com . Gain de place dans vos locaux . Sécurité et confidentialité . Conseils en matière des délais de détention des archives . Remise d’un certificat de destruction Ariane Chemin, grand reporter au journal Le Monde, sera au Croisic vendredi 25 février à 18h30 à la salle Jeanne d’Arc, pour une conférence sur le thème « Comment raconter une élection présidentielle ». Ariane Chemin a suivi de nombreuses campagnes électorales et écrit plusieurs ouvrages politiques. Elle a été pendant de nombreuses années journaliste au quotidien Le Monde, au service « politique » et « société », avant de devenir grand reporter dans ce même journal. Elle écrit aussi des livres d’actualité, dont « La Femme fatale » avec Raphaëlle Bacqué, au lendemain de l’élection présidentielle de 2007. Cette même année, Ariane Chemin publie avec Judith Perrignon « La Nuit du Fouquet’s », sur la soirée du Fouquet’s du 6 mai 2007. En 2018, elle a reçu le prix littéraire Hervé-Ghesquière, avec Raphaëlle Bacqué, pour leur ouvrage « La Communauté ». Les campagnes sont toujours plus déroutantes d’année en année… La visite d’Ariane Chemin au Croisic n’est pas vraiment surprenante, car elle connaît bien les lieux : « J’ai passé beaucoup de temps sur la presqu’île, puisque le père de mes enfants a une maison au Pouliguen. J’y ai passé, il y a quelques années, toutes les vacances scolaires et toutes les vacances d’été. J’ai accepté la proposition du Croisic, parce que cette commune est une petite madeleine et j’aime beaucoup Jacques Bruneau, premier adjoint au Croisic, qui m’a invitée. » C’est Ariane Chemin qui a eu l’idée d’aborder ce thème : « Je n’aime pas venir faire des promos. Il se trouve que Jacques Bruneau m’avait proposé de venir parler d’un auteur que j’aime bien et je lui ai suggéré d’évoquer le suivi d’une campagne présidentielle par un journaliste. C’est aussi l’occasion de faire partager quelque chose de plus concret. En plus, les campagnes sont toujours plus déroutantes d’année en année… » Valérie Pécresse, sur le plateau de BFM, qui donne une leçon à JeanJacques Bourdin Ariane Chemin livre l’analyse de sa fonction de grand reporter qui, par définition, doit prendre plus de recul par rapport à l’instantanéité de l’actualité : « Tout le monde est journaliste mais, dans le journalisme, il y a des métiers très différents, on peut être éditorialiste, on peut être rubricard… Je suis grand reporter, cela ne veut pas dire que l’on est plus important ou plus grand que les autres, cela veut dire que l’on peut s’occuper de n’importe quel sujet. Par exemple, je viens C’est un Don Quichotte du 21e siècle, revisité avec humour et de multiples clins d’œil à l’actualité, une pièce de théâtre décalée… La Ville du Pouliguen propose une représentation de cette pièce, mardi 8 février à 20h30, à la salle André Ravache. Les places sont disponibles auprès de l’Office de tourisme du Pouliguen. « Don Quichotte, c’est avant tout l’histoire de cet idéaliste qui veut devenir un super-héros de la chevalerie et qui se heurte aux réalités contemporaines », explique l’auteur et metteur en scène Francisca Rosell. Dans ce spectacle, on retrouve les héros du roman écrit en 1605, puis en 1615, par Miguel de Cervantes, à savoir Sancho Panza (le fidèle écuyer de Don Quichotte), ou encore la Dulcinée. Considéré comme l’un des romans les plus importants de la littérature mondiale et comme le premier roman moderne, Don Quichotte est tour à tour satire sociale, pur comique, et analyse politique. Le livre est une parodie des mœurs médiévales et de l’idéal chevaleresque, ainsi qu’une critique d’une société espagnole alors rigide. « On suit vraiment les aventures qui sont dans le roman de Cervantes», indique Francisca Rosell, C’est une initiative originale pour faciliter le rapprochement des élus avec la population dans une ville étendue : une permanence municipale mobile. Les élus de permanence accueilleront, sans rendez-vous, dans un véhicule aménagé en bureau, les résidents pour répondre à leurs questions, les informer, les documenter et prendre connaissance de leurs suggestions. Ce rendez-vous libre aura lieu, le week-end, en alternance dans tous les quartiers de la commune. La Pour répondre à la demande importante de tests Covid 19, la ville de La Baule exploite un centre de dépistage permanent au Stade François André, Salle Centaure 1-EPONA, rue des Rosières. Ce centre est ouvert du lundi au samedi, de 8h à 12h et de 14h à 18h, sans RDV, sur présentation d’une pièce d’identité et de la carte vitale. Tous les tests peuvent y être réalisés: PCR nasopharynx, PCR salivaires et tests antigéniques. Pour un accès facile, le stationnement à l’angle de l’avenue de Joyeuse et de l’avenue d’Agen est disponible. Notons que les tests sont gratuits pour les personnes présentant un schéma vaccinal complet. Rendez-vous ► La journaliste raconte les coulisses d’une élection présidentielle Ariane Chemin : « Une élection présidentielle, ce sont des moments. » de finir une série d’enquêtes sur les homosexuels dans les années d’après-guerre, jusqu’en 1982. Je vais passer à autre chose en faisant un portrait de Valérie Pécresse, donc je change de matière à chaque fois. Cette fois-ci, je regarde cette campagne et tous les candidats et c’est ce qui fait le sel du grand reportage. » Selon elle, « une élection présidentielle, ce sont des moments. Dans le grand récit de cette présidentielle 2022, il y a déjà eu des moments importants, comme Anne Hidalgo qui prend le train pour aller dans l’Ouest de la France et puis fait demi-tour en disant que cela ne va pas. L’autre grand moment, c’est Valérie Pécresse, sur le plateau de BFM, qui donne une leçon à Jean-Jacques Bourdin en expliquant qu’elle ne peut pas laisser passer certaines choses… C’est aussi un moment important de la campagne. Ce sont des petits moments qui dessinent quelque chose de très particulier et qui resteront après. Par exemple, lorsque Lionel Jospin dit dans un avion que Jacques Chirac est usé et fatigué, il perd peut-être l’élection présidentielle avec ces quelques mots. C’est ce que je voudrais essayer de raconter au Croisic. » Pratique : « Comment raconter une élection présidentielle », conférence d’Ariane Chemin, vendredi 25 février 2022, à 18h30, Salle Jeanne d’Arc au Croisic. Entrée libre. Représentation de « Don Quichotte… ou Presque » mardi 8 février au Pouliguen La Baule lance une permanence municipale mobile Covid : un centre de dépistage permanent à La Baule ville de La Baule souligne que cette permanence mobile rejoint l’engagement de Franck Louvrier de faciliter le rapprochement des élus et des services publics municipaux vers les administrés. Ainsi, cet engagement s’est déjà traduit par la mise en place de six Comités consultatifs de quartier sur tout le territoire de la commune ; l’instauration de diverses commissions thématiques, comme celle du Plan vélo, qui rassemble élus, associations et usagers, et la création de l’annexe de mairie de La Baule-les-Pins, place des Palmiers. «et tout cela est traité avec beaucoup d’humour, d’absurde, de burlesque. C’est osé, rythmé et décalé ». Sur scène, alors que les comédiens de la compagnie Décal’Comédies partagent une véritable connivence, ils invitent parfois le public à entrer dans leur jeu. « Don Quichotte, personnage généreux qui se pose en redresseur de torts, se prend pour un authentique chevalier errant et nous entraîne avec lui dans ses aventures. C’est un éventail de comiques dans l’air du temps qui touche tous les publics », conclut Patrick Guéguen, délégué à la Vie culturelle et artistique. Pratique : « Don Quichotte… ou Presque » mardi 8 février à 20h30 à la salle André Ravache du Pouliguen. Tarif unique : 15 € - Billetterie : Office de tourisme du Pouliguen.

la baule+ Février 2022 // 3 L’Artiste Gilt présente à la Galerie Art Escale 8 œuvres réalisées en Subligraphie. Ces créations nous font découvrir la presqu’île Guérandaise. Gilt est un poète, novateur et inspiré. Il nous révèle un panorama unique d’images qui nous seraient sans doute simplement familières s’ils ne les avaient analysées, Gilt présente 8 œuvres réalisées en Subligraphie à la Galerie Art Escale évaluées, interprétées et revisitées, les transformant irrémédiablement de son empreinte. Paysages urbains ou coins de nature authentique, lieux de rêves secrets ou lointains, l’œuvre chantante et contrastée de Gilt ne laisse personne indifférent. Jeux d’ombres et de lumières, pureté des formes, interpénétration des lignes et des volumes, oppositions révélatrices et inattendues, Gilt nous propose une œuvre tout à la fois virile et tendre, totalement contemporaine, à partir de laquelle chacun de nous sent croître son émotion. Pratique : Exposition Gilt, du 5 février au 6 mars 2022 à la Galerie Art Escale, 2, avenue Hector Berlioz à La Baule. Pornichet recrute ses saisonniers La commune de Pornichet recrute une soixantaine de saisonniers, dont une vingtaine de nageurs sauveteurs titulaires des formations obligatoires (BNSSA, permis mer, PSE1) pour la surveillance de ses plages. La ville recherche, également, 7 agents de surveillance de la voie publique, une vingtaine d’animateurs (titulaires du BAFA), ainsi qu‘une quinzaine d’agents qui seront chargés soit de l’entretien des espaces verts, ou de l’entretien des espaces publics, ou encore, de la bonne organisation des nombreux événements se déroulant sur la commune. Les candidatures sont à adresser à ressources-humaines@ mairie-pornichet.fr

la baule+ 4 // Février 2022 La Baule + : Le grand public se passionne pour les sondages, mais il sait aussi que les sondages se trompent de plus en plus souvent… Cependant, ils semblent indiquer une tendance. Qu’en pensez-vous ? Alexandre Dézé : C’est un instrument qui mesure des rapports de force. Plus un sondage est fait en amont d’un scrutin, plus il est imprécis, car on est sur un outil qui mesure des rapports de force de manière relativement vague. Cependant, on fait tous attention aux sondages, c’est une boussole indispensable, tant pour les acteurs politiques que pour les médias. J’avais envie de rendre accessible au grand public ce que l’on sait des modalités de production des sondages, car certains aspects sont toujours opaques, en dépit de l’existence d’une législation qui pèse sur les conditions de production de ces sondages. On est arrivé à un niveau de production beaucoup trop important et pourtant les sondages se trompent souvent... Même si les sondages ne sont pas précis, on peut convenir qu’Emmanuel Macron s’inscrit dans une zone large de 25 % et que Jean Lassalle se situe dans une zone large de 2 %… Les sondages sont quand même réalisés par de bons analystes politiques qui ont suivi des formations en sciences politiques. Malgré Politique ► Un expert souligne que les sondages se trompent de plus en plus… Alexandre Dézé : « L’influence d’un sondage, par rapport aux déterminants sociaux d’une personne, est minime. » Jamais les sondages n’ont occupé une telle place dans la vie politique et, pourtant, ils se trompent de plus en plus… C’est ce que démontre Alexandre Dézé dans un ouvrage où il indique que leurs prévisions ne se révèlent correctes, à six mois d’une élection présidentielle, que dans un cas sur huit. Alexandre Dézé est maître de conférences en science politique à l’Université de Montpellier, chercheur au CEPEL (UMR 5112) et enseignant à Sciences Po Paris. Docteur en science politique de l’Institut d’Études Politiques de Paris (2008), il est également titulaire d’un DEA d’Histoire du vingtième siècle et d’un DEA d’Études politiques de l’IEP de Paris. Il est chargé de conférence à l’IEP de Paris. Il a également été attaché temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université de Tours (2001-2003) et visiting fellow à l’Université de Princeton (2003-2004). « 10 leçons sur les sondages politiques » d’Alexandre Dézé est publié aux Éditions De Boeck Supérieur. tout, quand on regarde les résultats bruts, on se rend compte que les intentions de vote pour les candidats de gauche ou du centre sont toujours surestimées et qu’à l’inverse les intentions pour les candidats d’extrême droite sont souvent sous-estimées… Ceux qui fabriquent les sondages les corrigent en fonction de leur propre analyse des rapports de force On a eu l’exemple inverse avec Thierry Mariani, en région PACA l’année dernière, puisque tous les sondages le donnaient gagnant… C’est un cas d’erreur typique. Les sondages sont corrigés, avec des coefficients de redressement, et l’on s’aperçoit que ceux qui fabriquent les sondages les corrigent en fonction de leur propre analyse des rapports de force. Un ancien responsable de TNS Sofres disait qu’il y a des recettes, mais aussi une part de pifomètre… Effectivement, il n’est pas très difficile de penser que Jean Lassalle est aux alentours de 2 % et qu’Emmanuel Macron ne s’en sort pas trop mal après la gestion de la pandémie. À droite, Valérie Pécresse ne fait pas une mauvaise campagne. Ce sont des éléments que l’on perçoit de manière quotidienne et c’est ce qui permet aux sondeurs de corriger le résultat. La grande inconnue, c’est la participation électorale. On sait que ce qui a perturbé les évaluations des instituts, c’est cette question de la participation, notamment dans un contexte pandémique très particulier. On croit souvent que les sondages donnent une perception de l’opinion à un instant T, or vous démontez cette idée reçue… Un sociologue rappelle justement que si c’est une photographie de l’opinion, elle est souvent floue et souvent mal cadrée. L’opinion est une construction. Cette expression permet d’excuser les erreurs des sondeurs. Certaines personnes répondent en essayant de se conférer une stature intellectuelle, en fonction des autres sondages, mais aussi par crainte d’être cataloguées dans un mauvais camp… C’était particulièrement vrai quand les enquêtes étaient réalisées par téléphone ou en face-à-face. Il y avait une sorte de contrôle social qui s’exerçait par l’enquêteur. C’est moins le cas maintenant, d’abord parce que le Rassemblement national a beaucoup progressé et, en plus, Zemmour a pris le versant radical de cet électorat. La très grande majorité des sondages sont aujourd’hui réalisés par Internet et il est important de souligner que n’importe qui peut s’inscrire sur les sites Internet des instituts, où vous pouvez aussi rentrer à peu près n’importe quelle identité... Pour le livre, j’ai fait le test, en remplissant n’importe quoi et, ensuite, j’ai été sollicité pour répondre à un certain nombre de sondages. Les sollicitations sont quotidiennes et, en échange, vous allez pouvoir gagner des points que vous allez pouvoir monnayer contre des cadeaux. Par exemple, dans un sondage, j’ai répondu que j’allais voter pour le parti animaliste, alors que je ne connais pas son programme, et que j’étais protestant, alors que je suis athée... Les réponses ne sont jamais contrôlées Et un soir, vous allez entendre sur BFM TV un spécialiste expliquer que les protestants sont très attirés par le parti animaliste… Voilà ce que cela donnerait, si l’on était plusieurs à faire ça ! Donc, vous pouvez répondre des choses parfaitement contraires aux différentes questions et les réponses ne sont jamais contrôlées. La manière dont on répond à une enquête n’est pas du tout la même, lorsque l’on est face à un enquêteur, ou lorsque l’on est seul devant son ordinateur. Un certain nombre de personnes participent à ces sondages, non pas pour donner leur opinion, mais pour obtenir des points qui seront monnayables. Vous pouvez gagner des cadeaux en passant une partie de votre journée en répondant à des sondages. Donc, le sondage est un outil qui pose un certain nombre de problèmes... Les sondages sont un instrument de sélection du personnel politique Pourtant, tout en sachant cela, les politiques prennent souvent leurs décisions en fonction des sondages et ils

la baule+ Février 2022 // 5 sont surpris lorsqu’ils découvrent qu’ils déçoivent les Français… Les politiques ont un rapport souvent ambivalent par rapport aux sondages. Il faut bien comprendre que les sondages sont un instrument de sélection du personnel politique. Cela produit des effets d’accréditation, on l’a vu avec Éric Zemmour en septembre 2021, quand il est apparu comme un potentiel acteur politique au second tour face à Emmanuel Macron. On peut douter de cela, mais toujours est-il que cela aura fixé l’attention des médias et des acteurs politiques. Il faut bien savoir que la centralité des sondages contraint toujours les acteurs politiques à se positionner par rapport aux résultats des enquêtes. C’est un travail délicat. On oublie à quel point l’art de la politique est compliqué, dans notre économie médiatique actuelle, où les choses vont toujours très vite. Il ne faut pas oublier que faire de la politique est plutôt quelque chose qui relève d’une temporalité lente. Nous conforter et pas nous écarter de nos orientations électorales Philippe de Villiers raconte souvent qu’au moment des élections européennes, il était longtemps à 3 ou 4 %. Il était associé à l’époque au milliardaire Jimmy Goldsmith, qui a décidé de lui payer un sondage. Et, tout d’un coup, ils sont arrivés à 14 %… Finalement, Philippe de Villiers a pu créer la surprise aux européennes de 1994… Fautil payer pour être bien classé ? Il peut y avoir une instrumentalisation politique de certains sondages, mais généralement les instituts préfèrent conserver des positions plutôt neutres, pour ne pas se fermer vis-à-vis de certains autres clients. Vous pouvez avoir des instituts qui ont des partenariats avec des journaux de gauche ou des radios de droite, ou vice versa, mais le milieu des sondages reste très petit et il entretient des rapports étroits avec les politiques. Autant il faut souligner les difficultés que rencontrent les instituts, autant on ne peut pas les accuser de manipuler l’opinion, c’est une idée relativement fausse. D’abord, pour que les sondages influencent l’opinion, il faudrait que l’opinion perçoive les sondages, mais on peut considérer qu’une personne sur deux ne fait pas attention aux résultats des sondages. Ensuite, l’influence d’un sondage, par rapport aux déterminants sociaux d’une personne, est minime. On vote en fonction de notre socialisation, de notre héritage familial, de notre position dans l’échelle sociale ou de notre niveau de diplôme. Cela nous expose à certaines informations qui ont généralement pour fonction de nous conforter, et pas de nous écarter de nos orientations électorales. Vous avez seulement un électeur sur dix qui passe de la gauche à la droite, ou de la droite à la gauche… Pensez-vous que l’on vote toujours en fonction de son héritage familial ? En moyenne, à chaque scrutin, vous avez seulement un électeur sur dix qui passe de la gauche à la droite, ou de la droite à la gauche… En réalité, ce qui compte, c’est la mobilisation. Ce qui va faire varier les résultats, ce n’est pas le basculement gauche droite, car cela reste minoritaire dans l’électorat, mais surtout le niveau de mobilisation des électorats. Il y a toujours un phénomène de volatilité électorale, or cette volatilité se produit toujours au sein de la gauche et au sein de la droite, mais rarement entre les deux camps. Par exemple, vous avez des personnes qui peuvent passer d’un candidat écologiste à une liste socialiste, ou à Mélenchon, c’est quand même une trajectoire qui se situe au sein de la gauche. On peut observer la même chose à droite. Sur votre question, on se rend compte que les déterminants sociaux classiques ne fonctionnent pas aussi bien dans la production des comportements électoraux qu’il y a une trentaine d’années. Auparavant, si vous étiez ouvrier, vous aviez 7 chances sur 10 de voter à gauche. De la même manière, si vous étiez catholique pratiquant, vous aviez 8 chances sur 10 de voter pour la droite. Aujourd’hui, le vote ouvrier est complètement explosé. Vous avez 30 à 40 % des ouvriers qui votent à l’extrême droite, mais ce ne sont pas des ouvriers qui sont passés de la gauche à l’extrême droite, c’est plutôt une nouvelle génération d’ouvriers. Même à l’époque où la gauche avait 70 % du vote ouvrier, lors des législatives de 1978 par exemple, vous aviez quand même 30 % des ouvriers qui votaient déjà à droite. Maintenant, les catégories socio-professionnelles des individus deviennent de moins en moins explicatives du vote. La variable la plus importante, c’est le niveau du diplôme : par exemple, vous avez quatre fois plus de probabilités de voter pour Marine Le Pen à la prochaine présidentielle si vous n’avez pas de diplôme. Propos recueillis par Yannick Urrien.

la baule+ 6 // Février 2022 Bien vivre ► À la découverte de la plus grande graineterie de la région Le Marché Paysan Socali vous aide à conquérir votre autonomie alimentaire Que vous ayez un petit balcon, un jardin de ville ou de grandes surfaces, le Marché Paysan Socali propose un espace graineterie qui répond à toutes les attentes. L’équipe est également formée pour conseiller tous les publics, de l’ancien citadin novice qui voudrait bien faire pousser quelque chose dans son petit jardin, au survivaliste qui a pour objectif de conquérir son autonomie alimentaire! Soyez rassurés, si vous n’y connaissez rien après avoir vécu des décennies dans des métropoles, on ne se moquera pas de vous : « Aucune question n’est ridicule. C’est même normal, car personne n’apprend cela s’il n’est pas issu d’un milieu rural, donc c’est aussi à nous de faire preuve de pédagogie » souligne Aurore, responsable de l’espace graineterie. Ce rayon existe depuis 1905. Il a progressivement pris de l’importance, mais aujourd’hui l’équipe souhaite vraiment en faire un espace majeur. Fabien Floquet, l’un des responsables du Marché Paysan Socali, expose la philosophie de l’enseigne : « On a délégué notre alimentation à d’autres et nous devons revenir là-dessus en reprenant l’initiative. C’est une question centrale pour notre avenir et cela nous permet aussi de mieux appréhender les efforts qui sont faits par les agriculteurs. En plus, c’est vraiment gratifiant de faire ses premières récoltes! Par exemple, nous avons une soixantaine de variétés de pommes de terre, bientôt une centaine. Nous sommes en pleine saison. On devrait tous avoir le réflexe de faire cela. D’abord, sur le plan pédagogique, c’est très intéressant, c’est l’occasion d’une belle transmission et d’un partage entre les générations. Ensuite, cela nous amène à respecter davantage le travail des femmes et des hommes qui nous fournissent notre alimentation du quotidien. Notre terre, c’est un bien commun. Nous devons tous être capables de reprendre complètement la pleine maîtrise de nos environnements. » Les fruits et légumes : des produits de luxe ? Il y a plusieurs bonnes raisons pour cultiver ses propres fruits et légumes. D’abord, tout le monde devrait recevoir une éducation à l’autonomie alimentaire: «Nous venons de vivre deux années incroyables. On risque de se retrouver davantage confronté à ce genre de situation, parce que nous avons appauvri nos écosystèmes et trop délégué des problématiques essentielles. On a considérablement appauvri la faune et la flore dans nos environnements et c’est un vrai problème, mais un problème qui n’est pas irrémédiable. » Fabien Floquet ajoute : « On observe que la sécurité alimentaire et l’autonomie alimentaire sont des questions centrales et notre rayon de semences et de graines est sans doute l’un des plus fournis de la région. Nous avons plus de 2000 références et notre offre s’étoffe encore ! Nous travaillons sur les plantes traditionnelles, les graines potagères, du conventionnel et du bio, mais également des variétés anciennes, avec un choix très large. Nous proposons tout ce qui permet de recréer un écosystème riche et développé. Nous allons amplifier cette démarche car nous considérons que cela relève d’un bien commun. Nous devons être en mesure de fournir ce qu’il faut aux gens pour leur permettre d’entretenir leur environnement, mais aussi pour qu’ils soient capables de se nourrir par eux-mêmes. Protéger ou enrichir notre environnement relève de la responsabilité de chacun d’entre nous. Nous voulons vraiment développer ce segment. » Il y a aussi l’argument économique pour certains. Récemment, le journal de 20h de TF1 a même consacré un reportage à ce sujet, en expliquant que les fruits et légumes devenaient des produits de luxe. Fabien Floquet estime que « c’est un triste constat pour une nation comme la nôtre, car nous sommes une nation de cultivateurs, et c’est la raison pour laquelle nous avons envie de promouvoir toutes ces semences et d’encourager les gens à cultiver leur jardin. » Agir en faveur de la biodiversité Aurore signale que l’enseigne peut répondre à toutes les demandes : «Nous sommes en mesure de recommander les variétés qui peuvent être mises en place en fonction du cahier des charges de chacun. Nous avons le matériel nécessaire et l’équipe du jardin est aussi en mesure de conseiller chaque personne dans l’optimisation de son espace. Tout le monde a envie de participer à ce retour à la production. » L’autre argument est celui de la biodiversité : il suffit de pas grand chose, même d’un simple balcon ! Plutôt que d’avoir une parcelle de terrain où l’on va laisser pousser des mauvaises herbes, on peut choisir la culture que l’on va y faire, ce sera bénéfique pour le sol et ce sera bénéfique pour les cultures avoisinantes. On revient sur un écosystème plus complet et plus complexe. Une parcelle qui n’est pas exploitée doit quand même être entretenue par l’homme. Les deux dernières années ont démontré que nous étions trop dépendants de ce que les autres faisaient et cela doit changer. » Enfin, consacrer quelques heures à s’occuper de son potager, entretenir ses fleurs et ses plantes, travailler sur son aménagement extérieur, et surtout, à la fin, déguster ses propres fruits et légumes, c’est un plaisir immense et un sentiment de grande satisfaction. C’est sans doute le plus important ! Cultivez votre jardin ! Marché Paysan Socali, Route du Point du Jour à Saint-Nazaire (L’Immaculée) Tél. : 02 40 22 46 36.

la baule+ Février 2022 // 7 Début mars, 3 000 arbres seront plantés sur la plaine de jeux de Cramphore au Pouliguen. Objectif : créer une nouvelle micro-forêt urbaine. Pour Norbert Samama, maire du Pouliguen : « Ce projet est environnemental, mais aussi participatif et citoyen. Il a pour but de favoriser la convivialité. Chacun pourra s’investir et s’occuper des arbres. Nous avons déjà des candidats pour veiller au développement de cette forêt. Nous comptons sur tout le monde ! ». C’est ainsi que les habitants seront invités à venir participer à la plantation des arbres les 3, 4 et 5 mars 2022, puis à devenir « gardien de la forêt». Pour l’accompagner dans la réalisation de ce grand projet 2022, la municipalité s’est rapprochée de l’association MiniBigForest dont la vocation est de créer des mini-écosystèmes végétaux en milieu urbain, grâce à la méthode Miyawaki. S’inspirer des mécanismes des forêts naturelles Développée par le botaniste japonais Akira Miyawaki, cette méthode consiste à planter de manière aléatoire (et non pas en ligne) des essences uniquement locales et de façon très dense (3 arbres par m2). Chaque mètre carré se voit alors allouer un arbrisseau, un arbre de taille moyenne et un arbre de grande taille. Le principe: s’inspirer des mécanismes des forêts naturelles basés sur la complémentarité des arbres, leur collaboration, mais aussi la compétition en vue de capter la lumière. Autonomes en 2 à 3 ans, ces forêts contribuent à réintroduire la biodiversité en milieu urbain, à favoriser le bien-être des habitants, à réduire les pollutions atmosphériques et le bruit, à améliorer la qualité de l’eau, à régénérer les sols, mais aussi à agir à notre échelle sur le changement climatique, de façon très concrète en créant des îlots de fraîcheur en ville. Forêt de Balleronde D’un point de vue pratique, les services techniques municipaux ont d’ores et déjà commencé à préparer le terrain en débitumant les parties désaffectées. Les terrains sportifs seront quant à eux rénovés et les espaces nouvellement boisés traversés par un sentier. Une vingtaine d’habitants pourront être formés afin de devenir « gardiens de la forêt ». Ils auront alors pour mission de prendre soin des arbres Les travaux d’aménagement du cœur de ville de Pornichet se poursuivent, avec la préparation du chantier sur le Boulevard de la République à Pornichet. Il a fallu retirer six platanes sur le boulevard de la République, cette opération fait suite au bilan phytosanitaire réalisé en 2019 par le cabinet Aubépine, qui avait pointé l’affaiblissement avancé de ces arbres fortement contraints dans leur développement racinaire. Elle s’avère également nécessaire pour assurer la préservation des 12 autres sujets, plantés dans les années 1950, qui auront davantage d’espace pour se déployer. L’objectif est ainsi de créer une véritable bande végétale de 6 mètres de large, en y plantant de nouveaux massifs. Par ailleurs, au niveau du parvis de la Médiathèque, un pin a également dû être supprimé en raison de son dépérissement. Ce dernier sera remplacé. Pour rappel, le projet prévoit la plantation de 50 nouveaux arbres sur l’ensemble du secteur, ainsi que la désimperméabilisation de plus de 2000 m². Cœur de Ville de Pornichet: création d’une nouvelle bande végétale durant 3 ans. Leur action se structurera autour de deux grands axes : tout d’abord le désherbage manuel et l’arrosage des arbres, mais aussi la prise de photos et les relevés de croissance. L’association MiniBigForest, qui a pour habitude de donner un nom aux forêts qu’elle accompagne, a eu l’idée de nommer le site pouliguennais « Forêt de Balleronde », la plaine de jeux de Cramphore étant un espace dédié au sport et aux loisirs depuis des décennies. Le projet a été présenté en septembre dernier aux riverains. Une réunion publique d’information sera proposée le jeudi 10 février, à 20h, au gymnase du collège Jules Verne. 3 000 arbres plantés au Pouliguen

la baule+ 8 // Février 2022 Espionnage ► Les nouvelles méthodes des services secrets Éric Denécé : « On voit une évolution qui se dessine avec de plus en plus d’attaques génétiques et cybernétiques. » Éric Denécé et Alain-Pierre Laclotte publient « La nouvelle guerre secrète, Unités militaires clandestines et opérations spéciales ». Pour acquérir les informations nécessaires au démantèlement des réseaux terroristes, le besoin de nouvelles unités militaires spécialisées, agissant clandestinement, est apparu. Plusieurs pays ont ainsi créé de petites unités de recherche humaine, opérant en civil et en secret, chargées de conduire des opérations de renseignement antiterroriste au profit des forces spéciales, des forces régulières ou des autres services de renseignement. Alain-Pierre Laclotte est ancien cadre des troupes aéroportées (1er RCP, 11e RPC). Il a passé vingt ans au service du ministère de la Défense, avant de créer et de diriger l’une des principales sociétés françaises de sécurité privée. Éric Denécé ancien analyste du renseignement, est directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) et auteur de nombreux livres sur le renseignement et les opérations spéciales. « La nouvelle guerre secrète, Unités militaires clandestines et opérations spéciales » d’Éric Denécé et Alain-Pierre Laclotte est publié chez Mareuil Éditions. La Baule + : Vous racontez comment tous les grands États ont créé des unités spéciales pour mener des guerres secrètes. En résumé, dans le schéma traditionnel que l’on connaît, il y a l’armée, avec des soldats qui portent un uniforme et qui respectent les règles de la guerre et il y a ensuite les espions qui collectent des informations. Maintenant, beaucoup de pays ont des unités militaires clandestines, qui se dissimulent et qui ne respectent plus les codes de la guerre… Éric Denécé : C’est une évolution qui s’est accélérée depuis le début des années 2000, notamment dans le cadre de la lutte antiterroriste, mais en même temps les racines sont un peu plus anciennes, puisque l’on peut considérer que ces unités sont surtout nées en Grande-Bretagne, pendant la période de décolonisation, avec quelques expérimentations en Afrique, mais surtout en Irlande du Nord pour lutter contre les indépendantistes. Les Britanniques, ne disposant pas de gendarmerie, ont été obligés de faire en sorte que leurs forces armées se livrent à des missions de renseignement dans ce qu’ils considéraient être des zones de combat et, pour pénétrer les groupes opérationnels, ils ont formé deux types d’unités : une chargée de la surveillance, et une autre avec des agents chargés d’infiltrer les milieux révolutionnaires irlandais. Ce n’était pas la police qui faisait cela, ni même les services secrets, puisque nous étions sur le territoire britannique. Les Israéliens font également cela depuis plusieurs décennies dans les territoires occupés et les Américains font cela depuis le début des années 2000 un peu partout dans le monde. Ces agents sont présents dans une centaine de pays, en civil, avec de vraies légendes, de faux documents Pourtant, pendant la Seconde Guerre mondiale, des Anglais ou des Américains étaient parachutés et ils se livraient à ce même type d’actions… À l’inverse, vous avez aussi des espions traditionnels qui sont parfois obligés de se battre sur le terrain… Il y a une différence fondamentale que le grand public ne perçoit pas. Pendant la Seconde Guerre mondiale, nous étions en guerre au sens propre mais, globalement, les règles de la guerre étaient respectées par les alliés, à savoir les conventions de Genève, même si les nazis ne respectaient pas ces règles. Nous vivons dans un monde où il n’y a pas de guerres entre les États et l’on observe surtout une évolution des métiers. Un officier de renseignement travaille en civil, il essaye de pénétrer des administrations et des centres de décisions, mais il expose très rarement sa vie et il n’a pas besoin d’être formé au combat. D’un autre côté, les militaires ne faisaient que du renseignement de terrain avant de lancer des opérations de combat. Aujourd’hui, pour lutter contre le terrorisme, on ne peut plus envoyer un officier des renseignements au fin fond de Karachi ou de Kaboul, car il peut tomber dans un traquenard et, s’il n’est pas formé aux techniques de combat, on risque de perdre tous les officiers des renseignements. C’est pour cette raison que les armées des principaux pays ont décidé de former des opérateurs issus des forces spéciales pour faire du renseignement et, petit à petit, ils sont partis un peu partout dans le monde. On estime que ces agents sont présents dans une centaine de pays, en civil, avec de vraies légendes, de faux documents, comme des espions, mais cela reste des militaires. Si l’on respecte les conventions de Genève, un militaire ne devrait jamais opérer en civil... Cette évolution a donc fait exploser les conventions de Genève… Pour l’instant, on ne le voit pas trop. Toutefois, cela veut dire que les militaires américains, israéliens ou britanniques, s’ils sont pris par l’ennemi, c’est-à-dire des groupes terroristes, seraient liquidés manu militari. Mais quand on travaille contre des groupes criminels ou terroristes, on est confronté à des gens qui ne connaissent pas les conventions de Genève. Le métier d’officier traitant qui opère depuis une ambassade dans une grande ville n’est plus adapté à la lutte contre le terrorisme

la baule+ Février 2022 // 9 Si des agents américains d’une unité secrète travaillent avec une fausse identité, par exemple dans des banlieues en France pour repérer des terroristes, ils opèrent donc en toute illégalité vis-à-vis des autorités françaises… Ces unités militaires clandestines sont d’abord faites pour opérer dans des États avec lesquels les Américains n’ont pas de relations de confiance et dans les zones de combat. Il y a de vrais échanges avec les services français, mais cela n’empêche pas qu’ils travaillent par-dessus nous et dans notre dos parfois. On les a vus opérer dans des banlieues pour essayer de recruter des sources, mais dans ce cas ce sont des gens du département d’État ou de la CIA. Ils n’ont pas besoin d’envoyer des unités militaires clandestines en France, parce qu’il n’y a pas de danger physique pour leurs opérateurs. Cependant, dans les trois quarts des pays de la planète, ils envoient ces unités militaires clandestines qui savent se battre et qui doivent se débrouiller pour quitter le pays en cas de pépin. Le métier d’officier traitant qui opère depuis une ambassade dans une grande ville n’est plus adapté à la lutte contre le terrorisme, surtout quand il s’agit d’infiltrer des groupes et d’être au cœur de l’action. Le milieu du renseignement a toujours eu quatre ou cinq ans d’avance Vous recensez les moyens technologiques qui sont utilisés, avec des inventions qui dépassent l’imagination : par exemple, la transformation du visage d’un agent, ou la cyberattaque d’un poste-frontière au moment où les agents vont passer avec de faux documents… C’est vrai, le milieu du renseignement en termes d’innovation a toujours eu quatre ou cinq ans d’avance sur ce que l’on peut voir dans l’industrie classique ou au cinéma, parce que les recherches sont permanentes. L’autre aspect, c’est qu’il est de plus en plus difficile de faire du clandestin à notre époque : il y a des caméras, la reconnaissance faciale, des passeports biométriques et, quand on se déplace à l’étranger, si l’on n’a pas un téléphone et un ordinateur, on apparaît tout de suite comme suspect. Cela veut dire que pour créer une légende, il faut travailler dix fois plus qu’on pouvait le faire pendant la guerre froide, parce qu’il faut que l’historique dans le téléphone, dans la tablette ou dans l’ordinateur corresponde à la vie de l’individu. On sait très bien que les gens d’en face vont faire des vérifications sur des sites Internet. Donc, il y a un énorme travail à faire. Les Américains, les Britanniques et les Israéliens sont très avancés dans ce domaine et ils trouvent des moyens pour contourner les contrôles aux frontières qui sont généralement très difficiles à passer pour des individus qui n’ont pas suffisamment de moyens. (Suite page 10) Votre spécialiste . STORES - PERGOLAS . LAMBREQUINS LUMINEUX . MOTORISATION DE VOLETS ROULANTS . RÉENTOILAGE TOUS STORES EXTÉRIEURS ZA Océanis - rue de la Côte de Jade - SAINT NAZAIRE Tél. : 02 40 00 19 85 - courriel : storecaillon@gmail.com « Pour créer une légende, il faut travailler dix fois plus qu’on pouvait le faire pendant la guerre froide, parce qu’il faut que l’historique dans le téléphone, dans la tablette ou dans l’ordinateur corresponde à la vie de l’individu. »

la baule+ 10 // Février 2022 On m’a confirmé que l’arme biologique ciblant un ADN particulier existait vraiment, comme dans le dernier James Bond : cela signifie qu’à partir de l’ADN d’une personne, on pourrait créer un virus spécifique contre elle, ou contre un groupe de population. Donc, il est maintenant très facile d’assassiner quelqu’un en faisant en sorte que cela apparaisse comme une maladie… Les innovations médicales font l’objet d’une attention particulière dans les grands services du monde car, quand on sait qu’une telle arme est en développement, il faut se l’approprier le plus vite possible, pas pour l’utiliser, mais aussi pour développer une défense. La réalité dépasse la fiction parce que, très souvent, quand il y a une perception du monde du renseignement par les médias ou les cinéastes, il y a une déformation. On dit souvent que dans 90 % des cas, c’est beaucoup plus lent, beaucoup moins sexy, que dans les films de James Bond... Mais, dans 10 % des cas, la réalité dépasse de très loin la fiction. Même un film comme le dernier James Bond ne rend pas compte de ce qui se passe vraiment derrière le rideau, parce que les recherches opérationnelles sont très avancées. De grandes entreprises, comme les GAFAM, ont maintenant plus d’argent que certains États. Peuvent-elles avoir la tentation de créer des armées privées ? Si un acteur économique voulait peser sur le cours des événements mondiaux, il ferait effectivement appel à une armée privée. Cela pourrait être le cas des oligarques russes, par exemple. Ce sont des groupes sans existence légale que ces gens pourraient piloter. On l’a vu ces derniers mois en France avec ce qui pourrait être une tentative d’un groupe d’extrême droite de renverser les autorités par la violence. Les GAFAM ne sont pas le risque principal, évidemment ils ont beaucoup d’argent, mais ils arrivent à contrôler les esprits et le monde virtuel, et ces gens ne s’embarrassent pas de l’idée de vouloir contrôler le monde physique. Ils arrivent à des résultats beaucoup plus efficaces et plus dévastateurs par la maîtrise des réseaux sociaux et de l’Internet. Effectivement, on a vu dans certaines séries d’espionnage des scénarios de ce type, avec des hommes d’affaires qui cherchent à provoquer des crises internationales, soit pour annexer des zones qu’ils considèrent comme relevant de leur pays, soit pour créer le chaos et en tirer un avantage via la spéculation financière. Ce n’est pas si fictif que cela, ce sont des situations qui attirent l’attention des autorités et des services. La naïveté des dirigeants politiques en France est énorme sur les questions internationales Vous dénoncez souvent l’angélisme de nos dirigeants politiques depuis plusieurs années : nos services arrivent-ils à les raisonner ? Non, malheureusement, ce n’est pas aux services de les raisonner, les services ne sont là que pour leur apporter des informations et pour répondre à leurs questions. Maintenant, la naïveté des dirigeants politiques en France est énorme sur les questions internationales. Ce ne sont pas des gens naïfs dans le jeu politique national, quand c’est pour gagner les élections, mais force est de constater que dès que l’on passe sur la scène internationale, il y en France une double lacune : nos dirigeants n’ont pas une culture internationale suffisamment forte - je ne parle même pas de la situation actuelle, où nous avons un président qui est arrivé au pouvoir en étant totalement inexpérimenté - et il y a toujours une défiance à l’égard du renseignement, car les politiques considèrent que c’est un métier de barbouzes. Ils ne prennent pas suffisamment en compte les informations et les agents ne disposent pas de tous les moyens nécessaires leur permettant de faire correctement leur travail. J’ai souvent pu vérifier que la France était pratiquement le seul pays au monde à faire ce qu’il dit, alors que les autres ne font pas ce qu’ils disent. Par exemple, lorsqu’un ministre explique que tel régime est infréquentable, effectivement il n’y a aucun contact avec lui. À l’inverse, quand les Américains ou les Anglais disent qu’un pays est infréquentable, on constate toujours qu’il y a des contacts souterrains pour préparer l’avenir… A l’arrivée, on se fait avoir lorsqu’il revient sur la scène internationale… Nous faisons comme les autres, de manière un peu moins prononcée, mais il est vrai que certains ont moins de scrupules que nous. Nous avons des relations étroites avec l’Arabie saoudite et le Qatar qui sont des États qui continuent de soutenir le terrorisme… La Syrie, c’est autre chose. On a cherché à déstabiliser ce régime qui a réussi à tenir et, que l’on aime ou non ce régime syrien, la question qui doit se poser c’est de comprendre l’intérêt de la population locale et notre intérêt. Dans les deux cas, il vaut mieux la stabilité, même si c’est un régime autoritaire, que le chaos. Très honnêtement, entre Bachar al-Assad et des barbus qui tuent à tour de bras, il n’y a pas photo ! Les islamistes radicaux font dix fois pire. Mais ce ne sont que de mauvais choix, il faut le dire évidemment. Les prochaines attaques seront-elles davantage chimiques et bactériologiques ? On voit une évolution qui se dessine avec de plus en plus d’attaques génétiques et cybernétiques. Il y a aussi beaucoup d’attaques financières, avec des spéculations sur les cours de Bourse et des attaques contre les entreprises. Ce sont des guerres combinées où l’on utilise à la fois des arguments économiques, médiatiques, sanitaires... Il y a aussi les O.N.G. qui tentent d’influencer la population d’un pays dans le mauvais sens… Compte tenu des moyens financiers dont disposent les GAFAM et les structures de George Soros, et compte tenu de l’importance des médias sociaux et de la télévision pour la majorité des populations occidentales, il y a un vrai risque de contamination. Pour répondre à cela, ce n’est pas le renseignement, c’est l’éducation : car, plus on a accès à l’information, plus il est nécessaire d’avoir un filtre intellectuel. Quand on voit la régression de la culture en France, notamment au niveau de la lecture, c’est la porte ouverte à toutes les fausses informations qui peuvent circuler. Propos recueillis par Yannick Urrien. Eric Denécé : « Ce sont des guerres combinées où l’on utilise à la fois des arguments économiques, médiatiques, sanitaires...» Gaspar Zajdela est venu à La Baule lors du premier confinement pour travailler sur l’écriture d’un ouvrage de poèmes. Il a été conquis par la presqu’île et il a décidé de s’installer en permanence à La Baule, dans le quartier Lajarrige : « Au départ, l’idée n’était pas de fuir la région parisienne, mais j’ai souhaité prendre des petites vacances pour écrire mon recueil et je me suis tellement plu sur la presqu’île guérandaise, que j’ai décidé d’écrire intégralement mon livre ici et de m’y installer. Les deux tiers ont été écrits à La Baule, qui est une formidable source d’inspiration. » Dans une présentation très épurée, Gaspar présente des poèmes courts ou longs, avec des styles d’écriture très différents, et il nous amène à réfléchir sur ces textes. Par exemple, « Où nous nous rencontrions. Parfois. Où nous nous oublions. Souvent.» Autre poème court: « Et les eaux troubles du temps dégringolaient souplement vers l’avenir. » L’auteur explique sa démarche: « Je suis très sensible au minimalisme, en tout cas en termes de visuel, et j’ai fait un choix assez simple pour la couverture. Il y a une part de philosophie qui m’anime dans mon écriture poétique, mais je tiens quand même à l’appellation poème, car j’aime faire vivre des mots que l’on utilise plus et puis, surtout, créer des images pour le lecteur. » « À la recherche du temps rêveur» de Gaspar Zajdela est disponible via le site Thebookedition.com. Un Baulois publie son premier recueil de poésies

la baule+ 12 // Février 2022 En créant Blablabla Caisse, une chaîne de la grande distribution vient très opportunément de propulser le verbe sur le devant de l’actualité. Se souvenant probablement que le bipède humain est notamment un être doué de parole, et constatant qu’on ne se parle plus guère de nos jours, ses dirigeants ont eu l’idée, toute simple, donc géniale, de réintégrer la parlote au nombre des prestations proposées. Certaines caisses, en effet, sont réservées aux chalands en manque d’échanges avec leurs semblables. Que ce besoin existe, qu’il ait été observé en maintes occasions n’est pas nouveau. La surprise n’est pas là. Elle réside dans le fait qu’il ait été pris en compte, ce besoin, là où on n’aurait pas attendu qu’il le soit, la sollicitude, la culture du temps perdu, n’étant pas forcément référencées comme produits d’appel au catalogue des règles intangibles du marketing conquérant et concurrentiel. Passer du caddie et du ticket de caisse à la chaîne semblait devoir être à jamais, non seulement, la priorité des priorités, mais mieux encore, la raison même du processus. Revirement à vue, donc. Remise en cause des fondamentaux, diraient les experts de la chose. Le droit à la parole reconnu en bout de gondole si ce n’est en tête. Une révolution. Un retour aux bases mêmes du petit commerce d’autrefois où, si le kilo de patates avait un prix, les quelques mots échangés à la pesée n’en avaient pas, eux. Car il s’agit toujours de quelques mots, rarement d’une digression circonstanciée sur la métaphysique Humeur ► Le billet de Dominique Labarrière Des gens qui parlent aux gens d’Aristote ou la physique quantique. Non, le plus souvent, des petits riens, sans grand sens en apparence, mais qui, lorsqu’ils viennent à manquer, manquent justement. Le besoin vital de dire. Dire pour dire. Le client qui parle, qui est écouté se sent alors un peu plus qu’un client. La caissière qui l’entend, lui répond, se sent, quant à elle, bien plus que l’automate humain sommé d’enchaîner les clients comme on débite du cervelas en rondelles. L’un et l’autre se trouvent resocialisés, réhumanisés l’espace d’un moment. Ce n’est pas rien. C’est même beaucoup. Le manque est tel, que certaines personnes, crevant de solitude, passent plusieurs fois dans la même journée à cette même caisse. C’est dire ! Cependant, si l’appellation Blablabla Caisse est toute nouvelle, le concept en lui-même ne date pas d’hier. Depuis ce bon vieux Sigmund, toute une corporation le met en pratique avec ardeur et constance. Tu t’étends, tu t’exposes sur le divan, tu causes, tu fouilles dans le tréfonds de ton inconscient, tu te libères des atroces traumatismes que constituent à la fois le fait de n’être que ce que tu es et celui de t’être aventuré à venir au monde. À la fin de l’heure, tu casques, tu passes à la caisse. Le traumatisme du coût à payer sur-lechamp comme élément indissociable du process thérapeutique ! Génial ! Nous aurions donc ici le Blablabla Caisse version luxe, d’une certaine manière. Il y a aussi la version politique de la chose. Nous sommes en plein dedans d’ailleurs. Du blabla en veux-tu en voilà. Pour le passage en caisse, on verra un peu plus tard, le temps du désenchantement venu, lors du retour au réel. Pour cette phase ultime de ce processus-là, l’heureux élu, le contributeur financier, est connu d’avance, ce sera le contribuable, l’éternel contribuable. En l’occurrence, celui-ci est prié de la fermer. C’est moins bien qu’au supermarché, voyezvous. Je cherche à prendre la chose en riant, suivant en cela l’exemple de notre maître à tous, Beaumarchais qui fait dire à son Figaro, « Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. » Nous n’en sommes pas là. N’exagérons rien. À voir, toutefois… Ainsi, à la Blablabla Caisse du supermarché des gens disent des choses aux gens. Voilà qui nous renvoie à un autre fin esprit, Aristide Briant qui, de la politique, donnait cette définition marquée au coin de bon sens : « La politique, ça consiste à dire des choses aux gens. » Cela n’a l’air de rien. On pourrait même se gausser. Mais à y regarder de plus près, le propos recèle une profonde vérité que devraient méditer bien des candidats en campagne. Si à chaque fois qu’ils ouvrent la bouche ils se demandaient si ce qui va en sortir doit ou non « dire des choses aux gens », peut-être donneraient-ils moins dans la rhétorique préfabriquée, dans l’élément de langage prêt à l’emploi, dans les convictions éculées, surjouées. Nous dire des choses à nous les gens. Tout simplement. Certes, ils s’expriment, causent à profusion, se répandent à l’envi. Mais, au fond, est-ce que ça nous parle tant que cela ? Le conseil municipal de Pornichet a confié la gestion et l’exploitation du futur cinéma à l’association la Toile de mer, créée en 2019 pour accompagner le projet de ce nouvel équipement culturel. L’association prévoit la projection de 220 films par an, dont au moins 50 % labélisés « Art et Essai », soit en moyenne 25 séances par semaine, ainsi que des séances spécifiques pour les différents publics: scolaires, jeune public, séniors… Pour faire fonctionner, 7 jours sur 7, la future monosalle de 170 places, l’association fera appel à des bénévoles qui se chargeront de la billetterie, des projections et du bar, mais aussi sur un directeur, « qui sera recruté au second semestre », indique Christian Cheval, président de la Toile de mer. L’association pourra également s’appuyer sur l’expertise du cinéma Le Pax du Pouliguen, auquel elle s’associera. Un système d’abonnement commun aux deux salles sera mis en place. L’ouverture devrait avoir lieu à la fin de l’année. La porte Saint-Michel – Musée de Guérande invite la dessinatrice Emma Burr pour une exposition temporaire, sur un mode participatif, qui se déroulera à l’automne 2022. À l’occasion de différentes rencontres organisées jusqu’en mars, l’artiste recueillera auprès des Guérandais leurs lieux préférés de Guérande et elle les dessinera ensuite, avant de les exposer à la Porte Saint-Michel. L’idée est évidemment de mettre en valeur ces lieux qui construisent la géographie intime de Guérande. Emma Burr et l’équipe du Musée de Guérande iront à la rencontre des habitants, à la médiathèque, sur le marché ou dans les villages, les samedis ou mercredis, afin qu’ils leur confient les lieux qu’ils leur sont chers. Les habitants pourront également participer à la création de dessins lors de balades dessinées qui seront organisées en mai et juin dans la ville et les villages. Rencontre à la Médiathèque : samedi 12 février et mercredi 2 mars de 14h à 16h30. Rencontre sur les marchés : samedi 12 février, samedi 26 février et samedi 26 mars de 8h30 à 12h. Rencontre au musée : vendredi 25 mars de 19h à 21h. Renseignements au Musée de Guérande, Porte Saint-Michel – Musée de Guérande, rue Saint-Michel à Guérande. Tél. 02 28 55 05 05. Rencontre avec la dessinatrice Emma Burr à Guérande Cinéma de Pornichet : la Toile de mer sera le concessionnaire

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